Rugby : Bernard Laporte accepte de se mettre en retrait de la fédération, pas de partir
Mêlée judiciaire
Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, arrive avec ses conseils au tribunal correctionnel de Paris, le 13 décembre 2022.
Condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption, Bernard Laporte a accepté lundi de se mettre "en retrait" de ses fonctions de président de la Fédération française de rugby en attendant son procès en appel. Malgré de nouveaux appels à la démission et un isolement croissant, il refuse cependant toujours de laisser son fauteuil.
Bernard Laporte exclut de démissionner mais est prêt à se mettre en retrait de la présidence de la Fédération française de rugby (FFR). "On va dire que c'est une première prise de conscience. Maintenant, la mise en retrait, il faut qu'on comprenne exactement ce que ça veut dire, ce n'est pas une notion qui est prévue par les textes et par les statuts, donc il faut qu'on comprenne de quelles garanties elle s'accompagne", a réagi, mardi 20 décembre, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.
La représentante du gouvernement aura l’occasion de poser directement ses questions à celui qui a été condamné, la semaine dernière, à deux ans de prison avec sursis. Une rencontre est prévue jeudi et l'ancienne directrice générale de la Fédération française de tennis devrait aborder dans le détail le projet de Bernard Laporte de nommer provisoirement un président-délégué pour le remplacer.
Bernard Laporte s’appuie sur l'article 13 du règlement intérieur de la FFR, qui prévoit qu'un vice-président peut intervenir "en lieu et place du président chaque fois que celui-ci est empêché ou l’y autorise". Une formulation vague qui ne précise pas la nature de l’empêchement.
Le Bureau fédéral de la FFR, qui s’est réuni lundi, va aussi dans cette direction. Il a expliqué dans un communiqué qu’il se rangeait à l’avis du Comité fédéral d’éthique et de déontologie du rugby français, qui, dans une lettre d’injonction, demande la mise en retrait du président de la FFR "jusqu’à décision pénale définitive". Un communiqué qui prend soin de préciser que "dans ses effets, Bernard Laporte demeure président de la Fédération française de rugby".
Chaque mot pèse dans ce dossier bien encombrant pour la ministre des Sports à moins de dix mois du lancement de la Coupe du monde de rugby organisée en France. Ne pouvant pas mettre le président de la FFR à la porte, elle appelle, depuis sa condamnation en première instance le 13 décembre, à "un nouveau temps démocratique" qui permettrait au rugby français "de repartir sur des bases suffisamment saines et solides".
Bernard Laporte clame son innocence
Cette nouvelle phase ne peut débuter sans élections préalables et la désignation d’un nouveau bureau, un processus lent qui ne colle pas avec la volonté de renouvellement rapide manifesté par la ministre Amélie Oudéa-Castéra. Et il n’est pas non plus question pour elle d'attendre la décision en appel et d'accepter que Bernard Laporte reste jusque-là un "président en retrait'.
Appelé à démissionner par l'opposition fédérale et certaines personnalités du monde du rugby, Bernard Laporte ne manifeste pas, pour l’instant, le moindre désir de quitter son fauteuil présidentiel. Reconnu coupable de cinq des six infractions pour lesquelles il était poursuivi, dont celles de corruption passive et de trafic d'influence, il conteste les faits et la décision de justice.
"Ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent, moi je suis certain d'être innocent", a déclaré dans les colonnes du Journal du dimanche le dirigeant de 58 ans, qui a confié sa surprise à l’annonce du verdict. "Sachant que je n’ai rien fait, que je n’ai participé à aucun pacte de corruption, je fais appel."
Après avoir maintes fois dénoncé "l'acharnement" judiciaire à son égard, Bernard Laporte pointe désormais le manque de logique de la décision rendue. "J’ai refusé cinq ans de contrat à 1,12 million d’euros par an à Montpellier, présidé par Mohed Altrad, pour être président bénévole de la FFR. On vient ensuite m’accuser d’être corrompu, pour avoir touché 150 000 euros de la même personne. C'est une incohérence", a-t-il souligné au JDD.
En poste depuis fin 2016, Bernard Laporte semble persuadé de pouvoir terminer le mandat présidentiel de quatre ans pour lequel il a été réélu en 2020. Et il ne fait pas de doute que cet ancien joueur et entraîneur de haut niveau, qui a également été secrétaire d'État chargé des Sports pendant 18 mois, se battra jusqu'au bout pour défendre ses intérêts.
Avec AFP