Retour sur Terre pour l'équipe russe ayant tourné le premier film en orbite
Le réalisateur Klim Shipenko à sa sortie de la capsule Soyouz MS-18, le 17 octobre 2021, au Kazakhstan.
La première équipe ayant tourné un film de fiction dans l'espace est revenue sur Terre dimanche matin. L'actrice et le réalisateur russes, accompagnés d'un cosmonaute, ont séjourné douze jours sur la Station spatiale internationale.
Une actrice et un réalisateur russes, qui ont séjourné pendant douze jours à bord de la Station spatiale internationale (ISS) pour y tourner le premier film dans l'espace, sont revenus sur Terre, dimanche 17 octobre dans la matinée.
La capsule Soyouz MS-18 transportant Ioulia Peressild, Klim Chipenko et le cosmonaute Oleg Novitski est descendue sous un ciel bleu dégagé avant d'atterrir dans les steppes du Kazakhstan à 4 h 36 GMT, l'heure prévue, selon les images retransmises par l'agence spatiale russe, Roscosmos.
Le réalisateur Klim Chipenko, 38 ans, est apparu sortant de la capsule, visiblement éprouvé mais souriant, faisant un geste de la main aux caméras et personnes présentes, avant d'être porté jusqu'aux médecins devant l'examiner.
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Ioulia Peressild, 37 ans, l'actrice jouant le rôle principal du film, sélectionnée parmi quelque 3 000 candidates, a ensuite été extraite de la capsule sous les applaudissements, dans le même état, avant de recevoir un bouquet de fleurs et d'être examinée.
Le cosmonaute Oleg Novitski, sorti le premier du vaisseau, a lui été salué par le patron de Roscosmos, Dmitri Rogozine, à qui il a lancé : "Tout va bien !".
Peu avant le retour sur Terre, Dmitri Rogozine avait publié des photographies de son équipe de sauvetage en route sur les lieux de l'atterrissage à bord de dix hélicoptères.
"C'est un travail colossal. Nous sommes heureux que l'équipage se sente bien, c'est satisfaisant. Le vaisseau n'est pas tombé sur le côté, ce qui est également un plus, en termes d'extraction", a-t-il dit.
Rivalité russo-américaine
L'actrice Ioulia Peressild a elle dit se sentir "triste" d'avoir quitté l'ISS. "Je ne voulais pas partir. Mais il est clair qu'il s'agit d'un essai unique", a-t-elle dit à la télévision russe.
Devançant un projet américain concurrent avec Tom Cruise, Ioulia Peressild et Klim Chipenko avaient décollé le 5 octobre du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan, aux côtés du cosmonaute chevronné Anton Chkaplerov.
Leur film, intitulé provisoirement "Le Défi", mettra en scène une chirurgienne se rendant à bord de l'ISS avec pour mission de sauver la vie d'un cosmonaute. Deux cosmonautes russes actuellement stationnés sur l'ISS et Anton Chkaplerov y apparaîtront comme figurants.
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Dans un contexte de rivalité russo-américaine, cette aventure cinématographique prend aussi des allures de nouvelle course aux exploits dans l'espace, 60 ans après la mise en orbite du premier homme par l'URSS, Iouri Gagarine.
Roscosmos avait révélé son ambition l'an dernier, après l'annonce d'un projet de tournage à bord de l'ISS avec Tom Cruise, la star de la saga "Mission Impossible", en partenariat avec la Nasa et la société SpaceX d'Elon Musk.
Klim Chipenko avait commencé à filmer avant même l'arrivée à bord de l'ISS, lors de l'arrimage pendant lequel l'actrice a assisté le cosmonaute Anton Chkaplerov. Et leur retour sur Terre a été documenté par une équipe de tournage et figurera dans le film.
Ruée non-scientifique vers l’espace
L'un des producteurs du film, Konstantin Ernst, patron de la chaîne télévisée Pervyi Kanal, s'est dit dimanche "follement heureux que tout se soit déroulé avec tant de succès". "Nous avons vu de nombreux films où l'apesanteur et le fait d'être en orbite étaient simulés, mais la réalité est complètement différente", a-t-il souligné.
Cette initiative intervient en pleine ruée non-scientifique vers l'espace, avec la multiplication ces derniers mois des vols de loisir, comme ceux des milliardaires britannique Richard Branson et américain Jeff Bezos.
Le secteur spatial russe, qui faisait la fierté de Moscou à l'époque soviétique avec notamment la mise en orbite du premier satellite, du premier animal, du premier homme puis de la première femme, est aujourd'hui miné par les problèmes.
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Pour Roscosmos, le film doit redorer un blason terni par les scandales de corruption, les pannes en série et la perte du lucratif monopole des vols habités vers l'ISS.
Si les images ont toujours accompagné les missions dans l'espace, des premiers pas sur la Lune en 1969 aux publications sur les réseaux sociaux du spationaute français Thomas Pesquet, jamais un long-métrage de fiction n'a été tourné en orbite.
Outre le film, Roscosmos doit prochainement conduire un milliardaire japonais vers l'ISS, pour ne pas se laisser distancer dans le business du tourisme spatial.
Avec AFP