REPORTAGE. Incendies en Gironde : "Dès qu'il a une reprise de feu, on y va", en immersion avec des pompiers en pleine action à Landiras
Incendies en Gironde : "Dès qu'il a une reprise de feu, on y va", en immersion avec des pompiers en pleine action à Landiras
Des troncs calcinés et des racines fumantes jonchent le périmètre incendié du massif de Landiras. Le long de la piste, des dizaines de camions citernes prépositionnés. Postés devant eux, des pompiers, noirs de suie. "Je vais vous demander d'être très attentifs, on reste groupés et vous m'écoutez, lance un pompier. Il y a des véhicules qui se trimballent et qui roulent, donc ça peut être dangereux."
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En Gironde, sur le front de La Teste-de-Bush, près de la dune du Pilat, comme sur celui de Landiras, à une quarantaine de km au sud de Bordeaux, le feu n'est toujours pas fixé en ce lundi 18 juillet et n'a cessé de regagner du terrain la veille. Au total, les deux incendies en Gironde ont brûlés plus de 14 000 hectares de forêt depuis mardi 12 juillet. Dont environ 9 000 à Landiras, où les pompiers ont dû faire face à de nombreux départs de fin durant toute la journée.
Des dizaines de foyers se réveillent
"À David, tu peux traiter la reprise là-bas, moi j'ai déjà traité ici pas mal de souches sur le traitement de lisière", lance le sergent Godet dans le talkie-walkie. Ce pompier est venu en renfort de Charleville-Mézières au milieu de la nuit. "On est arrivé à 3 heures du matin, on a pris la route hier après-midi", glissant lutter contre les flammes sans relâche depuis maintenant sept heures : "Dès qu'on a une reprise, on y va."
Comme lui, emmitouflés dans leurs uniformes, les soldats du feu courent entre les parcelles de végétation brûlante. Des dizaines de foyers se réveillent. "Le feu y part dans les racines, souvent sous terre, explique le sergent Godet. C'est pour ça qu'on utilise le jet droit pour pouvoir arroser dans la terre et essayer de refroidir au maximum et éviter les reprises."
Les pompiers arrosent la terre et les racines pour éviter les reprises de feu, à Landiras le 17 juillet 2022. (ROMANE BRISARD / RADIO FRANCE)
"On est prêt à repartir aussitôt"
Sous la pression de l'eau, les flammes orange se transforment en nuage de fumée blanche. Le sergent est en sueur alors qu'il fait 38 °C. "On n'a pas le choix, on a ce qu'il faut, explique-t-il. La population est assez généreuse, on nous amène des bouteilles d'eau régulièrement et on récupère assez vite. On est prêt à repartir aussitôt, il n'y a pas problème." Du courage, de la détermination, il en faut pour rester dans ce paysage en feu douze heures durant.
Un énième feu repart, plus gros que tous les autres. Le ciel devient opaque, s'obscurcit, et des cendres tourbillonnent dans l'air irrespirable. Les pompiers se tapent sur l'épaule, s'encouragent. Il faut quitter la zone : un paysage apocalyptique défile alors. "Ça fait déjà cinq minutes que l'on roule à 80 km/h et on voit que tout le paysage sur notre droite a été brûlé", montre un pompier. À perte de vue, des milliers d'arbres calcinés, des milliers d'hectares sont partis en fumée. La lutte s'annonce tout aussi intense aujourd'hui. Des rafales de vent tournant à 60 km/h sont attendues à Landiras et une température de 44 °C.