Projet de loi bioéthique : l'Assemblée valide à nouveau la PMA pour toutes
Malgré l’opposition de la droite, la PMA pour toutes, mesure phare du projet de loi bioéthique, a été adoptée à l'Assemblée nationale. Elle retournera au Sénat le 24 juin, avant une adoption probable en juillet.
L'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes a surmonté un obstacle. L’Assemblée nationale a voté à nouveau cettemesure phare du projet de loi bioéthique examinée en nouvelle lecture, mardi 8 juin.
Vivement débattu depuis lundi soir, cet article 1er du vaste projet gouvernemental a été adopté par 81 voix contre 39, et 5 abstentions, plusieurs groupes politiques étant partagés.
La PMA, qui permet d’avoir un enfant au moyen de différentes techniques médicales (insémination artificielle, fécondation in vitro...), est actuellement réservée aux couples hétérosexuels. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, cette PMA élargie aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, soutenue par la majorité et la gauche, sera remboursée par la Sécurité sociale.
>> À voir : le marché noir du sperme
L’Assemblée doit poursuivre ces prochains jours l’examen du texte, qui ira le 24 juin une dernière fois devant le Sénat à majorité de droite, puis l’Assemblée aura le dernier mot le 29 juin, date fixée mardi. Ce sera la fin d’un parcours parlementaire entamé à l’automne 2019.
La PMA post-mortem rejetée
L’article 1er était celui sur lequel avaient été déposés le plus grand nombre d’amendements, soit 400 sur les près de 1 600 au total.
Une majorité des députés Les Républicains (LR) dénoncent la création d’"orphelins de père" et craignent un glissement" inéluctable" vers l’autorisation de la gestation pour autrui (GPA, par mère porteuse) en France. À l’appel de la Manif pour tous, des opposants au projet de loi se sont rassemblés comme lundi aux abords du Palais Bourbon avec des pancartes contre "l’éviction du père" et un " gouvernement qui s’obstine".
Malgré des divisions dans la majorité, les députés ont rejeté à nouveau la PMA post-mortem, avec les gamètes d’un conjoint décédé, ou l’ouverture de la PMA aux hommes transgenres.
Même rejet du don d’ovocytes dans un couple de femmes (technique dite de la ROPA), que certains à gauche et dans la majorité soutenaient pour permettre "de lier les deux femmes à l’enfant à naître". La droite et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) y voient une "illusion de double maternité" et une entorse "à des principes éthiques importants".
>> À voir : PMA des femmes célibataires : elles ont fait un bébé toutes seules
Dans la soirée, les députés ont poursuivi au pas de charge la discussion du projet de loi, approuvant l’autoconservation de gamètes pour des grossesses futures, face au recul de l’âge de la maternité et au risque consécutif d’infertilité.
L'accès aux origines pour les majeurs nés d’une PMA avec donneur adopté
La gauche de la gauche a critiqué le fait que certains établissements privés à but lucratif pourront offrir l’autoconservation des ovocytes s’il n’existe pas d’alternative publique dans les départements.
Puis l’Assemblée a voté largement l’article sur l’accès aux origines pour les majeurs nés d’une PMA avec donneur. Ils auront accès à des "données non identifiantes" (âge, caractéristiques physiques, etc.) du donneur et, s’ils le souhaitent, à son identité. À l’avenir, pour donner son sperme, un homme devra obligatoirement accepter que son identité puisse un jour être révélée à l’enfant né de ce don.
Le secrétaire d’État à l’Enfance Adrien Taquet a vanté "une avancée majeure" pour ces enfants et la corapporteure Coralie Dubost un changement de "culture d’État".
Certains dans la majorité auraient voulu aller plus loin, avec une information des parents avant même les 18 ans de leur enfant. Au contraire, d’autres souhaitaient des verrous, avec un consentement du donneur à fournir son identité lors de la demande de l’enfant, et non une fois pour toutes au moment du don.
Avec AFP