TEMOIGNAGE. "Après 7 ans de 'combat' pour avoir ma fille, je partage mon expérience de PMA dans une BD"
Pour connaître le bonheur d'être maman, Marie Dubois a emprunté le long parcours de la PMA. De cette succession d'épreuves, elle a tiré une BD drôle, pédagogique et déculpabilisante pour partager et se réapproprier toutes les embûches surmontées !
"Prenez des vacances", "Il faut vous déstresser ", "Arrête d'y penser et ça marchera"... Ces poncifs assénés aux couples qui ont du mal à avoir un enfant, Marie Dubois les a entendus des dizaines de fois. Car cette monteuse vidéo et son compagnon ont attendu sept longues années avant d'accueillir leur petite fille. Des années ponctuées d'examens traumatisants, de bilans sans fin et d'actes médicaux douloureux.
Au début de cette aventure, la jeune femme et son conjoint ne se sont pas inquiétés. Jusqu'au jour où, après un long bilan de fertilité, le diagnostic est tombé : Marie souffre du syndrome des ovaires polykystiques. "Lors d'une échographie, la radiologue m'a dit que j'avais des 'ovaires paresseux'. Je me suis dit alors que c'était un jugement de valeur assez violent", se rappelle la jeune femme de 38 ans. "Elle m'a expliqué que c'était un dérèglement hormonal. Je me suis retrouvée sur le trottoir un peu figée. Je sentais que c'était le début d'une grande galère, mais sans savoir où je mettais les pieds."
"J'avais honte et je me demandais aussi si mon couple n'allait pas exploser"
Le chemin sera très long et sinueux, car Marie et son compagnon se lancent dans la procréation médicalement assistée (PMA). Leur quotidien est, dès lors, rythmé par les stimulations hormonales, les prises de sang, les échographies endovaginales, le recueil de sperme... Le couple va faire cinq inséminations artificielles. En vain, alors que les grossesses des amies se multiplient. Usée nerveusement, Marie Dubois bascule de la tristesse au désespoir, en passant par l'irritabilité et même la honte.
"J'avais honte par rapport à mon conjoint, car je me disais que je l'embarquais dans une épreuve assez dure. Je me demandais aussi si mon couple n'allait pas exploser en plein vol", explique-t-elle. Mais la jeune femme n'a jamais renoncé et est allée jusqu'à la fécondation in vitro (FIV), nouvelle épreuve tant psychique que physique. "La ponction des ovocytes est extrêmement douloureuse quand elle est faite sous anesthésie locale. La seule chose qui soulage quand on entre en PMA, c'est qu'on se libère de la charge mentale des rapports sexuels programmés à but procréatif. C'est une chape de plomb qui disparaît", confie-t-elle.
"Avec cette bande dessinée, j'ai voulu déculpabiliser les femmes qui font ce parcours"
La première FIV fonctionne. Mais il faut du temps à la jeune femme pour réaliser qu'elle est bien enceinte et, surtout, qu'elle n'est plus infertile. "J'ai mis un gros mois à intégrer la nouvelle. Je n'ai vraiment réalisé que lors de la première échographie, quand un petit point qui clignote a signalé que le cœur du bébé battait".
"Je voyais depuis des années mes copines grimper dans le train de la maternité et j'attendais sur le quai en me demandant à quel moment j'allais pouvoir monter dedans. Lorsque la grossesse est confirmée, on espère retourner à la normalité, mais c'est compliqué. Il y a presque un syndrome post-traumatique. Il est impossible d'oublier", détaille Marie.
"Les hommes ont toute leur place : quand on fait un enfant, c'est parce qu'on s'aime"
Désireuse d'accompagner celles qu'on appelle des PMettes, cette heureuse maman d'une petite fille de 3 ans a écrit et dessiné une BD intitulée Un bébé si je peux (coéditée par Massot Editions et Revue XXI). "En écrivant cette bande dessinée, j'ai voulu déculpabiliser les femmes qui font ce parcours, mais j'ai aussi voulu faire de la pédagogie : la gynécologie est une science assez récente, avec des protocoles compliqués et un univers difficile à comprendre. Elle continue à faire peur aux femmes, car elles perdent le contrôle sur leur corps et leurs choix", explique Marie.
Elle conseille de "faire pénétrer les conjoints dans les cabinets de gynécologie. Accompagnées, les femmes se sentent moins seules face au gynécologue et le rapport de force s'équilibre. Cela permet de prendre les décisions ensemble et de mieux comprendre les informations. Avant, quand j'y allais seule, j'avais la sensation d'être à la plage avec beaucoup de vent : je n'entendais que la moitié des informations ! Les hommes ont toute leur place, car quand on fait un enfant, c'est parce qu'on s'aime", conclut Marie Dubois, sortie abîmée, mais grandie, de cette longue histoire.
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