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Insolite et Faits divers

Procès du 13-Novembre : "On s'est fait mal mais on peut espérer que ce soit la dernière fois", confie le président de Life for Paris, Arthur Dénouveaux

Procès du 13-Novembre : "On s'est fait mal mais on peut espérer que ce soit la dernière fois", confie le président de Life for Paris, Arthur Dénouveaux Après cinq semaines d'audience, une première série d'auditions de parties civiles s'est achevée jeudi 28 octobre au procès des attentats du 13-Novembre à Paris. Au total, 350 personnes ont été auditionnées depuis l'ouverture du procès devant la Cour d'assises spéciale. Parmi les dernières auditions, celles des présidents des deux associations de victimes. Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris, s'est confié sur franceinfo après avoir déposé devant le tribunal. "On s’est fait mal mais on peut espérer que ce soit la dernière fois", témoigne celui qui est aussi rescapé de l'attaque du Bataclan franceinfo : Pendant votre déposition, vous avez tenu à diffuser une vidéo du concert avant l'attaque,  puis un enregistrement sonore des revendications des terroristes pendant l'attaque. Quel était votre but ? Arthur Dénouveaux : Durant ces cinq premières semaines, des parties civiles sont venues décrire par le menu l'horreur de ce qui leur était arrivé et la difficulté de leur reconstruction. C'était très important mais je crois aussi qu'il y a dans le dossier des éléments qui dépassent ce qu'on est capable de dire par la parole. On sait qu'il y a des images, des vidéos et des sons qui donnent à voir de manière très crue ce qui s'est passé ce soir-là. Il me paraissait important qu'au moins on ouvre le débat de savoir si certaines devaient être diffusées. Depuis le début, le choix était de dire : soyons prudents, ne risquons pas de réveiller du stress post-traumatique après ces cinq semaines où, en réalité, on est allé beaucoup dans le détail, dans la parole. Je pensais que la question devait être posée. J'ai proposé qu'on regarde une vidéo du début du concert où il n'y a aucune violence pour que chacun se rende compte de ce que la vidéo peut apporter à ce qu'on n'arrivait pas complètement à s'imaginer. Cela a amené le président à dire : "Tout compte fait, on peut écouter." Ce sont quatre minutes et trente secondes glaçantes, un mélange de menaces régulières du type "Si tu bouges, je te tue" avec des revendications plus politiques et un message de vengeance. Vous êtes également revenu sur la question de victimes. Vous êtes vous-même une victime de ces attentats du 13-Novembre. Qu'est-ce qu'être victime de ces attaques, selon vous ? Etre victime de ces attaques a des conséquences à trois niveaux. Tout d'abord, cela signifie être séparé de la société, de ce qu'on était avant et avoir une certaine aura sacrée parce qu'il y a une sacralité des victimes. Ensuite, il y a quelque chose d'étrange car on n'a pas été visé pour ce qu'on était mais pour ce qu'on représentait. On est victime à la place de quelqu'un d'autre. Enfin, le dernier cran est qu'on est victime d'un attentat très particulier, celui du 13-Novembre qui a marqué si profondément la société française qu'il est devenu un peu une réalité à part, avec son lot de fantasmes et de complotisme. Quand on est victime du 13-Novembre, on est donc victime de tout ça à la fois et c'est ce qui explique que six ans après, les gens sont toujours aussi marqués. L'association Life for Paris, qui compte 450 adhérents, sera dissoute après le procès. Pourquoi avoir fait ce choix ? A la barre de ce procès, il y a un espace de sérénité qui est assez incroyable. On se retrouve devant des magistrats qui vous écoutent et, étrangement, on s'y sent bien. L'idée était de se dire : on crée une association parce qu'on a besoin d'une sorte de béquille, de coquille, à la fois pour se parler entre nous mais aussi pour parler au reste de la société et aux politiques. Après le procès, il sera temps d'enlever cette béquille et de se dire qu'on marche ensemble à nouveau. Cela ne veut pas dire que notre communauté va disparaître, que nos amitiés vont disparaître. Cela signifie seulement que ce véhicule associatif, qui est très connu, n'a plus vocation à exister, qu'on va pouvoir reprendre une vie un peu plus souterraine.

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