Procès des attentats du 13-Novembre : l’association de victimes Life for Paris salue un procès "exemplaire"
"Les accusés peuvent être contents d'avoir une bonne défense et nous, Français, on peut s'enorgueillir d'avoir un système de justice aussi équitable", estime sur franceinfo Arthur Dénouveaux, président de l'association.
Alors que les plaidoiries du procès des attentats du 13 novembre 2015 se sont terminées vendredi 24 juin, l'association de victimes Life for Paris a exprimé vendredi 24 juin sur franceinfo sa "satisfaction de voir ce procès aller à son terme en restant aussi exemplaire". Pour son président Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris, "on pourra faire le reproche à ce procès de ne pas avoir été fait à l'économie, mais pas du tout d'avoir occulté certaines choses". Il estime également que le "temps long" du procès "a permis aux accusés de mieux se défendre. Et cela, on peut en être fier."
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franceinfo : Qu'avez-vous retenu de ces plaidoiries ?
Arthur Dénouveaux : J'en ai retenu que la défense avait eu l'occasion, que ce soit aujourd'hui ou dans les dix derniers jours, de parler très librement. Les accusés peuvent être contents d'avoir une bonne défense et nous, Français, on peut s'enorgueillir d'avoir un système de justice qui soit aussi équitable.
Qu'est ce qui l'emporte chez vous ? La difficulté est d'entendre les avocats des accusés plaider ou la satisfaction de voir l'Etat de droit s'exprimer ?
Aucun doute sur le fait que c'est la satisfaction d'entendre les avocats plaider et donc défendre l'Etat de droit. Les victimes de terroristes, on a vécu des choses autrement plus dures que d'entendre des avocats défendre les accusés. Et aujourd'hui, c'était surtout une satisfaction de voir ce procès aller à son terme en restant aussi exemplaire, même dans cette dernière phase.
La défense a eu la parole ces derniers jours. Il y a eu des moments difficiles pour les victimes, pour leurs proches. Est-ce que vous avez ressenti la différence de nature des accusés qui étaient présents dans ce procès ?
Ces dix jours ont bien permis de montrer qu'il y avait une frontière qui se dessinait entre les radicalisés et les non radicalisés, qu'il y avait des gens qui étaient au courant de tout ou partie du projet terroriste et d'autres pas du tout.
Est-ce que vous avez-vous le sentiment que ce procès a réussi à être complet ?
J'espère que ce procès a effectivement été complet. On s'est donné tellement de temps. On est allé dans tellement de détails et on a eu, entre autres, tellement de moments un peu trop longs, que j'espère que l'on n'est pas passé à côté de quoi que ce soit. J'ai l'impression que tout a pu être dit, voire des choses qui n'avaient pas forcément leur place dans un procès pour juger les accusés. On pourra faire le reproche à ce procès de ne pas avoir été fait à l'économie, mais pas du tout d'avoir occulté certaines choses.
Est-ce que la longueur du procès a été dure à vivre ?
Cela a été difficile de mettre notre vie entre parenthèses et de ressasser avec tant de détails le 13-Novembre pendant plus de neuf mois. Mais c'était nécessaire. C'était une bonne manière de faire les choses. Je pense que c'était aussi très utile pour les accusés. Cela fait partie des choses qui étaient très audibles dans les plaidoiries, et notamment aujourd'hui. Quand on sort de six ans et demi d'isolement, il faut probablement plusieurs mois pour se réhabituer à parler, à être en société. Et ce temps long a aussi permis aux accusés de mieux se défendre. Et cela, on peut en être fier.
Est-ce qu'il y a une peur du vide pour les victimes ou pour leurs proches à l'issue du procès ?
Je l'entends cette peur du vide. Je ne la ressens pas personnellement. On m'en parle depuis des mois et donc je m'y suis préparé. Mais surtout, j'ai l'impression qu'on oublie que les victimes ont déjà traversé beaucoup de choses et qu'elles ne se font pas assez confiance pour être capables de surmonter ce qui va sûrement être un espèce de trou d'air, mais qui, à mon avis, ne va pas durer. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a deux grandes associations qui regroupent à elles deux plus de 1 500 victimes. Il y a des espaces de parole, il y a des espaces pour évoquer tous les problèmes liés au 13 novembre qui perdureront après le procès. Même si ça va changer de nature, même si les micros vont un peu se détourner de nous, je pense qu'on a toutes les armes pour que cela se passe bien.
À mon sens, la page qui va se tourner va être extrêmement importante. Ensuite, on ne veut pas complètement se faire l'illusion que tout est terminé, parce que ce n'est pas le cas.