Procès du 13-Novembre : les parties civiles devront "faire face" à la diffusion d'images et de son des attentats à l'audience
Le soir du 13-Novembre, Sophie s'est retrouvée prise au piège dans la fosse du Bataclan. Blessée, elle vit avec une cicatrice de 80 centimètres sur la jambe. Encore traumatisée, hors de question pour elle de revivre ce moment : jeudi 16 septembre, des images des massacres et des enregistrements sonores pris à l'intérieur de la salle de spectacle seront diffusés au procès des attentats. "Je vais me mettre sur la webradio, comme je le fais quasiment tous les jours, explique Sophie. Quand il y aura les extraits audio, par contre, j'enlèverai mon casque. C'est trop dur, encore. Les 14-Juillet déjà, je n'arrive pas à écouter des feux d'artifice ou des pétards sans que ce soit trop dur. Donc là, vraiment, ça, plus les cris... Je ne sais pas ce qu'on va entendre et je ne préfère pas le savoir. Je préfère limiter ma peine."
"Les mots ne sont pas toujours suffisants"
Philippe Duperron, lui, sera dans la salle. Le président de 13onze15 Fraternité et Vérité, a perdu son fils au Bataclan. Il veut symboliquement être à ses côtés au moment de la diffusion des bandes son. "C'est le dernier moment où les derniers moments qu'ils ont vécu, nos enfants, et Thomas tout particulièrement. D'une certaine manière, c'est peut-être à ce moment-là se trouver un peu en communion. On va vivre d'une certaine manière, en différé, ce moment terrible. Oui, je l'appréhende, comme beaucoup, mais oui, j'ai l'intention d'y faire face."
Pourtant, les magistrats étaient plutôt contre, mais les avocats des parties civiles ont réclamé ces enregistrements nécessaires pour que la Cour prenne la mesure de l'horreur de cette attaque, explique maître Gérard Chemla. Il représente 132 victimes. "Les mots ne sont pas toujours suffisants. Il va falloir savoir montrer ce qui s'est passé. La Cour d'assises ne peut pas aborder un dossier d'une telle horreur sans au moins lever un petit peu le voile sur ce qu'il s'est vraiment passé." Et il est "bien sûr important" que les accusés l'entendent aussi. "Tout le débat est de savoir s'ils prennent du plaisir ou s'ils mesurent l'énormité de ce qu'ils ont fait. Nous verrons bien ce qu'ils montrent, ce qu'ils ne montrent pas."
Les trois jours d'audience qui viennent, consacrés aux constatations des scènes de crimes au Stade de France, au Bataclan et sur les terrasses, s'annoncent donc très difficiles pour les parties civiles. Avant de lever l'audience, mercredi, le président a voulu rassurer. Seules 30 secondes d'enregistrement seront diffusées. Quant aux photos projetées, impossible de reconnaître distinctement les victimes. Il n'y aura que des plans larges.