Procès de l'attentat de Saint-Etienne-Du-Rouvray : "Je vous demande pardon", supplie un des accusés
La troisième journée d'audiences a notamment été marquée par le témoignage de la sœur du père Jacques Hamel et d'un paroissien rescapé. C'est à eux que Farid Khelil, le cousin d'un des deux terroristes, a demandé pardon.
Trois générations de femmes se succèdent à la barre, jeudi 17 février, devant la cour d'assises spéciale de Paris. Au troisième jour du procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, elles viennent décrire leur "Tonton Jacques". Leur oncle, le père Jacques Hamel, assassiné dans son église le 26 juillet 2016, s'agenouillait encore à 86 ans pour colorier avec ses arrières petites nièces.
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L'homme d'église était une figure paternelle pour ses nièces qui se souviennent des cartes d’anniversaire, des vacances, des baptêmes... Tonton Jacques était là, lui, à l’écoute, dédié aux autres. L’une des nièces, Angélique, revient sur la mort du prêtre, égorgé dans son église, sous les coups de couteaux des terroristes. "Ils lui ont coupé la bouche, l’oreille. Ils ont piétinée tout ce qu’il était", souffle cette femme de 50 ans. Elle était là, à deux pas de l’église, le jour de l’attentat.
"Il n'y a pas de place pour la haine"
Avant elles, leur mère, la sœur de Jacques Hamel, s'est elle aussi exprimée. Roseline Hamel, 80 ans, est notamment venue parler aux accusés. La voix claire, malgré les larmes, elle raconte sa déchirure, persistante, dit chercher la vérité, pour que jamais cette barbarie ne se reproduise. Et la petite sœur du père Hamel se tourne, bien droite, vers le box et les trois accusés : "Messieurs, vous n’aurez pas ma haine. La souffrance est tellement immense, il n’y a pas de place pour la haine". À cet instant, l’un des accusés, Farid Khelil, baisse son masque blanc et lui murmure quelques mots en hochant la tête.
L’homme de 36 ans, cousin d'un des assaillants, s’adresse à Roseline Hamel, qui s’approche, tout près du box des accusés "Jamais je n'aurais pu imaginer que mon cousin puisse attaquer votre frère. Je vous demande pardon de ma négligence criminelle." L'octogénaire répond, émet des doutes sur sa sincérité. "Mais ces paroles me font beaucoup de bien", confie-t-elle.
"Il faut garder l'espérance"
Dans la matinée, Farid Khelil s’était déjà levé, pour parler à Guy Coponet, rescapé de l'attentat. Le paroissien de 92 ans, grièvement blessé, vient de raconter l'attentat. Il pense aux deux terroristes tous les matins, quand ils se rase pour ne pas couper sa longue cicatrice au cou. "Monsieur Coponet, c'est à vous que je pense le matin et au père Hamel. Je vous demande pardon", supplie l'accusé. Guy Coponet, s'incline, mains jointes. Si ce fervent catholique est présent au procès, c'est pour pardonner.
À la sortie des audiences, l'octogénaire confie son soulagement : "Un accusé qui demande pardon et qui est prêt peut-être à me serrer la main, c'est formidable. C'est sûr qu'il y a une présence quelque part qui va nous relier les uns aux autres un jour. Il faut que le temps passe, que tout cela soit assimilé dans notre cœur. S'il y a d'autres cas de réconciliation, ça va faire comme une tache d'huile qui va s'agrandir. Il faut garder l'espérance."