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Insolite et Faits divers

TEMOIGNAGE. Procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray : "Il m'a fallu 5 ans pour comprendre", témoigne la fille de deux rescapés

Le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray s'ouvre lundi 14 février, devant la cour d'Assises spéciale de Paris. Les parents d'Anne Garcia étaient présents pendant la messe. 5 ans et demi après, elle attend des regrets des accusés. Anne Garcia a 59 ans et vit près de Rouen. Elle est l'une des cinq enfants de Guy et Janine Coponet, présents à la messele 26 juillet 2016, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Son père a été grièvement blessé, sa mère prise en otage.  A partir de lundi 14 février, quatre hommes sont jugés à Paris. L'un pour complicité, Rachid Kassim, absent, il est présumé mort en Irak en 2017. Les trois autres pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". Ces 3 accusés, de 25, 27 et 36 ans, seront présents, ils encourent jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle. "J'attends un pardon" Anne Garcia se souvient : "Au début, dans les quinze jours qui ont suivi l’attentat, ils ont très vite arrêté les trois accusés qui seront là dans le box. Mais je voyais pas trop l’intérêt. Je me suis dit : "A quoi ca sert ?" Il m’a fallu cinq ans pour comprendre le pourquoi du comment. Ce se sont pas eux qu’ont tué le père Hamel, qui ont essayé de tuer mon père et séquestré ma mère. Ils n’étaient pas là le 26 juillet dans l’église, d’accord. Mais dans ma tête, maintenant c’est bien clair : c’est eux qui ont aidé les deux tueurs à faire cet attentat, ils les ont incité. Donc là, il faut qu’il y ait la justice, le jugement. Il faut qu’ils soient jugés et condamnés." "Dans la semaine qui a suivi l’attentat, j’ai été voir le responsable de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. J’avais envie d’avoir son témoignage. Je n’avais pas de haine, et lui il s’est exprimé en disant qu’il rejetait complètement cet attentat, que la religion musulmane n’avait rien à voir là-dedans. Moi j’attends un pardon, du procès. Est-ce qu’il y en a au moins un des trois qui va s’exprimer pour dire "on regrette, on vous demande pardon" ? Je sais pas, on verra, c’est le procès qui le dira. Mais évidemment, on espère toujours. Moi aussi je suis croyante pratiquante, j’ai cette espérance-là.", confie Anne Garcia.  "Comment a-t-il survécu ? Ce n'est pas logique" Anne Garcia explique qu’elle a lu le rapport d’instruction et les procès-verbaux  pour savoir ce qu’il s’était passé et les éléments contre les accusés. Mais elle n’en a pas parlé avec ses parents : "Personnellement, j’hésitais toujours à en parler. Je ne voulais pas trop revenir dessus. On en parlait très très peu de cet attentat, par respect pour mes parents, je ne voulais pas les importuner." Son père, Guy, a été égorgé mais a survécu. "Il y a eu trois chirurgiens autour de lui", se souvient Anne Garcia. "Ils ont bien dit que papa a survécu in extremis. Poignardé deux ou trois fois, égorgé, resté pendant trois quarts d’heures par terre… Comment a-t-il survécu ? Ce n’est pas logique, mais heureusement il est encore vivant !" Le père d'Anne Garcia sera présent au procès. Sa mère, Janine, est morte en avril 2021. "Ils ont toujours été croyants, pratiquants", raconte leur fille. "Ça les a renforcé dans leur foi. C’est ça qui les porte. Ils ont refusé l’assistance psychologique. Ils y sont allés juste une fois, mais ça ne leur était pas utile. Leur foi se suffit. Ils se sont reposés sur leur foi, elle les a aidés et portés. Et surtout le fait que papa et maman étaient très unis, très fusionnels. C’est ça qui les a aidé aussi à se porter l’un et l’autre, à se consoler et à continuer à vivre. A pardonner aussi."

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