news-details
Actualités

Pouvoir d’achat : les plus riches, grands gagnants du quinquennat Macron

Des Gilets jaunes avec une banderole réclamant une hausse du pouvoir d'achat, le 22 décembre 2018, à Paris. Une étude publiée mardi par l’Institut des politiques publiques montre que les mesures concernant le pouvoir d’achat prises durant le quinquennat d’Emmanuel Macron ont davantage bénéficié aux plus riches, tandis que le niveau de vie des plus pauvres a lui diminué. Emmanuel Macron président des riches, nouvel épisode. L’étiquette qui colle à la peau du président de la République depuis 2017 n’est pas près de se détacher avec la publication, mardi 16 novembre, d’une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) montrant que les 1 % les plus riches ont bénéficié de la plus importante hausse de pouvoir d’achat. Ceux-ci ont ainsi obtenu un gain moyen de 2,8 % sur l'ensemble de leurs revenus après impôts et prestations. Et la progression est encore plus frappante chez les 0,1 % les plus fortunés qui ont, eux, vu leur pouvoir d’achat bondir d’environ 4 %. À l’inverse, les 5 % des ménages les plus pauvres ont perdu 0,5 % de pouvoir d’achat en moyenne. "Les plus riches sont les grands gagnants car certaines réformes mises en place durant le quinquennat d’Emmanuel Macron les ciblaient particulièrement", souligne Chloé Lallemand, économiste à l’IPP, co-autrice de l’étude, contactée par France 24. "C’est notamment le cas de la transformation de l’ISF (impôt sur la fortune) en IFI (impôt sur la fortune immobilière) ou de la mise en place du PFU (prélèvement forfaitaire unique) sur les revenus du capital. En revanche, les ménages les plus modestes ont nettement pâti de la hausse de la fiscalité sur l’énergie et le tabac, qui pèsent davantage en proportion de leur revenu", précise-t-elle. L’IPP relève toutefois qu’à l’exception des plus pauvres, tous les ménages ont vu leur niveau de vie progresser. La hausse moyenne globale pour l’ensemble des Français, lors des cinq dernières années, est d'environ 1,6 %. À moins de cinq mois de l’élection présidentielle, cette étude tombe mal pour Emmanuel Macron, dont les cinq années à l'Élysée ont notamment été marquées par la crise des Gilets jaunes. La question du pouvoir d’achat figure en effet en tête des préoccupations des Français : 41 % des citations parmi trois réponses possibles, loin devant la sécurité (31 %) ou l’immigration (27 %), selon un récent sondage Elabe pour BFMTV. Surtout, elle contredit la communication du gouvernementqui répétait en boucle, il y a un mois et demi, que sa politique avait essentiellement profité aux plus pauvres. Une étude de la direction du Trésor au ministère de l'Économie, publiée le 4 octobre, affirmait en effet que le niveau de vie des 10 % de ménages les plus modestes avait progressé de 4 %. Une analyse plus fine que celle du gouvernement Comment expliquer un telle différence ? "Nous n’avons pas appliqué la même méthode de calcul", explique Chloé Lallemand. "Contrairement à l’étude du Trésor, nous n’avons pas pris en compte des mesures votées lors du quinquennat précédent mais entrées en vigueur en 2018, comme la généralisation du chèque énergie ou la revalorisation du RSA. Nous n’avons tenu compte que des mesures votées depuis l’élection d’Emmanuel Macron." L’étude de l’IPP analyse également de manière plus fine les différents ménages. "Le Trésor avait découpé la population en déciles (en dix groupes égaux), ce qui a pour effet d’agréger plus de monde et de remonter les moyennes, alors que nous l’avons fait en centiles (en cent groupes égaux) pour obtenir des résultats plus nuancés", poursuit l’économiste. >> À voir : Présidentielle 2022 : quel sera le thème principal de la campagne ? L’Institut des politiques publiques n’a également pas retenu les mêmes hypothèses comportementales concernant la fiscalité énergétique et la fiscalité du tabac, en partant du principe que la population ne réduirait pas autant que prévu par le gouvernement sa consommation en raison de la hausse des prix. En revanche, les deux études s’accordent pour souligner que le fait de travailler ou non s'est révélé crucial dans l'évolution du niveau de vie des ménages durant le quinquennat, et c'était d'ailleurs la priorité affichée par le gouvernement depuis 2017. Les effets des mesures telles que la bascule des cotisations sociales-CSG ou la suppression de la taxe d’habitation "sont globalement très positifs sur les ménages actifs", avec une hausse du niveau de vie de 3,5 % en moyenne, alors qu'ils sont "globalement assez limités" chez les retraités, qui ont notamment pâti de la hausse de la CSG, détaille Chloé Lallemand. Par ailleurs, les mesures prises par le gouvernement engendrent des hausses de niveau de vie qui, dans l’ensemble, sont d’autant plus importantes que le revenu des ménages est élevé. De fait, si l’on s’intéresse aux montants en euros que représentent ces hausses, les 1 % les plus riches ont gagné en moyenne 3 500 euros par an grâce aux mesures prises entre 2017 et 2022, contre moins de 1 000 euros par an pour le centile inférieur et 0 euro pour les plus modestes.

You can share this post!