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Insolite et Faits divers

"Pour nous, c'est d'abord un soulagement" : l'attente des familles avant l'ouverture du procès du crash de la Yemenia

Le procès du crash de la Yemenia s'ouvre ce lundi 9 mai à Paris. 13 ans après le drame, les familles des 152 victimes attendent enfin la vérité. "Pour nous, les familles des victimes, c’est d’abord un soulagement." 13 ans après le crash de l'Airbus A310 Yemenia au large des Comores, la compagnie aérienne se retrouve devant la justice. Une centaine de proches des victimes est partie en bus dimanche soir pour assister au procès qui s'ouvre ce lundi 9 mai à Paris. Parmi eux, Ibrahim Mogni, le secrétaire général de l'AFVCA (Association des Familles de Victimes du Crash Aérien de la Yemenia). "C'est 13 années d’impatience, 13 années d’attente, 13 années de travail qui, nous l’espérons, mettront en lumière la responsabilité lourde de la compagnie Yemenia". Ibrahim Mogni a perdu sa mère, son frère et sa sœur dans l'accident. Pour lui comme pour les autres familles, le procès est crucial : "C’est très important de montrer que nous n’avons pas oublié nos disparus, que cet accident a touché toute une nation, et que de près et de loin nous sommes tous concernés par ce qui s’est passé". Une catastrophe prévisible ? Pour Maître Claude Lienhard, l'un des avocats des familles des victimes, le crash de la Yemenia était une "catastrophe prévisible et annoncée".  "Les risques étaient connus de l’exploitant qui aurait dû prendre d’autres mesures quant à la formation des pilotes ou la stratégie d’atterrissage qu’ils auraient dû utiliser en fonction des conditions ce jour-là".  Pendant quatre semaines, la justice française va examiner des soupçons de "manquements et négligences" de la Yemenia Airways. La compagnie, qui conteste les faits, encourt 225.000 euros d'amende. Yemenia, grande absente du procès Bien que défendue par des avocats, la compagnie yéménite ne sera pas présente au procès. Pour Ibrahim Mogni , c'est "une forme de mépris" envers les familles des victimes, mais également "une injure" envers les disparus de ce crash. "C’est une stratégie volontaire, estime Me Lienhard. Cela correspond à ce qui s’est passé pendant l’enquête". L'avocat évoque notamment la difficile coopération de la compagnie et des autorités du Yemen pendant l'instruction du dossier. "C’est une stratégie de fuite depuis le départ, on en a la traduction à l’audience".   Pour Me Lienhard, l'absence de la compagnie est une double peine pour les familles des victimes : "La justice s’incarne par des personnes. C’est le minimum que l'on doit aux victimes? D'autre part, quand le représentant d’une personne morale est présent, il se rend compte des conséquences des défaillances et de ce qu'ils ont fait. Là, ils ne seront pas dans la position de contester leurs responsabilités".  Les "avions-poubelles" de la Yemenia L'association des familles des victimes pointe la responsabilité de la compagnie à plusieurs niveaux : "Sa négligence au niveau de la formation de ses pilotes, sa négligence au niveau de la sécurité de ses vols. Les avions étaient vétustes, c’était même des avions qui étaient interdits en France ou en Europe, c’était des avions-poubelles."   L’Association des familles de victimes espère que la compagnie ne sera "plus jamais amenée à assurer le transport de personnes physique entre la France, l’Europe et l’Union des Comores ou toute autre destination". Le site de la compagnie est en maintenance, ce lundi 9 mai. Si la Yemenia est, pour Ibrahim Mogni, la principale responsable, il pointe également du doigt le fait que les victimes n'aient été secourues qu'au bout de 11 heures. "S'il y avait eu des infrastructures au niveau de l’aéroport de Moroni, d’autres personnes auraient peut-être pu être secourues." L'ultime témoignage de Bahia Bakari, unique survivante Bahia Bakari est la seule survivante du crash. La jeune fille vivant à Marseille n'avait que 12 ans le jour du crash. Elle a tenu 10 heures dans l'eau froide de l'Océan indien avant d'être secourue. Elle témoignera au cours du procès, mais ne livre aucune interview en amont. Nous l'avions rencontrée en 2020, elle nous avait livré ses souvenirs : "J’entends des femmes, appeler à l’aide, plus loin de moi, je ne les vois pas, il fait nuit, il n’y a pas beaucoup de lumière. Il y a énormément de vagues, je me prends en pleine figure ces vagues, un mélange d'eau salée et de kérosène".  Son témoignage sera un moment clé du procès. Comme celui, au cours de la deuxième semaine, de la venue des médecins légistes, pour "expliquer aux familles les causes du décès, l'état des corps", explique Me Lienhard. "Un moment difficile et important pour beaucoup".  Ce lundi 9 mai, 200 proches des victimes sont attendus au procès à Paris.

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