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Insolite et Faits divers

Crash du vol Yemenia 626 : ce qu'il faut savoir du procès qui s'ouvre à Paris

Aucun des occupants de l'appareil, à l'exception d'une miraculée âgé de 12 ans, n'a jamais été retrouvé. Le procès du crash du vol Yemenia 626 au large des Comores, en 2009, qui avait fait 152 morts, dont 66 Français, s'ouvre à partir du lundi 9 mai devant le tribunal correctionnel de Paris. La compagnie nationale yéménite qui utilisait cet A310 est jugée treize ans après les faits. Voici ce qu'il faut savoir de ce rendez-vous judiciaire prévu pour durer quatre semaines.  Un crash juste avant l'atterrissage Dans la soirée du 29 juin 2009, le vol Yemenia 626 s'apprête à atterrir à Moroni, la capitale des Comores, archipel situé entre le Mozambique et Madagascar, avec à son bord 11 membres d'équipage et 142 passagers, dont 66 Français. Partis de Paris ou Marseille, ils ont changé d'avion à Sanaa, au Yémen. A quelques kilomètres de la côte, à 22h53 locales, il heurte l'océan Indien, moteurs à pleine puissance, avant de s'enfoncer dans l'eau. Bahia Bakari, qui voyageait avec sa mère, survit en restant agrippée en mer pendant onze heures à un débris, avant d'être secourue par un bateau de pêche le lendemain du crash, le plus grave de l'histoire des Comores. Une erreur humaine en cause... Les boîtes noires sont repêchées quelques semaines après le crash, mais l'enquête reste longtemps enlisée. Les autorités françaises ont un temps reproché à leurs homologues comoriennes leur non-coopération, tandis que les familles des victimes ont accusé le Yémen de faire pression pour empêcher la mise en cause de sa compagnie nationale. Si la vétusté des avions de la Yemenia était dénoncée de longue date par des passagers, les investigations ont conclu que l'état de l'appareil, un Airbus sorti d'usine en 1990, n'était pas en cause – ni la météo, la foudre ou un missile. Selon les expertises, fondées en particulier sur les enregistreurs de vol, l'accident est dû aux "actions inadaptées de l'équipage dans le cadre de l'approche de l'aéroport de Moroni, conduisant à la perte de contrôle de l'avion". ... mais la Yemenia est jugée pour "homicides et blessures involontaires" "Au-delà de ces dramatiques erreurs imputables aux pilotes", les magistrats instructeurs ont considéré que la Yemenia avait "failli à bien des égards". Il lui est reproché d'avoir maintenu les vols de nuit pour Moroni, malgré les pannes de longue date des feux de balisage de l'aéroport, ainsi que des "insuffisances" dans la formation des pilotes, qualifiée de "lacunaire". Yemen Airways encourt ainsi 225 000 euros d'amende pour homicides et blessures involontaires. Les familles feront cependant face à un banc des prévenus vide : aucun représentant de la compagnie, qui conteste tout "manquement", ne devrait se déplacer à cause de la guerre qui fait rage au Yémen, selon son avocat, Léon-Lef Forster. "La Yemenia reste profondément marquée par cette catastrophe, en particulier pour les victimes, néanmoins elle proteste de son innocence en indiquant qu'elle n'est nullement responsable des faits qui sont intervenus, soutient ce dernier. Il y a eu des dysfonctionnements, mais qui ne lui sont pas imputables et qui apparaîtront lors de l'audience." Sur "1 000 ayants droit", 560 parties civiles constituées Quelque 560 personnes sont constituées parties civiles, dont beaucoup de la région de Marseille (Bouches-du-Rhône), où résidaient de nombreuses victimes. La retransmission des débats est prévue au tribunal judiciaire de la cité phocéenne. "On est à peu près 1 000 ayants droit dans ce dossier" mais "seuls les ayants droit de victimes françaises sont représentés. Ça, c'est un problème très, très grave, ce n'est pas normal qu'une partie des victimes soit laissée à l'abandon", regrette Saïd Assoumani, président de l'association des victimes. Bahia Bakari, qui a perdu sa mère dans le crash, doit témoigner le 23 mai. Au fil de reportages et dans un livre, elle a décrit avoir ressenti, à l'approche de l'aéroport, des "turbulences", avoir été comme "électrisée" puis avoir eu un "trou noir" avant de se retrouver dans l'eau, où elle a entendu "des femmes crier". "Pour moi ça fait partie de mon destin, et ce n'était pas mon jour", avait-elle témoigné auprès de France 3. Les proches des victimes ont la "volonté de comprendre", relève Claude Lienhard, avocat de parties civiles. "Treize ans, c'est long : c'est épuisant psychologiquement et moralement et même physiquement, souligne Saïd Assoumani. Mais après treize ans d'attente et d'impatience, enfin le procès pénal est là. Pour nous, c'est le principal objectif de notre combat, c'est l'occasion qui va nous permettre d'établir les différentes responsabilités à tous les niveaux".  Sur le plan civil, "seulement les deux tiers" des familles de victimes "ont été indemisés, ce qui est scandaleux", dénonce l'association.

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