Planète influenceurs. Depuis Montréal, Shina Novalinga popularise la culture inuite
Shina Novalinga, étudiante à Montréal de 22 ans, s'ennuyait l'an dernier, en plein confinement. Pour s'amuser, elle se filme avec sa mère en train de chanter selon la tradition inuite. Les deux femmes se font face, leurs visages distants de quelques centimètres seulement, chacune tenant les bras de l'autre. Un partenariat et une compétition à la fois.
La vidéo est postée sur TikTok. Un an plus tard, Shina Novalinga est suivie sur le réseau social par près de trois millions d'abonnés. "Aujourd'hui, je vous mets au défi d'apprendre à chanter avec votre gorge", lance-t-elle dans l'un de ses posts. "Assurez-vous que vous avez de l'eau à côté de vous… Répétez après moi !" Sa voix, sa respiration, sont d'abord lentes et détachées, puis de plus en plus rapides.
À la découverte des chants, légendes et coutumes
Le chant de gorge a presque disparu parce qu'il a été longtemps interdit par les missionnaires chrétiens qui voyaient dans cette pratique un terrible péché. Shina Novalinga veut le populariser à nouveau. "Parfois, nous imitons le son de la nature, parfois le son des animaux, explique-t-elle sur une chaîne de télévision canadienne. C'est bien plus profond qu'une simple chanson. Au début j'avais toujours peur de la réaction des gens. J'avais peur d'être jugée, à cause de ma différence." Grâce à cette pratique, elle dit réussir à se connecter à sa spiritualité.
Au-delà de ces chants, Shina Novalinga entend faire découvrir plus largement sa culture : les légendes inuites, les coutumes, la confection de vêtements extrêmement chauds ou les repas traditionnels, comme le béluga qu'elle affectionne particulièrement. "On mange le Béluga complètement cru, on ne le cuisine pas. C'est très sain, explique-t-elle. Le béluga a eu une vie sauvage heureuse, et s'il vous plaît, tous ceux qui commentent en disant que c'est cruel, que les bélugas sont mignons, nous sommes complètement d'accord ! Ce sont des créatures intelligentes, elles sont belles, et nous sommes très reconnaissants de ce qu'elles donnent à notre communauté."
Le cliché du baiser esquimau
Portée par son succès sur les réseaux sociaux, Shina Novalinga rappelle également l'histoire de sa communauté, les violences et abus subis, et elle démonte plus légèrement aussi quelques clichés. Figurez-vous par exemple que le "vrai" baiser esquimau, ce n'est pas se frotter nez contre nez. "Vous devez arrêter de dire que ça c'est un vrai baiser esquimau ! Ça... c'est un vrai baiser..." Avec sa mère, elle se lance dans une démonstration filmée. Le "baiser esquimau" s'avère être plutôt une pression appuyée du nez et de la lèvre supérieure sur la joue de la personne chérie.