Patrick Poivre d'Arvor : huit nouveaux témoignages glaçants et accablants contre l'ex-star du JT
Après le classement sans suite de l'enquête préliminaire visant Patrick Poivre d'Arvor pour viols, huit femmes ont accepté de témoigner dans les colonnes de Libération. À visage découvert, elles ont révélé des détails glaçants de leurs agressions.
Le 18 février dernier, le Parisien révélait que Florence Porcel, accusait Patrick Poivre d'Arvor d'agression sexuelle. Assurant qu'il n'avait "jamais accepté une relation qui ne serait pas consentie", c'est sur le plateau de Quotidien que l'ex-star du JT avait confié : "Tout ceci, uniquement de l'anonymat, toujours de l'anonymat. Jamais une personne qui ose venir, les yeux dans les yeux, me dire : 'Non, ce n'était pas bien.'" Aujourd'hui, huit femmes ont décidé de dénoncer son comportement abusif dans un entretien accordé à Libération.
Stéphanie Khayat, journaliste à France Télévisions
À visage découvert, Stéphanie Khayat a révélé avoir subi deux viols dans le bureau de Patrick Poivre d'Arvor, en 1994 et en 1997. Elle s'est rappelée : "PPDA ferme la porte. On échange quelques mots puis il prend un appel, je reste debout et je me tourne vers sa grande bibliothèque pour me donner une contenance. Je ne l'entends pas s'approcher. Il me retourne brusquement face à lui, m'oblige à me baisser et enfonce son sexe dans ma bouche. Je ne suis pas là depuis dix minutes. Ça a été brusque, soudain, rapide. Je pesais 30 kilos, j'étais anorexique, il était impossible de ne pas le voir. On n'impose pas une fellation à qui que ce soit mais mettre de force quelque chose dans la bouche d'une anorexique, lui faire avaler du sperme, c'est encore plus violent que violent. Je ne me souviens pas de la suite. Je ne me souviens pas de ce qu'il m'a dit, de la manière dont j'ai quitté son bureau. Je sais juste que j'ai été me rincer la bouche dans les toilettes."
Hélène Devynck, scénariste et ex-journaliste à LCI
Hélène Devynck affirme avoir été violée au domicile du présentateur en 1993. "Je me souviens d'une immobilité physique et d'un affolement des pensées, d'avoir cherché mentalement de toutes mes forces une solution pour sortir de là, sans la trouver. J'ai mis des années à me défaire de la chape de dégoût et de honte, des années à me dire que j'aurais pu crier, me débattre, frapper, courir. Après, je me rappelle un silence, et tout de suite me demander comment j'allais gérer cela, puis que cela n'aurait pas d'impact sur ma vie. Vaine promesse. Je ne me rappelle pas les jours qui ont suivi. Très peu de temps après, j'annonce à PPDA que je veux arrêter notre collaboration. Il change de visage. Ensuite, il fait le tour de la rédaction pour dire que je suis 'nulle'", a-t-elle confié.
Aude Darlet, employée dans une compagnie aérienne
Invitée au 20 heures, Aude Darlert assure avoir été victime d'une agression sexuelle dans le bureau de Patrick Poivre d'Arvor en 2002. Elle s'est souvenue : "J'ai raconté cette histoire à tout le monde, je n'ai jamais lâché, y compris à des journalistes quand je faisais la promotion de mon livre. Elle n'est jamais sortie. L'omerta, est-elle due à la puissance de cet homme ? L'agression sexuelle, est-elle considérée comme insignifiante ? J'ai découvert bien plus tard que les questions étaient les mêmes pour toutes et que nos réponses importaient peu. Autant la manipulation que l'agression m'ont révoltée, mais aussi la légèreté avec laquelle mon récit était pris. Il suscitait des rires et des blagues. J'ai été très blessée qu'on ne tienne pas compte de moi. Un ami journaliste à l'époque m'a appris peu de temps après que tout le monde savait, que c'était un processus bien rodé où autrices, étudiantes, journalistes, toutes sortes de femmes étaient invitées au JT avant de passer dans son bureau. Si tout le savait, pourquoi est-ce que cela continuait ?"
Emmanuelle Dancourt, journaliste
Assurant avoir été victime d'une agression sexuelle en 2008, Emmanuelle Dancourt a révélé : "PPDA n'a pas lâché. Un an de harcèlement, de SMS baveux, d'appels tardifs et de messages vocaux poisseux, que j'ai tout effacés pour oublier, pour avancer. Mes parents s'en souviennent. Au téléphone, il m'appelait 'ma petite nonne.' Mon côté mère de famille catholique et provinciale qui dormait à Paris dans des couvents hôteliers l'excitait beaucoup. J'ai réussi à le faire décrocher quand j'ai menacé de tout raconter à son associé, Dominique Ambiel, qui produisait l'émission le Bateau livre dans laquelle j'étais chroniqueuse. PPDA a immédiatement arrêté ce harcèlement."
Cécile Thimoreau, ex-reporter à TF1
De son côté, Cécile Thimoreau affirme avoir été agressée sexuellement chez la star en 1996 ou 1997. "Je rejoins Poivre après le 20 heures dans son bureau. Son assistante se désole : 'Oh non, Cécile, pas toi !' Je lui dis de ne pas s'inquiéter. Elle fait la moue : 'Tu ne le connais pas." Première déconvenue, il ne veut pas aller au restaurant. 'Je n'ai pas la force d'affronter les gens. Est-ce que ça t'ennuie si on dîne chez moi ?' Je me méfie. Je répète mes conditions. Il acquiesce. C'est un dîner sans alcool très sympa où nous parlons littérature. Puis, je m'aperçois que son regard change brusquement. Ce n'est plus le même homme. Je ne me sens plus en sécurité, j'annonce mon départ et, dans le couloir qui mène à son entrée, Patrick me saute dessus. C'était rapide et suppliant. 'S'il te plaît, j'en ai besoin.' J'ai ses mains partout. Je me débats et il est physiquement plus fort que moi. Je lui lance : 'Demain, si tu ne me lâches pas, toute la rédaction est au courant.' A ces mots, il disparaît", a-t-elle raconté.
Muriel Reus, ex-vice-présidente d'une filiale du groupe TF1
Pour Libération, Muriel Reus a déclaré avoir fait l'objet d'une tentative d'agression sexuelle dans le bureau de Patrick Poivre d'Arvor : "PPDA ne parle toujours pas, il se lève et ferme la porte à clé. Stupéfaite, je n'ai pas le temps de réagir qu'il est déjà en face de moi, il essaie de m'embrasser, il défait sa ceinture et baisse son pantalon. Il ne m'a pas demandé comment j'ai trouvé le JT, il ne m'a pas offert un verre. Cela se passe en un quart de seconde. Il n'y a aucune séduction. C'est une tentative mécanique de commettre un acte sexuel. J'ai un instant de sidération et je lui dis : 'Patrick, qu'est-ce que tu fais ? Tu connais mes relations avec la direction de TF1.' Cela le stoppe et je sors du bureau. Il remonte son pantalon et m'accompagne à l'ascenseur."
"Chloé", journaliste
Souhaitant rester anonyme, 'Chloé' a révélé quant à elle à Libération : "En 2003, je suis appelée par l'interphone dans le bureau de Poivre à propos d'un sujet. J'étais sur mon lieu de travail, on était au milieu de la journée, il était inconcevable que je puisse être en danger. Je m'y rends. La porte était ouverte. On commence à parler de mon reportage. Et là, d'un seul coup, il m'interrompt : 'Vous vous souvenez la toute première fois, quand vous êtes entrée derrière moi, pour me montrer une infographie ? Vous avez collé vos seins à mon dos.' J'ai bredouillé : 'Non, je ne m'en souviens pas.' Il s'est soudain levé très vite, a fait le tour de son bureau et m'a renversée dessus tandis que j'étais sidérée. En une poignée de secondes, sa langue était dans ma bouche, une de ses mains dans mon soutien-gorge, les doigts de l'autre dans mon sexe. La porte était ouverte. Dans les bureaux tout à côté, il y avait ses deux secrétaires et la rédactrice en chef."
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