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Opérateurs télécom : tous éco-responsables ?

Souvent montrés du doigt pour le caractère polluant de leur activité, les opérateurs mobiles et fournisseurs d’accès à Internet ont la pression depuis la COP21 et les accords de Paris en 2016. Ils redoublent donc d’initiatives pour polluer moins et se disputent le titre d’opérateur le plus exemplaire en matière d’environnement. Renoncer à l’avion pour acheminer ses box (Free), des box qui consomment 30% d’énergie en moins à chaque nouveau modèle (Bouygues Telecom), le 1er smartphone garanti avec 20% de plastique recyclé (SFR), des data centers moins gourmands en électricité (Orange), et pour tous, recyclage et reconditionnement des téléphones : les 4 opérateurs télécom français ont inscrit la réduction de l’empreinte carbone dans leur stratégie et ils le rappellent à l'occasion de l'ouverture de la COP26.Réduction partielle (-50%) chez Bouygues Telecom d’ici 2030, réduction totale d’ici 2035 pour Free, d’ici 2040 pour Orange et SFR. “Nous avons un rôle à jouer, nous avons même un devoir d’exemplarité, affirme Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad et Free Mobile. “Je suis convaincu que le numérique est une partie de la solution pour la transition environnementale de nos sociétés. Nous visons donc une vraie neutralité carbone qui repose sur la réduction de nos émissions, et pas sur la compensation qui est une forme d’illusion“. Le groupe créé par Xavier Niel a déjà provisionné son investissement : il va y consacrer 1 milliard d’euros sur 15 ans. 260 000 arbres plantés en un an Chez Orange aussi, l’objectif présenté comme “ambitieux“, annoncé en 2019, “C’est d’être net zéro carbone, globalement, d’ici 20 ans dans les 26 pays où nous opérons“, rappelle Elisabeth Tchoungui, directrice exécutive RSE, diversité solidarité chez Orange. “Les émissions de CO2 directes et indirectes représentent 80% de notre empreinte. Il va rester un volume de 20% d’émissions résiduelles, incompressibles, que nous allons séquestrer en mettant en place des puits de carbone“. L’opérateur historique vient de signer un premier contrat avec Alliance Forêts Bois pour une trentaine de projets de reboisements – 175 hectares de forêts – dans toute la France avec un objectif de 260 000 arbres plantés en un an. Zéro carbone : Un objectif plus facile à atteindre, pour Orange, en France où l’énergie est massivement “décarbonée“ notamment grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, que dans d’autres régions du monde où l’opérateur est présent, l’Afrique et le Moyen-Orient. Bouygues Telecom s’est fixé un objectif moins ambitieux, plus réaliste peut-être avec une multitude d’initiatives et un accent porté sur nos téléphones : “Les smartphones, c’est quand même le gros de l’empreinte carbone du numérique, précise Anthony Colombani, directeur en charge de la responsabilité sociale et environnementale chez Bouygues Telecom. “On dit souvent que le smartphone le plus écolo, c’est celui qu’on ne construit pas. Tout ce qui consiste à allonger leur durée de vie, en les réparant, en prolongeant leur usage, c’est très bon pour la planète, puisque la construction des smartphones qui génère beaucoup de carbone, est massivement localisée en Asie, avec des usines massivement alimentées par des industries fossiles“. SFR a, lui aussi, lancé un plan d’action, l’an dernier, autour de trois axes : l’amélioration de la performance environnementale des produits et services, le développement d’infrastructures éco-responsables et la mobilisation des salariés, des clients et du grand public . Le groupe va, par exemple, récupérer la chaleur produite par ses data centers pour chauffer des équipements publics ou encore subventionner l’abonnement de ses salariés aux vélos en libre-service. Pour diminuer leur empreinte carbone, les opérateurs se sont donc déjà engagés sur plusieurs dizaines d’initiatives, parfois similaires (transition vers des énergies non fossiles, data centers à haute performance environnementale, amélioration de la performance environnementale des box d’accès à Internet, recyclage et reconditionnement des smartphones, reboisement, etc), parfois originales voire inattendues. Ainsi, Free Mobile, dans la plus grande discrétion, a mis en œuvre une idée simple sur ses 20 000 relais mobiles, depuis le mois de juin, pendant les heures creuses : “Nous avons décidé, entre minuit et 5h du matin, de désactiver certaines bandes de fréquences 4G, explique Thomas Reynaud. Elles se ré-activent automatiquement en cas de besoin comme la sortie d’un concert, par exemple. Cette extinction permet d’économiser jusqu’à 10% de la facture d’électricité. Je crois beaucoup à la théorie du colibri : chaque petit geste compte et peut faire la différence“. En annonçant ces coupures volontaires partielles, la nuit, plusieurs mois après leur mise en place, Free répond à l’avance à ceux qui critiqueraient une faiblesse du réseau après minuit : personne ne s’en était rendu compte ! Privilégier la connexion en WiFi Pour Bouygues Telecom, l’un des enjeux, c’est la prise de conscience du public avec une appli mobile gratuite à la disposition de tous, quel que soit son opérateur. Son nom ? Mon empreinte smartphone. Elle donne un équivalent carbone pour chaque action sur son smartphone : “Un smartphone, ça n’a pas de pot d’échappement. On ne voit pas forcément que ça pollue, c’est un peu immatériel, explique Anthony Colombani, directeur en charge de la responsabilité sociale et environnementale chez Bouygues Telecom. On trouve donc très important de sensibiliser nos clients à la sobriété numérique, de leur expliquer qu’il y a des petits gestes au quotidien qui permettent de moins consommer tout en gardant des usages qui correspondent à leurs attentes et à leurs envies. On n’est pas du tout dans l’écologie punitive. On a parfois un peu de mal à imaginer qu’un like, un clic ou une vidéo ont un impact environnemental“. L’un des conseils les plus efficaces ? Privilégier la connexion à Internet en WiFi – dont le rendement énergétique est meilleur - à chaque fois qu’elle est possible, plutôt que via son réseau mobile, même si la 5G s'avère nettement moins gourmande que la 4G. Selon Green IT, le numérique au sens large représente 3,8% des émissions de gaz à effet de serre. Et notre utilisation du numérique augmente de 40% par an. Il faut donc aller vite. Free a, par exemple, promis de faire le point, tous les six mois, sur la progression des indicateurs de suivi. L’enjeu est double : marketing - les clients sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux – et financier : les grandes agences de notation (Moody’s suivi par Standard and Poor’s) mesurent désormais la verdeur des entreprises - notamment des opérateurs télécom - et donc l’impact environnemental des produits financiers.

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