Mondial-2022 : France – Maroc, la parole est à la défense
AVANT-MATCH
Bounou, Saïss et Aguerd, la colonne vertébrale de la défense marocaine.
La demi-finale de Coupe du monde entre la France et le Maroc opposera mercredi la pire et la meilleure défense du tournoi. Analyse des forces en présence dans un secteur du jeu cher aux sélectionneurs Didier Deschamps et Walid Regragui.
Bien défendre, c'est "une forme d'art souvent mésestimée", rappelait Jules Koundé devant la presse en amont de la demi-finale France – Maroc qui doit se dérouler mercredi 14 décembre au stade Al-Bayt. Respectivement milieu défensif et latéral droit lors de leurs carrières respectives de joueurs, les sélectionneurs Didier Deschamps et Walid Regragui accordent un soin particulier à ce secteur de jeu du football.
Lors de la rencontre entre les Bleus et les Lions de l'Atlas, la défense devrait être au cœur du jeu entre l'ancienne meilleure défense au monde et l'actuelle. Décryptage des hommes clés des deux dispositifs.
Lors de la conquête de la deuxième étoile française en 2018, la forteresse défensive bâtie par Didier Deschamps avait joué un rôle capital. Mais la défense actuelle n'a plus la solidité d'antan. Et pour cause, avant la demi-finale, elle a ainsi encaissé un but à chacun de ses matches.
Il est vrai que Didier Deschamps a dû grandement renouveler sa dernière ligne. Du groupe de 2018, il ne reste plus que Raphaël Varane. Avec lui, le sélectionneur a fait le choix d'installer avec succès Dayot Upamecano, après le forfait de Presnel Kimpembe. Sur les côtés, Théo Hernandez a pris la place de son frère Lucas, blessé lors du premier match face à l'Australie, tandis qu'à droite, Jules Koundé, central de formation, a poussé sur le banc Benjamin Pavard. Cette défense n'avait jamais joué ensemble avant le match contre le Danemark.
Juste devant la défense, Aurélien Tchouaméni a succédé à N'Golo Kanté dans le rôle de la sentinelle. Un rôle qu'il dit accomplir avec "sobriété" à la demande de son entraîneur et qui fait de lui le garant de d'équilibre, quand ses compères du milieu, Antoine Griezmann et Adrien Rabiot, ont davantage le droit de se projeter. Mais la fébrilité n'est jamais loin pour ce néo-titulaire en bleu, à l'image de ce penalty concédé bêtement contre l'Angleterre.
"Cela ne nous inquiète pas particulièrement. On a une marge de progression. Il y avait des buts évitables. C'est une nouvelle défense. On n'a pas beaucoup de matches en commun donc on progresse à chaque fois", tempère Jules Koundé, qui dispute sa première Coupe du monde dans la peau d'un titulaire.
>> À lire aussi : Hugo Lloris, capitaine France et héros des Bleus
"L'important sera d'en mettre un de plus que nos adversaires", a rappelé le gardien, Hugo Lloris. Et si elle était là, la réinvention philosophique de Deschamps sur cette Coupe du monde au Qatar ? Un passage du "ne rien encaisser" à "inscrire plus de buts que l'équipe d'en face" en substance qui se traduit statistiquement : des quatre équipes en demi-finale, la France représente la pire défense (à égalité avec l'Argentine) mais la meilleure attaque (11 buts).
Du côté des Lions de l'Atlas, c'est plutôt l'inverse. L'entraîneur Walid Regragui a bâti une montagne impressionnante de solidité : un seul but encaissé depuis le début du Mondial – et il s'agissait en plus d'un but contre son camp de Nayef Aguerd. Depuis le 31 août et la prise de fonction du sélectionneur, aucun joueur adverse n'a poussé le ballon dans le filet du Maroc en huit matches.
"[Pour en arriver là en seulement quatre mois], on a paré au plus pressé : être bien organisé tactiquement, quitte à faire des sacrifices sur le jeu. Les joueurs y ont cru et ont adhéré au projet", a expliqué, mardi, Walid Regragui lors de la conférence de presse d'avant-match.
Comme l'a décrypté le quotidien L'Équipe, l'imperméabilité défensive du Maroc s'appuie sur deux éléments. Le premier consiste dans un verrouillage quasi total de l'axe. La charnière centrale Nayef Aguerd et Romain Saïss annihile toutes les offensives, épaulée par la sentinelle Sofyan Amrabat, l'un des meilleurs récupérateurs de cette Coupe du monde.
Et dans les couloirs, les Lions de l'Atlas ne laissent que les miettes à leurs adversaires : Boufal et Ziyech n'hésitent pas à sacrifier leurs talents offensifs pour jouer très près des latéraux. Résultat : un bloc compact laissant très peu la possibilité à ses adversaires de pénétrer dans la surface. Et quand tout échoue ? Il reste encorele gardien Bounou, très en forme au Qatar.
"Ils sont très compacts avec des lignes resserrées. Ils laissent peu de temps aux porteurs de balle pour s'organiser. Il faut jouer rapidement et essayer de les déséquilibrer", décrypte Jules Koundé.
Le liant dans tout ça ? "La solidarité et l'esprit d'équipe. L'esprit d'équipe est très important pour moi", assène Regragui. Et il applique ce précepte à la lettre lors des matches, n'hésitant pas à sortir ses cadres lorsqu'ils sont fatigués. Les remplaçants, même moins connus que les stars, savent se mettre au niveau.
Malgré l'incertitude concernant la présence d'Aguerd ou de Saïss, les Lions de l'Atlas vendront chèrement leur peau.