Mondial-2022 : le parcours réussi des équipes africaines, avec un Maroc exceptionnel
Les joueurs marocains célèbrent avec leurs supporters leur victoire face au Portugal (1-0) en quarts de finale du mondial au stade Al-Thumama à Doha, le 10 décembre 2022.
Le Mondial-2022 s’est terminé au Qatar, dimanche, avec la victoire de l’Argentine face à la France (3-3, t.a.b. 4-2). Cette compétition a été historique avec la performance hors normes du Maroc, première sélection africaine à atteindre la demi-finale. Le Sénégal a aussi fait un parcours correct malgré une nette élimination en huitièmes face à l’Angleterre. La Tunisie, le Cameroun et le Ghana – éliminés en phase de poules – peuvent nourrir des regrets.
Clap de fin pour la Coupe du monde au Qatar. Les sélections africaines en lice ont connu des destins divers durant ces dernières semaines : deux sélections ont participé aux matches à élimination directe – dont le Maroc, qui s’est hissé jusqu’en demi-finale – et trois nations ont été éliminées dès les phases de poules.
C’est en tout cas un Mondial-2022 réussi pour le continent africain par rapport à celui qui s’était tenu en Russie il y a quatre ans : le Nigeria, l’Égypte, le Maroc, la Tunisie et le Sénégal étaient alors sortis dès le premier tour. Au Qatar, le football africain a pris rendez-vous avec le football mondial pour les prochaines échéances internationales.
Et ce n’est pas Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, qui dira le contraire. Après le match de la troisième place perdu face à la Croatie (2-1), le coach s’est dit “persuadé” que “dans 15, 20 ans (...) une équipe africaine gagnera la Coupe du monde parce qu'on aura appris”. Et il a poursuivi : “On a un palier à passer. Il faut bâtir sur ça. Avec du travail, avec de l'envie. Cet ADN (de la victoire, NDLR), on ne le construit pas que pour le Maroc, mais pour le continent" africain.
Les Lions de l’Atlas ont été la locomotive du football africain durant ce mondial au Qatar. Ils sont d’abord parvenus à sortir premiers du “groupe de la mort” qui leur était promis en faisant match nul (0-0) contre la Croatie – finaliste du Mondial-2018 – et en battant (0-2) la Belgique – troisième de la compétition en Russie il y a quatre ans.
Une performance de taille… qui s’est poursuivie lors des matches à élimination directe. Le Maroc a fait barrage au tiki-taka espagnol en huitièmes de finale (0-0, t.a.b. 3-0) avant de prendre le meilleur sur le Portugal en quarts de finale (1-0). La sélection coachée par Walid Regragui s’est alors hissée jusqu’en demi-finale de la compétition internationale – face à la France (défaite 2–0).
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Le Maroc est ainsi devenu la première nation africaine à accéder à ce stade de la compétition, brisant le plafond de verre des quarts de finale – niveau auquel étaient parvenus le Cameroun, en 1990, le Sénégal, en 2002, et le Ghana, en 2010. Malgré une défaite lors de la “petite finale” face à la Croatie, les Lions de l’Atlas ont montré la voie à suivre pour les prochaines compétitions internationales.
“Il ne faut pas avoir de complexe d'infériorité", a expliqué le défenseur marocain Romain Saïss. "Aujourd'hui, les équipes africaines sont toutes composées de très grands joueurs, pas seulement celles qui étaient là (au Qatar)". Et de poursuivre : "J'espère que (le parcours du Maroc) servira d'exemple pour l'avenir, qu'il y aura de plus en plus d'équipes africaines qui atteindront les demi-finales".
Les Lions de la Teranga ont apporté leur contribution au mondial des sélections africaines. Malgré une défaite inaugurale face aux Pays-Bas (0-2), le Sénégal est sorti deuxième de son groupe après deux victoires face au Qatar (1-3) et face à l’Équateur (1-2), se hissant jusqu’en huitièmes de finale pour une affiche face à l’Angleterre.
Mais la marche a semblé trop haute face aux Three Lions (défaite 3-0) malgré un bon début de match des Lions de la Teranga. "Il nous manquait quelques joueurs clés” a déclaré le gardien Édouard Mendy après la rencontre. ”Aujourd'hui se sont ajoutées les absences d'Idrissa (Gana Gueye) et de Cheikhou (Kouyaté). Quand vous jouez contre une équipe comme ça, c'est clair que c'est tout de suite compliqué. Mais tout au long du tournoi et tout au long de l'année, on a montré que le Sénégal n'était pas qu'un joueur mais un groupe. On va continuer à avancer, à progresser, et on reviendra plus fort à la Coupe du monde 2026.”
L’absence de Sadio Mané au Mondial-2022 – pour cause de blessure au péroné droit – a aussi probablement joué dans la performance du Sénégal : l’attaquant du Bayern Munich est un joueur majeur et le capitaine de la sélection. Il avait d’ailleurs montré la voie du succès à ses coéquipiers en février dernier, lors de la première victoire du Sénégal dans une Coupe d’Afrique des nations – face à l’Égypte (0-0, 4-2 t.a.b.).
Les Aigles de Carthage ne sont pas parvenus à passer la phase de poules, mais ils sont passés près d’une qualification en huitièmes de finale. Après une première rencontre où elle a posé des problèmes au Danemark avant de tenir le match nul sans craquer (0-0), la Tunisie est passée à côté de son match face à l’Australie (0-1). C’est le tournant de sa compétition : menée au score, elle n’est jamais parvenue à obtenir au moins le point du match nul malgré plusieurs occasions.
Ce précieux point aurait pu compter double au moment d’aborder la dernière journée de la phase de poules : il aurait, en effet, pu permettre aux Tunisiens de terminer deuxièmes de leur groupe… avec un point d’avance sur l’Australie. Car pendant que ces derniers l’emportaient face au Danemark (1-0), les Aigles de Carthage s’offraient une victoire de prestige face à une équipe de France remaniée grâce à un but de Wahbi Khazri (1-0).
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“On ne sort pas par la petite porte”, a déclaré le capitaine tunisien après la victoire face aux Bleus. “On a fait un bon match, montré de bonnes choses. On a fait un vrai match d'équipe. Il y a la déception de ne pas se qualifier malgré quatre points… on ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes après notre défaite contre l'Australie, ça laisse un petit goût amer”. Le sélectionneur tunisien, Jalel Kadri, a reconnu que l’objectif de se qualifier en huitièmes “n’a pas été rempli”, tout en nuançant : “Cela n'a pas été facile de récolter quatre points (...). Nous quittons la compétition, mais avec beaucoup d'honneur et de fierté.”
Les Lions indomptables ont mal démarré le Mondial-2022 avec une défaite inaugurale face à la Suisse (1-0), avant de se ressaisir face à la Serbie – les deux équipes ont livré l’un des matches nuls les plus spectaculaires de la compétition (3-3). Avec un point inscrit en deux journées, l’affaire semblait quasiment entendue pour le Cameroun avant sa dernière rencontre…
La sélection africaine aurait pu se hisser en huitièmes de finale à la faveur d’un concours de circonstances : le Cameroun devait battre le Brésil – ce qu’il a fait, s’offrant une victoire de prestige dans la compétition (1-0) – et la Suisse ne devait pas gagner face à la Serbie… ce qui s’est finalement produit (victoire 2-3).
Les Lions indomptables ont fait preuve de panache durant toutes leurs rencontres, mais la jeunesse – et l’inexpérience – de la sélection a probablement compté au moment de jouer une qualification en huitièmes. Le sélectionneur du Cameroun, Rigobert Song, n’a pas dit autre chose après le match contre le Brésil : “C'est une jeune équipe, on a vu notre jeunesse qui monte en puissance, c'est à souligner. (...) La Coupe du monde nous permet d'apprendre et de ne plus commettre les erreurs des premiers matches (...). C'est un regret, on s'est rendu compte qu'on pouvait faire mieux. (...) C'est dommage qu'on s'arrête là, mais il faut garder le positif.”
Les Black Stars avaient affaire à un adversaire de choix lors de leur premier match : face au Portugal, ils ont livré un match spectaculaire mais se sont inclinés au bout du suspense (défaite 3-2). Le Ghana n’a pas pour autant baissé les bras et s’est imposé sur le même score pour sa deuxième rencontre face à la Corée du Sud (3-2).
Au moment d’aborder la dernière journée, une qualification en huitièmes était encore possible pour les Black Stars – à condition de battre l’Uruguay et que la Corée du Sud ne gagne pas contre le Portugal. C’est tout l’inverse qui s’est produit : les Coréens ont créé l’exploit (victoire 2-1) et le Ghana s’est incliné (défaite 0-2) dans un match qui ressemblait à une revanche de la rencontre polémique entre les deux équipes, lors du Mondial-2010.
Face à l’Uruguay, André Ayew a raté un penalty, douze ans après celui d'Asamoah Gyan contre le même adversaire pour une place en demi-finale – après la main volontaire de Luis Suarez. Après ce tir manqué, les Uruguayens ont marqué deux fois et scellé le sort des Black Stars. De quoi laisser les joueurs ghanéens amers mais aussi optimistes, à l’image du milieu défensif Daniel Amartey : “C'est le football, ça arrive. Si on marque ce penalty, je pense qu'on les tue. Mais on le rate, et on a vu le match changer. (...) C'est la vie. On continue. C'était ma première Coupe du monde, j'ai beaucoup appris. On se qualifiera pour le prochain Mondial et on reviendra".