Meta licencie, les géants de la tech victimes du ralentissement économique
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Isabelle Labeyrie et rédaction internationale
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Les équipes commerciales seront les plus touchées par les licenciements annoncés chez Meta, dans toutes les divisions de l'entreprise : Facebook, Instagram, WhatsApp et les unités de développement du métavers, cet univers parallèle présenté comme l'avenir d'internet. Meta, qui compte 87 000 employés à travers le monde, va aussi réduire ses bureaux et geler les embauches jusqu'en mars prochain. Chaque salarié recevra 16 semaines de salaire de base et deux semaines supplémentaires pour chaque année de service, ainsi que tous les congés payés restants. C'est son premier plan en 18 ans d'existence pour Facebook, devenue Meta l'an denier. Jamais la Silicon Valley n'avait connu de départ aussi massif.
Marck Zuckerberg regrette, mais assume
Il assume : il s'est trompé. Marck Zuckerberg, les yeux rougis, l'a dit mercredi 9 novembre à ses employés, dans une brève intervention en visio à laquelle a pu assister l'agence Reuters. En 2020, dès le début de la pandémie de Covid, avec le travail à distance les médias sociaux et le commerce en ligne explosent. Meta anticipe une forte augmentation des revenus, recrute massivement (plus de 40 000 personnes), investit de manière "surdimensionnée et terrifiante" dira plus tard un actionnaire. Notamment dans le métavers, avec des investissements coûteux qui, selon Marc Zuckerberg lui-même, mettront une décennie à porter leurs fruits, 15 milliards de dollars ont déjà été engloutis.
Deux ans plus tard, c'est la douche froide de l'inflation et du ralentissement économique. dans un contexte où la concurrence comme celle du chinois TikTok devient de plus en plus sérieuse. Meta regarde son chiffre d'affaire, ses recettes publicitaires et ses bénéfices fondre comme neige au soleil. L'entreprise a perdu en 2022 plus de 70 % de sa valeur : Meta Platforms Inc, qui valait autrefois plus de 1 000 milliards de dollars, est maintenant évalué à 256 milliards de dollars. Elle a perdu 9,44 milliards de dollars de janvier à septembre de cette année, et les pertes devraient augmenter considérablement en 2023.
Zuckerberg se dit "particulièrement désolé" mais il doit dégraisser, faire baisser sa masse salariale pour continuer à investir dans le metavers. Les marchés d'ailleurs saluent sa décision : l'action Meta a progressé de plus de 4% mercredi 10 novembre, les investisseurs saluant la prudence de l'entreprise.
Aucune entreprise n'est épargnée
Meta, d'ailleurs, n'est pas le seul géant de la Tech à être aujourd'hui en difficulté. Twitter, après son rachat par Elon Musk, a annoncé le licenciement de 3 500 salariés, la moitié de ses effectifs. Amazon de son côté met aussi en avant un environnement macro-économique "inhabituel" pour expliquer la suspension temporaire de toute embauche dans ses bureaux. Le groupe s'attend à une croissance de 2% à 8% au quatrième trimestre, ce qui est plutôt faible pour ses standards.
La semaine dernière, deux autres sociétés de la Silicon Valley ont annoncé des licenciements de grande ampleur : Lyft (une applications de VTC, de voitures avec chauffeurs) et Stripe (une plateforme de paiement pour le commerce en ligne). Avec les mêmes argumentaires : inflation persistante, choc énergétique, taux d'intérêt plus élevés, financements plus rares.
Nous avons "trop embauché pour le monde dans lequel nous sommes actuellement" a dit le directeur général de Stripe, et nous avons été "bien trop optimiste sur la croissance de la tech pour 2022 et 2023". Même Microsoft, peut-être la société la plus fiable du secteur, a prédit un ralentissement au moins jusqu'à la fin de l'année. De la petite à la grande entreprise, personne n'est à l'abri. "Et si nous nous étions trompés sur la tech ?" demande le Financial Times cette semaine. Une chose est sûre, les jours grisants de la croissance sans limite de la tech sont terminés.