Martinique : multiplication des barrages au troisième jour de grève générale
Des voitures calcinées sont enlevées de la chaussée, le 24 novembre 2021, à Fort-de-France, en Martinique.
Les barrages routiers et les incendies se multipliaient mercredi soir en Martinique où une grève générale dure depuis trois jours pour protester contre l'obligation vaccinale des soignants contre le Covid-19.
La situation s’envenimait, mercredi 24 novembre, en Martinique, au soir du troisième jour de grève générale, avec la multiplication des barrages sur les principaux axes routiers de l’île, secouée comme sa voisine la Guadeloupe par une contestation du vaccin anti-Covid obligatoire pour les soignants, qui tourne à la violence dans certains quartiers.
Au Robert, un supermarché a été incendié, ont indiqué à l'AFP les pompiers, qui précisent n'intervenir qu'en présence des forces de l'ordre, après avoir essuyé plusieurs tirs de projectiles lors de leurs missions.
En Guadeloupe, deux ronds-points de Baie-Mahault (Basse-Terre), jusque-là épargnés par les blocages, étaient barrés et incendiés mercredi soir, selon une source de gendarmerie, après une journée plutôt calme.
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Les autorités de Martinique ont ouvert mercredi la porte au dialogue avec l'intersyndicale qui a lancé les blocages lundi sur l'île et envisage de durcir le ton.
"Nous avons reçu une invitation à une rencontre jeudi matin à 10 h (15 h à Paris, NDLR) avec le préfet et le président du conseil exécutif (de la Collectivité territoriale de Martinique Serge Letchimy) à la préfecture", a annoncé à la presse Éric Bellemare, secrétaire général de Force ouvrière Martinique mercredi après-midi lors d'un point presse.
Cinq personnes interpellées
Une invitation arrivée alors que les membres de l'intersyndicale menaçaient "de prendre d'autres dispositions" face au "mépris affiché par la préfecture", avait lancé le représentant syndical.
Les leaders des 17 organisations syndicales, qui ont lancé un appel à la mobilisation en Martinique depuis lundi, devaient se tourner vers leurs bases respectives pour décider des actions à venir.
Les syndicats ont tout de même prévenu qu'ils ne comptaient pas baisser la garde. "Si jusqu'à présent l'État a fait de petits pas, c'est grâce au rapport de force", a observé Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGTM. Les barrages pourraient donc persister.
La préfecture de Martinique avait déjà signalé "des événements très violents (...) dans l'agglomération de Fort-de-France" dans la nuit de mardi à mercredi. "Sept policiers et cinq gendarmes ont été légèrement blessés mais ils n'ont pas été hospitalisés", selon la même source.
"Cinq personnes ont été interpellées et se trouvent toujours en garde à vue pour tentatives d'homicide et violences aggravées sur personnes dépositaires de l'autorité publique, dégradations par incendie, port et détention d'armes, participation à des attroupements armés. Ils ont tous été déjà condamnés", a-t-elle ajouté.
Couvre-feu jusqu’à samedi en Guadeloupe
En Guadeloupe, la préfecture, qui a prolongé le couvre-feu jusqu'à samedi, a annoncé que deux gendarmes avaient "été légèrement blessés" et six interpellations réalisées, durant la nuit de mardi à mercredi.
Le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu a assuré qu'en Guadeloupe, "la réponse pénale est en cours : pratiquement une centaine d'interpellations au moment où je vous parle".
Depuis Paris, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé une "minorité récalcitrante" et "violente" qui prend "toute une île en otage".
"La santé publique ne peut pas être instrumentalisée à des fins politiques", a-t-il insisté à l'issue du Conseil des ministres lors duquel le président Emmanuel Macron a "rappelé que notre objectif, notre cap, c'est de protéger les Guadeloupéens".
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes mercredi en Guadeloupe après des incidents en marge des rassemblements, dont la mort d'un jeune homme, lundi soir, à proximité du barrage de Sapotille.
Le ministre des Outre-mer réunira jeudi en visio-conférence "l'ensemble des élus de la Guadeloupe" pour aborder les mesures sanitaires mais aussi de la question de la jeunesse "qui se retrouve sur les barrages".
Avec AFP