Lyon : ce que l'on sait de la mort d'un bébé empoisonné dans une crèche privée
Une employée de crèche a été mise en examen. Elle est suspectée d'avoir tué un nourrisson après lui avoir fait ingérer un produit ménager toxique. Depuis, des parents du secteur réclament un meilleur encadrement dans ces structures.
L'affaire a provoqué l'émoi et une vague de suspicion dans l'agglomération lyonnaise. Mercredi 22 juin, en début de matinée, une fillette âgée de 11 mois est morte après avoir été retrouvée inconsciente dans une crèche privée du 3e arrondissement de Lyon. Les enquêteurs ont rapidement soupçonné une employée de la structure, qui a depuis avoué avoir empoisonné le nourrisson. Sous le choc, des parents demandent des garanties pour que ce type de drame ne puisse plus se reproduire.
La fillette a été empoisonnée avec du déboucheur pour canalisations
Mercredi 22 au matin, les pompiers interviennent dans une crèche du réseau People & Baby pour prendre en charge une fillette inconsciente et dans un état grave. L'enfant est transportée à l'hôpital, où elle meurt après plusieurs tentatives de réanimation.
"L'unique employée de la crèche présente au moment des faits" est placée en garde à vue et interrogée, relate le parquet dans un communiqué. Les déclarations de cette femme, au cours de ses premières auditions, ne permettent pas de "corroborer la thèse accidentelle". La suspecte reconnaît "finalement qu'excédée par les pleurs de l'enfant, elle l'a aspergée puis lui a fait ingérer un produit caustique", du Destop, un produit chimique utilisé pour déboucher les canalisations.
L'employée de la crèche est poursuivie pour "homicide volontaire"
A la lumière de ses aveux, l'employée a été déférée vendredi "en vue de sa mise en examen" pour "homicide volontaire sur mineur de 15 ans", a annoncé le parquet, qui a requis son placement en détention provisoire. La suite des investigations devra "déterminer les circonstances exactes" de ce drame et "approfondir les éléments relatifs à la personnalité" de l'employée.
"Elle s'est effondrée en garde à vue, elle regrette profondément ce geste", a précisé son avocat Philippe Duplan, interrogé par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. "A ce stade, la qualification de ses actes peut encore évoluer, notamment après expertise psychiatrique." Selon son conseil, l'employée de crèche n'avait pas l'intention de donner la mort à l'enfant et se trouvait depuis quelque temps dans un "contexte personnel particulier".
La jeune femme ne dormait plus depuis plusieurs semaines, notamment parce que son conjoint avait été placé en détention, a relaté l'avocat, cette fois à 20 Minutes. Elle était employée en CDI dans la crèche depuis mars. Il s'agissait du premier emploi en crèche pour cette auxiliaire de puériculture de 27 ans, qui venait de passer son CAP petite enfance.
Le gestionnaire promet la présence d'au moins deux employés par crèche à l'ouverture et à la fermeture
L'avocat de la suspecte s'interroge par ailleurs sur la responsabilité de la structure dans cette affaire, jugeant que la jeune femme n'aurait peut-être pas dû être laissée seule au contact d'enfants, vu son état psychologique.
Face à l'émoi des jeunes parents, People & Baby, le gestionnaire de la crèche, a contacté certaines familles par e-mail, a rapporté 20 Minutes. La direction régionale du groupe a notamment promis d'augmenter le nombre d'encadrants, pour assurer la présence d'au moins deux employés à l'ouverture et à la fermeture des établissements.
Le groupe privé déjà cible de critiques par le passé
Ce n'est pas la première fois que l'entreprise People & Baby est mentionnée dans des soupçons de maltraitance. En décembre 2021, une famille a porté plainte pour coups et blessures sur une fillette de 4 mois, dans une autre crèche du réseau, a rapporté le média Lyon Mag. Selon la famille, la plainte n'a pour l'instant suscité aucune réaction du groupe, qui gère plus de 700 crèches à travers toute la France.
En février dernier, des salariés d'une autre crèche People & Baby, cette fois à Dijon (Côte-d'Or), se sont mis en grève pour dénoncer les conditions d'accueil des enfants de leur structure. Températures glaciales faute de chauffage, machines défectueuses, matelas arrachés : les grévistes déroulaient une longue liste de doléances. "On ne se sent pas professionnelles. On se sent complices de cette maltraitance", racontait une employée, sous couvert d'anonymat. En réaction, le conseil municipal de la ville de Dijon a depuis confié la gestion de la crèche à un autre groupe.