Lula, chants et ferveur : le dernier voyage de Pelé à Santos
REPORTAGE
Le cortège funéraire de Pelé a été escorté par la foule pendant de longues heures.
Les funérailles de Pelé se sont achevées mardi par un hommage du président Lula puis un cortège grandiose au milieu des rues de Santos. De quoi rassurer les Brésiliens sur l’héritage du "roi" du football. Reportage.
Pelé a rejoint sa dernière demeure. Une impressionnante nécropole verticale de 14 étages, située à deux pas du stade de Vila Belmiro où le "roi" du football a fait les beaux jours du Santos FC. Son enterrement dans la plus stricte intimité familiale mardi 3 janvier a conclu une longue séquence de deuil et d'hommages qui laissent le Brésil orphelin de son "roi".
Les premières heures de la journée ont été marquées par la fin de la veillée funèbre de 24 heures organisée par le club. Plus de 230 000 personnes ont défilé sur la pelouse pour rendre un dernier hommage à la légende qui reposait sous une immense tente, dans un cercueil enveloppé d'un drapeau brésilien.
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Pour son premier déplacement officiel depuis son investiture, le président Lula est venu en personne rendre hommage à celui qui avait été décrété de son vivant "monument national". Arrivé près du stade en hélicoptère, il a été accueilli par les applaudissements de ses supporters. Pendant quelques minutes, le président a volé la vedette au "roi", décédé le 29 décembre. Ensuite, Lula a présenté ses condoléances à la veuve de Pelé puis a assisté à une brève cérémonie religieuse devant la dépouille alors que le stade fermait ses portes au public.
Chants, pétards et feux d'artifice
Alors que le chef de l'État s'éclipsait, le cercueil a été fermé et la dépouille portée au sommet d'un camion de pompiers. C'est le coup d'envoi d'une nouvelle étape de l’hommage des Brésiliens : après le recueillement, place à un instant festif. Le cortège funèbre s'est élancé au milieu d'une foule compacte pour arpenter la ville du "roi".
"Santos ! Santos ! Santos !", "Pelé ! Pelé ! Pelé !", "Mille buts !"... Se tapant la poitrine, les "torcidas" – les groupes de supporters brésiliens – mettent tout leur cœur dans les derniers chants pour l'idole de leur club et du Brésil. Des pères portent leurs enfants sur leurs épaules pour leur faire apercevoir une dernière fois Pelé tandis que des feux d'artifice et des pétards éclatent. Le cortège a bien du mal à manœuvrer au milieu de la ferveur populaire. Au passage près de la plage de la ville, tous les baigneurs sortent de l’eau pour rendre hommage au "roi".
"C'est un très bel hommage en son honneur. Tout a été fait pour lui rendre honneur. Les gens sont venus du monde entier", explique Selia Regina, une native de Santos de 62 ans. "J'étais très émue de passer près de son cercueil. Il était tellement aimé. C'est notre roi. Il le sera pour toujours. Il méritait tout ça."
Enveloppé dans un drapeau de Santos, Gabriel Barbara pense que l’héritage de Pelé vivra pour toujours : "Les sentiments sont partagés. Il y a de la tristesse car il est mort mais il y aussi de la joie pour tout ce qu’il nous a légué. Il a inspiré le monde entier et ça va rester. Il est donc éternel", explique l’homme de 38 ans.
Près de son père, son frère et sa fille
Au milieu de la ferveur populaire, le défilé offre un dernier moment d’émotion en passant devant la maison de "Dona Celeste", la mère de Pelé. La matriarche de 100 ans est atteinte de troubles cognitifs et n'a pas conscience de la mort de son fils. C’est donc la sœur de la star qui sort au balcon pour saluer la foule nombreuse.
Tout au long du parcours, les groupes de supporters escortent fièrement leur "roi", à grand renfort de batucadas. Le camion de pompiers peine à prendre le dernier virage qui éloignera Pelé définitivement de son public sous les immenses banderoles de Santos. À cet instant, même le ciel lâche quelques larmes : la pluie fait son apparition pour la première fois depuis le début du deuil des Brésiliens.
Il est déjà près de 14 h quand il arrive au pied de la nécropole verticale, la première d’Amérique latine. Le roi l’avait choisie lui-même de son vivant car "celle-ci ne ressemble pas à un cimetière". Son père, son frère et sa fille y reposent déjà. Nul doute que son mausolée au premier étage va devenir un lieu de pèlerinage pour des générations de fans de football.