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Les réseaux sociaux, nouveaux profs d'éducation sexuelle des adolescents

Le sexe sur Internet ne se résume pas aux sites pornographiques. Les comptes foisonnent sur différents réseaux sociaux, Instagram, Snapchat, YouTube, Discord... Pratiques et discrets, ce sont les supports préférés des adolescents qui cherchent des réponses à leurs questions sur la sexualité sur leur téléphone, sans personne pour les déranger. Et sur ces comptes, il n'y a pas de tabous. "Peut-on tomber enceinte sans éjaculation avec le liquide pré-séminal ? Le lubrifiant à quoi ça sert, c'est quoi ce truc ? Peut-on transmettre des IST [infections sexuellement transmissibles] ou MST [maladies sexuellement transmissibles] par la bouche ? Trembler lors d'un orgasme est-ce que c'est normal ?" Camille qui tient le compte Instagram La FAQ de Camille (@lafaqdecamille) reçoit une multitude de questions. Elle y répond sans filtre. "Tout ce que vous appelez les préliminaires, c'est-à-dire lécher, sucer les doigts, ça c'est du sexe. Donc, quand vous me dîtes 'moi je suis vierge, je n'ai pas fait ma première fois', si ! Vous avez fait votre première fois. Il ne faut pas ramener sa première fois à zizi dans zézette". Des réponses rassurantes Les jeunes peuvent trouver sur les réseaux sociaux des réponses rassurantes, expliquent Lila, Nina et Anna, trois copines de 18 ans. Lila s'interrogeait sur la masturbation féminine. "J'avais beaucoup de questions parce que c'était vraiment au départ assez tabou. Une fille qui se masturbait, dans mon lycée ou dans mon collège, c'était une fille un peu sale, développe-t-elle. Et ça nous a juste appris àtous que c'était normal et qu'on pouvait le faire". Nina avait de son côté des question sur le corps : "On a tous ce que les gens appellent des défauts et des imperfections. Mais en fait, c'est normal, tout le monde a ça. Par exemple, est-ce que je suis trop grosse ? Est-ce c'est normal d'avoir de la graisse à tel endroit, des vergétures, des poils, aussi ? En fait, oui, tout est normal", explique Nina, 18 ans.  Les établissements scolaires n'organisent pas assez de séances d'éducation sexuelle et elles sont souvent trop formelles. Et puis souvent, les adolescents ne sentent pas à l'aise pour discuter librement de sexualité avec leurs parents ou avec leurs amis.  L'émergence des mouvements #MeToo et #Balancetonporc a changé la manière d'aborder la sexualité. Yaëlle Amsellem-Mainguy, co-autrice du livre Les Jeunes, la sexualité et internet et chargée de recherche à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), constate que les internautes parlent de consentements, de pansexualité, du plaisir féminin. "Depuis une dizaine d'années, le clitoris investit les vidéos des youtubeurs et youtubeuses, autour du plaisir féminin, du désir féminin. En introduisant la question du clitoris, on vient aussi remettre en question des schémas normatifs hétérosexuels, hétérosexistes dans la société. Depuis #MeToo, on voit vraiment combien les femmes et les jeunes femmes ont pris de la place et sont devenues visibles". Les lignes ont bougé car de nouveaux acteurs et actrices ont investi ces réseaux sociaux pour parler d'une sexualité plus ouverte. Certains de ces youtubeurs ou instagrameurs sont formés, ils ou elles s'occupent d'éducation sexuelle à l'école ou dans des associations. Mais il y a également de simples citoyens, souvent des jeunes femmes féministes comme Jüne Plã, autrice du livre Jouissance club. Elle est aujourd'hui suivie par plus de 900 000 abonnés sur Instagram (jouissance.club) et elle a parfois du mal à suivre. "C'est un peu lourd. À la base, je suis illustratrice, je ne suis pas éducatrice sexuelle, ni gynéco, ni sexologue. Quand je suis arrivée sur Instagram, je voulais juste partager mes dessins pour essayer de faire un peu sortir les gens de cette sexualité que je trouvais trop pénétro-centrée." Les auteurs de ces contenus prennent une importante responsabilité mais le sociologue Arthur Vuattoux estime qu'ils ont une bonne influence. "On n'expérimente pas sa sexualité de la même manière quand on a déjà entendu parler de consentement, comme c'est quand même le cas aujourd'hui pour beaucoup de jeunes. Il est probable que cela ait un impact. Ça ne gomme sans doute pas les violences entre jeunes dans l'entrée dans la sexualité, mais sans doute que oui, ça change les choses". 

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