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Les enfants et les adolescents face aux violences dans le sport

Les violences verbales et physiques sont aujourd’hui en augmentation sur les terrains de football et autour : batailles diverses, joueurs insultés, agressions d’arbitres etc. Or le sport a toujours été considéré comme un lieu d’éducation, et d’apprentissage des valeurs pour les enfants et les adolescents.   On évoque aujourd'hui un grand écart dans le monde du sport : celui entre les valeurs très fortes que transmet le sport, et notamment le football, à beaucoup de jeunes Français. Et l'image de ce sport, régulièrement ternie par des incidents entre joueurs, entre supporteurs, entre joueurs et supporters. On l'a vu lors de la relégation de Saint-Etienne récemment, par exemple. Et même entre supporteurs et forces de l'ordre, comme lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France. Des violences verbales et physiques en augmentation sur les terrains de football et autour. Or le sport a toujours été considéré comme un lieu d’apprentissage des valeurs pour les enfants et les adolescents.   franceinfo : Pensez-vous que ces violences puissent avoir un impact sur les enfants et les adolescents ?  Claude Halmos : Ces violences ont un impact important sur les enfants et les adolescents parce que le foot est très important pour eux. C’est un outil d’éducation parce qu’il leur permet d’exprimer, dans les matchs, leur envie de combattre, et donc leur agressivité. Mais en même temps de la socialiser, parce que les matchs sont des combats codifiés, avec des règles précises, garanties par un arbitre qui est, comme l’entraîneur, investi d’une autorité que l’on respecte.   Il permet aussi l’apprentissage de la vie de groupe au sein d’une équipe, et du rapport à l’équipe adverse, c’est-à-dire à des alter ego posés comme des adversaires, et non des ennemis à abattre par n’importe quel moyen. Donc c’est une école de la vie où les enfants et les adolescents peuvent, du fait de leur passion pour le foot, comprendre et accepter des choses qu’ils n’accepteraient pas forcément au dehors.   Et certains joueurs sont pour eux des idoles...    Oui, et des modèles très positifs parce que les jeunes savent que, pour réussir, ces grands joueurs ont dû travailler, et respecter les règles comme on leur demande, à eux, de le faire. Et puis ces joueurs leur permettent d’accéder au rêve et à l’espoir dont ils sont très souvent privés, parce qu’ils manquent de l’apport culturel dont ils auraient besoin pour imaginer autre chose que leur monde. Et parce que les difficultés économiques de leurs familles, qui rendent l’avenir incertain, laissent peu de place à l’espoir. Voir des joueurs qui ne venaient pas de milieux plus favorisés qu’eux, réussir, c’est donc pour eux une porte qui s’ouvre, et un appui pour avoir envie d’apprendre l’effort, et la concentration, si nécessaires par ailleurs à leur scolarité. Pour ces enfants et ces adolescents, le foot est un univers structurant, mais la violence, si elle l’envahit, peut le détruire.   De quelle façon ?   La violence ramène ces jeunes à ce qu’ils connaissent dans leurs vies, et elle casse aussi bien la magie du foot que les repères qu’il leur donnait Les combats entre supporters ou avec les forces de l’ordre, quelle qu’en soit l’origine, n’ont rien de codifié. Les arbitres attaqués c’est l’idée qu’une autorité que ces jeunes pouvaient reconnaître et respecter, parce qu’ils en avaient compris le sens, peut être niée. Et les cris de singe, qui réduisent un joueur, aussi talentueux soit-il, à la couleur de sa peau pour le discriminer, font chuter l’idée que l’on pourrait s’en sortir, et donc l’espoir. L’univers du foot qui faisait partie des choses qui pouvaient, en rendant le monde plus beau, leur donner envie de vivre, est donc rattrapé par la médiocrité, et c’est pour eux profondément déprimant. Et à l’heure où les symptômes dépressifs sont en augmentation chez les adolescents, ce n’est pas anodin.    

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