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Les États généraux de l'information espèrent mobiliser les Français

La France lance mardi les États généraux de l'information qui ont pour but d'aboutir à des propositions de modifications législatives et des recommandations pour "garantir le droit à l'information à l'heure numérique", espère Christophe Deloire, délégué général du comité de pilotage indépendant des États généraux, par ailleurs secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). Fausses infos, mainmise des milliardaires, révolutions technologiques, défiance envers les journalistes: les Etats généraux de l'information sont lancés pour tenter de fixer des "règles du jeu" Fiabilité de l'info, indépendance des journalistes, protection des sources : lancés mardi 3 octobre, les États généraux de l'information espèrent mobiliser le grand public sur ces questions rendues brûlantes par l'actualité. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, en 2022, ces États généraux dureront jusqu'à l'été 2024. Ils aboutiront à des propositions de modifications législatives ainsi qu'à des recommandations au secteur. Les Français sont appelés à faire des propositions lors d'une consultation en ligne ouverte jusqu'au 12 novembre, accessible via le site etats-generaux-information.fr. Malgré un périmètre très vaste, les États généraux doivent déboucher sur "des propositions concrètes" pour "garantir le droit à l'information à l'heure numérique", a espéré Christophe Deloire, délégué général de leur comité de pilotage indépendant, lors de la conférence de presse de lancement à Paris. "Nous proposerons" mais ce sera "au pouvoir politique de décider", a renchéri le président du comité, Bruno Lasserre, de la Cada (Commission d'accès aux documents administratifs). Selon lui, il s'agit de s'inscrire dans le "temps long", ce qui "va susciter peut-être des impatiences". Syndicats méfiants Pour cela, le comité entend donner la "priorité à la participation citoyenne", montée en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), selon Christophe Deloire, par ailleurs secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). Intéresser le grand public semble toutefois être une gageure, d'une part car ces questions sont techniques et de l'autre car la perte de confiance dans les médias est une tendance de fond des dernières années. Outre cette participation citoyenne, les États généraux veulent impliquer les professionnels, qui pourront formuler leurs propositions. Des auditions seront organisées. Dans un communiqué commun, quatre syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT et FO) ont toutefois dit "craindre que ces États généraux ne se résument qu'à une nouvelle opération de communication", en exigeant d'y être associés. Les États généraux s'appuieront aussi sur cinq groupes de travail en cours de constitution : "espace informationnel et innovation technologique", "citoyenneté, information et démocratie", "avenir des médias d'information et du journalisme", "lutte contre les ingérences étrangères" et "État et régulation". Parmi les dix priorités listées figure le fait de "s'assurer que les plateformes mettent en place des dispositifs pour la fiabilité et l'information". Un enjeu crucial à l'heure où les réseaux sociaux sont une source d'information majeure chez les jeunes, avec les risques de désinformation qui vont avec. Selon un sondage Harris Interactive réalisé auprès de 2 000 personnes et dévoilé par le comité de pilotage, 43 % des Français disent avoir des difficultés à trouver une information fiable. Indépendance "Protéger le droit au secret des sources" est également une des dix priorités. Une question propulsée sur le devant de la scène par la récente garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, après une enquête sur une mission de l'armée française en Égypte. Cela a indigné la profession et des rassemblements sont prévus mardi à 18 h 30 à Marseille ou Strasbourg. Autre priorité, "moderniser les règles en matière de pluralisme et de concentration des médias", alors que nombre d'entre eux appartiennent à quelques milliardaires (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé...). Cela pourrait entraîner une modification de la loi de 1986 sur l'audiovisuel, et un texte est également examiné au niveau européen. Cette question est directement liée à celle de l'indépendance, elle aussi érigée en priorité : comment garantir que les propriétaires de médias n'influent pas sur leur ligne éditoriale ? L'interrogation a resurgi cet été avec la grève au JDD (Journal du dimanche), dont la rédaction s'est opposée en vain à l'arrivée comme directeur du journaliste Geoffroy Lejeune, marqué à l'extrême droite. Beaucoup y ont vu la main de l'ultra-conservateur Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi est en passe d'avaler Lagardère, propriétaire du JDD. Partis en masse, les anciens du journal lanceront le 9 octobre une association destinée à "promouvoir la liberté, le pluralisme et l'indépendance des médias", lors d'une soirée au théâtre du Châtelet à Paris. Selon Christophe Deloire, le budget des États généraux est de 2,9 millions d'euros apportés par l'État. Mais le comité de pilotage travaille en toute "indépendance", aussi bien vis-à-vis "de l'exécutif et du Parlement" que "des forces économiques et syndicales", a assuré Bruno Lasserre. Avec AFP

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