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Économie et marchés

Les 1001 formes d'arnaques au vaccin contre le Covid-19

De la fabrication de faux vaccins contre le Covid-19 à la multiplication des arnaques en ligne, tour d’horizon des multiples manières dont les criminels cherchent à exploiter le désir des populations d’être vaccinées au plus vite. Il y en avait près de 2 500 doses dans un hangar en Afrique du Sud, et plus de 3 000 dans une usine en Chine. Interpol, l’organisation internationale de coopération policière, a annoncé, mercredi 3 mars, le démantèlement d’un réseau de distribution de faux vaccins contre le Covid-19 qui opérait dans ces deux pays. En tout, cette opération a permis d’arrêter plus de 80 personnes qui participaient à la fabrication et à la vente de ces produits de contrefaçon. “Nous nous félicitons de ce résultat, mais ce n’est que la partie émergée de la criminalité qui s’est développée autour des vaccins contre le Covid-19”, a précisé Jürgen Stock, le secrétaire général d’Interpol dans un communiqué de presse. Deux mille dollars l’injection d'un faux vaccin Les exemples d’arnaques aux vaccins se multiplient en effet depuis le lancement des campagnes de vaccination à travers le monde. Il y a un mois, les autorités chinoises ont ainsi arrêtéle cerveau d’un autre réseau de distribution de faux vaccinsqui avait fabriqué près de 60 000 doses à partir d'une “solution saline”. Avant d’être arrêté, celui-ci avait réussi à gagner plus de 2,7 millions de dollars grâce à son opération criminelle. Une clinique privée de Monterrey au Mexique proposait, quant à elle, des injections de faux vaccins de Pfizer-BioNTech contre la coquette somme de 2 000 dollars, ont révélé les autorités mexicaines qui ont pu y mettre un terme le 17 février. “Nous assistons avec les vaccins au même phénomène que ce qui s’était passé l’an dernier avec les masques de protection”, explique Jan Op Gen Oorth, porte-parole d'Europol, l’agence européenne de coopération des polices criminelles contactée par France 24. Les arnaques aux masques et autres équipements de protection pour limiter le risque de contamination avaient en effet été l’une des activités favorites des organisations criminelles durant les premiers temps de la pandémie. La course aux vaccins et la frustration de la population dans certains pays, notamment en Europe, face aux lenteurs des campagnes de vaccination ont fourni de nouvelles opportunités aux criminels. Un risque sanitaires important Surtout en ligne. Des annonces pour le moins louches de vente de doses de vaccin ont commencé à fleurir sur différents forums du Darknet, cette partie de l’Internet qui n’est pas référencée par les moteurs de recherche. “Nous en avons déjà repérées sur une quinzaine de sites d’e-commerçants”, affirme Dmitry Galov, expert en cybersécurité pour la société russe de sécurité informatique Kaspersky, qui a publié un rapport sur la question jeudi 4 mars.  Elles concernent essentiellement les trois principaux vaccins autorisés en Europe, à savoir ceux de Pfizer/BioNTech, de Moderna et d’AstraZeneca. “Le prix moyen est de 500 dollars et certains vendeurs ont déjà réussi à en écouler entre 100 et 500 doses”, précise Dimitry Galov.  Plusieurs annonces sont accompagnées de commentaires positifs “d’acheteurs” qui assurent être satisfaits de la marchandise livrée. Des avis vraisemblablement aussi faux que la plupart des vaccins ainsi vendus sur le Darknet, juge Kaspersky. Et même si certains de ces vendeurs ont récupéré, d’une manière ou d’une autre, des vrais vaccins, encore faut-il que les doses aient pu être conservées dans les bonnes conditions. Il faut, en effet, les entreposer à très basse température dans des chambres frigorifiques, ce qui n’est pas donné au premier arnaqueur venu sur Internet. “Je ne vois aucun scénario où acheter ces vaccins en ligne serait une bonne idée”, résume Dmitry Galov. La vente de ces contrefaçons à des particuliers posent un risque sanitaire important. Les individus ainsi trompés peuvent se croire, à tort, protégés et être tentés de reprendre une vie “normale” au risque d’être plus facilement contaminés. C’est la raison pour laquelle, après avoir mis un terme au trafic de la clinique privée à Monterrey, les autorités mexicaines ont accusé l’établissement d’avoir mis en danger tous les efforts de lutte contre la propagation du virus dans la région, rapporte la Deutsche Welle, la chaîne allemande d’information en continu. Les arnaqueurs cherchent à berner l'État Mais ce n’est pas le seul type d’arnaque au vaccin. Certains criminels cherchent à duper directement les États. “C’est une nouvelle tendance qui semble émerger. Plusieurs affaires similaires nous ont été rapportées concernant des offres frauduleuses de vente de plusieurs millions de doses de vaccins faites à des ministères de la Santé et des organisations gouvernementales de plusieurs pays européens”, confirme Jan Op Gen Oorth, le porte-parole d’Europol. Une tendance également identifiée par l’Office européen de lutte antifraude(Olaf), qui précise que “les fraudeurs peuvent par exemple proposer une grande quantité de vaccins, en livrer une petite part pour toucher la première avance puis disparaître”. “Aucune offre dont nous avons connaissance n’était légitime”, assure Jan Op Gen Oorth.  Les criminels visent aussi ceux qui veulent faire croire qu’ils ont été vaccinés dans l’espoir que cela leur permettra de passer plus facilement les frontières. “On a vu passer pas mal d’annonces de ventes de faux certificats de vaccination dans des groupes de discussions sur certains services de messageries”, reconnaît Dmitry Galov, l’expert de Kaspersky. Aux États-Unis, ces trafiquants de “passeports vaccinaux” visent tout particulièrement la communauté des “anti-vaxxers”, ces opposants à la vaccination, a constaté le FBI qui en a fait l’un des principaux risques identifiés d’arnaques aux vaccins. Sur certains site, de tels documents falsifiés peuvent être achetés pour environ 20 dollars.

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