Le Pas-de-Calais toujours en alerte inondation, Emmanuel Macron se rend sur place mardi
Déjà sinistré et en partie inondé, le département du Pas-de-Calais connaît un nouvel épisode pluvieux lundi soir, qui pourrait empirer la situation. Le président Emmanuel Macron et plusieurs ministres y sont attendus mardi pour "exprimer leur soutien", a annoncé l'Élysée.
Des employés municipaux de Neuville-sous-Montreuil, en France, traversent une rue inondée, lundi 13 novembre 2023.
Les habitants du Pas-de-Calais sont toujours sur le qui-vive. Touché depuis plusieurs jours par des crues dévastatrices, le département est toujours en alerte lundi 13 novembre au soir en raison d'un épisode pluvieux.
Le président Emmanuel Macron se rendra sur place, mardi. "Le chef de l'État exprimera son soutien et celui de la Nation toute entière aux habitants touchés par les épisodes de crues successifs ainsi qu'à l'ensemble des forces de secours mobilisées", a rapporté l'Élysée dans un communiqué.
Emmanuel Macron, attendu dans le département à 11 h 30, sera accompagné du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, et de la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire.
Matignon a parallèlement annoncé la convocation d'une cellule interministérielle de crise "pour coordonner l'ensemble des services de l'État", qui doit se réunir lundi soir sous la houlette du directeur de cabinet d'Élisabeth Borne, la Première ministre étant en déplacement en Irlande.
Crèches et établissements scolaires restent fermés
Le Pas-de-Calais, qui a déjà subi la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues record le 7 novembre et des précipitations intenses jeudi et vendredi, restera mardi en vigilance jaune pour pluie-inondation et vagues-submersion.
Quatre rivières, la Canche, la Lys plaine, la Hem et l'Aa, restent placées en vigilance orange crues.
Les pluies, sur des sols déjà saturés, sont restées faibles lundi, mais devraient être "plus importantes" mardi, selon Vigicrues. "De nouvelles réactions sont prévues sur les cours d'eau" du Nord et du Pas-de-Calais dès lundi, "mais à des niveaux moindres que vendredi".
Dans ce contexte, la préfecture a décidé de laisser fermés lundi et mardi crèches et établissements scolaires dans 279 communes du département, soit 388 établissements au total.
Météo-France prévoit pour la semaine une alternance de journées sans pluie suivies de précipitations : averses mercredi, accalmie jusqu'à vendredi puis reprise des intempéries jusqu'à lundi.
La population sur le qui-vive
À Merville, zone rurale du Nord à la frontière du Pas-de-Calais, les ravins débordent, les champs et les rues du centre-ville sont inondés.
"L'eau monte depuis vendredi, ça ne descend pas. On attend, on peut rien faire. Il y a 60 cm d'eau au milieu de la route", se désole Alain Bacrot, retraité de 73 ans, qui a chaussé de grandes bottes pour sortir de chez lui.
"Tout est plein partout, c'est stressant. Nous avons peur de devoir partir", soupire sa femme Annie. Dans son jardin, les assises des balançoires chatouillent les eaux.
Des agents de la ville amènent aux habitants des sacs de sable à poser devant les portes pour empêcher l'eau de s'infiltrer et des parpaings pour surélever les meubles.
"On avait 1,60 m dans notre cave il y a deux jours, c'est réduit à 20 cm", témoigne Cyril Theriez, restaurateur, qui continue lundi matin d'évacuer l'eau de son domicile de Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais). Mais "on reste sur le qui-vive."
Des aides réclamées par les sinistrés
D'après le sénateur et vice-président du conseil régional, Franck Dhersin, plus de 10 000 sinistrés ont déjà été recensés. "On est aussi en train de s'apercevoir que beaucoup d'artisans, de commerçants et de PME/PMI sont touchés", a-t-il souligné lundi.
Les présidents du département et de la région, Jean-Claude Leroy et Xavier Bertrand, en ont appelé lundi, dans une lettre à Emmanuel Macron, à "la solidarité nationale" pour venir en aide aux sinistrés.
Le bilan depuis le début de l'épisode reste de quatre blessés légers. Une sexagénaire est par ailleurs décédée à Bailleul (Nord) au volant de sa voiture, retrouvée pleine d'eau samedi dans un fossé inondé, sans que le parquet de Dunkerque ne puisse établir avec certitude un lien avec les intempéries.
Selon la préfecture, 600 foyers restent privés d'électricité et 7 200 subissent des restrictions d'usage de l'eau.
Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué la SNCF sur le réseau X (ex-Twitter). Une cinquantaine d'axes routiers restent coupés.
Des agriculteurs de la FNSEA ont bloqué lundi matin l'A16 à l'entrée de Calais pour demander à l'État des équipements "permettant à l'avenir d'éviter aux exploitations agricoles et aux habitants des polders (étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau) des Hauts-de-France de connaître des catastrophes".
Quelque 155 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Avec AFP