Le club anglais de Newcastle officiellement racheté par un fonds saoudien
Un fonds saoudien s'est officiellement emparé du club de football anglais de Newcastle au terme de longues négociations et malgré l'opposition d'associations de défense des droits humains.
La Premier League anglaise de football a approuvé, jeudi 7 octobre, le rachat du club de Newcastle par un fonds saoudien, mettant fin à un feuilleton qui durait depuis plus d'un an.
"Nous sommes extrêmement fiers de devenir les nouveaux propriétaires de Newcastle United, l'un des clubs les plus célèbres du football anglais", s'est félicité le patron du fonds saoudien, Yasir Al-Rumayyan, dans un communiqué.
Le club, appartenant depuis 14 ans à l'homme d'affaires britannique Mike Ashley, est désormais détenu par un consortium comprenant le fonds d'investissement saoudien PCP Capital Partners et les frères David et Simon Reuben, rachat qui a reçu le feu vert de la Premier League.
L'instance qui chapeaute le championnat d'Angleterre avait pourtant été interpellée plus tôt jeudi par Amnesty International, l'ONG s'alarmant d'une reprise par un fonds souverain d'Arabie saoudite, et qualifiant la situation des droits humains de "désastreuse" dans le pays dirigé de fait par le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Les Saoudiens avaient déjà tenté d'acquérir les "Magpies" durant l'été 2020, sans succès, handicapés par la personnalité du prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé de multiples atteintes aux droits humains. La deuxième tentative est finalement la bonne, le club étant "vendu au consortium avec effet immédiat" selon un communiqué de la Premier League, précisant que l'organisme a "reçu des garanties légalement contraignantes que le Royaume d'Arabie saoudite ne contrôlera pas le club de Newcastle United".
Une diplomatie par le sport
La vente, dont le montant s'élève à environ 300 millions de livres (333 millions d'euros) selon les médias britanniques, représente un "investissement de long terme" d'après la directrice générale de PCP Capital Partners, Amanda Staveley, qui ajoute viser "des trophées majeurs".
Revenu en Premier League en 2017 après un an en deuxième division, ce club populaire du nord-est de l'Angleterre pointe à la 19e place du classement après 7 journées, alors que les dernières grandes heures du club remontent aux années 1990, quand la formation emmenée par l'entraîneur Kevin Keegan et l'attaquant Alan Shearer luttait, en vain, pour le titre de champion.
Newcastle entre dans le cercle des clubs dépendant des immenses fortunes des pays du Golfe, après le passage sous pavillon émirati de Manchester City en 2008 et le rachat du Paris Saint-Germain par le fonds d'investissement qatari QSI en 2011.
Le pouvoir saoudien marque ainsi un peu plus sa présence dans le monde du sport, alors que le pays accueille de grandes courses automobiles comme le rallye du Dakar depuis 2020, ou prochainement une manche du championnat du monde de Formule 1, une manière de répondre à la politique ambitieuse de ses rivaux régionaux comme le Qatar, ultra présent depuis une décennie avec en point d'orgue l'organisation du Mondial-2022 de football.
Les craintes des militants des droits humains
La tension entre Arabie saoudite et Qatar était déjà apparue sur le terrain sportif, quand la chaîne qatarie beIN Sports avait accusé l'Arabie Saoudite d'être derrière BeoutQ, un système de piratage des images sportives. La résolution récente de cet incident avait ravivé les rumeurs de rachat, jusqu'à l'officialisation jeudi.
Si d'anciens joueurs du club ont fait part de leur joie et des centaines de supporters se sont rassemblés autour du mythique St. James' Park pour célébrer ce rachat, l'irruption d'une telle puissance dans le football anglais inquiète également les militants des droits humains, visant explicitement "MBS".
Avant l'officialisation du rachat, Amnesty international avait appelé la Premier League à durcir les critères pour pouvoir acquérir un club de football en Angleterre. "Au lieu de permettre à des personnes impliquées dans de graves violations des droits humains d'entrer dans le football anglais simplement parce qu'elles ont les poches pleines", l'ONG avait "exhorté la Premier League à changer ses critères (de sélection) des propriétaires et directeurs" de ses clubs.
Le prince héritier Mohammed ben Salmane a été désigné par des responsables turcs et américains comme étant le commanditaire de l'assassinat en octobre 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, tué au consulat saoudien à Istanbul. "MBS" a dit plus tard assumer, en tant que dirigeant, la responsabilité du meurtre, niant cependant en avoir eu connaissance avant qu'il ne soit commis.
Avec AFP