Football : le prince saoudien Abdallah ben Moussaed rachète le club de Châteauroux
Le centre de formation est une des raisons qui poussent des investisseurs étrangers à s'intéresser à des clubs de Ligue 2.
Le prince Abdallah ben Moussaed et son United World Group ont annoncé mardi le rachat du club de Châteauroux, actuel dernier de Ligue 2 en France. Avec cette cinquième équipe dans son giron, le United groupe poursuit sa stratégie de synergie entre clubs.
La Berrichonne de Châteauroux est désormais sous pavillon saoudien. Le prince Abdallah ben Moussaed et le United World Group ont confirmé mardi 9 mars le rachat du club castelroussin. À terme, le nouveau propriétaire veut faire remonter l'actuel lanterne rouge de Ligue 2 au sein de l'élite.
Le club devient donc le cinquième club dans le giron princier, qui compte Sheffield United en Premier League (en Angleterre), mais aussi Beerschot (en Belgique), Kerala United (D2 indienne) ou encore Al-Hilal United (D2 émiratie).
Le United World Group justifie un investissement "logique". La France "est aujourd'hui l'une des cinq meilleures ligues mondiales qui attire des centaines de millions de spectateurs à travers le monde", écrit le groupe basé en Suisse dans un communiqué diffusé par le club.
"Plus important encore, la France a façonné sa réputation comme étant l'une des plus grandes, sinon la plus grande 'fabrique de talents de football' dans le monde entier", continue United World, saluant la "valeur historique" de la Berrichonne, qui fête cette année son 105e anniversaire.
Si la somme déboursée reste secrète, le prince a confirmé la semaine dernière à l'AFP qu'elle était bien supérieure aux 2,8 millions d'euros mentionnés dans plusieurs médias.
"Lorsque nous achetons un club, nous avons plusieurs objectifs : élever le niveau du club, les installations et le niveau de l'équipe. Le plus important est de le faire dans la durée", avait expliqué dimanche à l'AFP le prince, âgé de 56 ans.
Le magnat saoudien, qui a fait fortune dans l'industrie du papier, a les moyens de ses ambitions, comme le prouvent les trajectoires de Sheffield United et Beerschot. Avec sa fortune évaluée à plus de 200 millions d'euros, il a fait grimper le club anglais, racheté en 2013, de la troisième division à la Premier League. À Anvers, Beerschot a aussi rejoint l'élite, alors que le club évoluait au deuxième niveau belge.
Une stratégie similaire au City Group
Autour de Sheffield, aujourd'hui lanternes rouges de Premier League après une saison réussie l'an dernier, le prince a créé United World Group, un réseau de clubs de niveaux différents, à l'image du City Football Group émirati, regroupé derrière son vaisseau amiral Manchester City.
L'idée, à Manchester comme à Genève, où se situe le siège du United World Group, est de créer des synergies entre les clubs, dans le marketing, la recherche de sponsors ou encore la formation, en utilisant les clubs les moins huppés comme pépinières pour le développement de joueurs.
"Je suis heureux du fait que nous sommes propriétaires de clubs de trois des quatre pays ayant atteint les dernières demi-finales de la Coupe du monde [Angleterre, Belgique et France, NDLR]. Et parmi 44 joueurs principaux, 4 ou 5 viennent des académies de ces clubs", s'est ainsi félicité Abdallah Ben Moussaed.
Du changement immédiat
Pour redorer le blason de la Berrichonne et en faire "un club compétitif", United World entend "renforcer le lien entre le centre de formation et l'équipe première". Il pourrait aussi faire table rase de l'encadrement sportif actuel.
Si le club n'a pas encore confirmé officiellement le futur rôle de Michel Denisot [qui avait déjà présidé le club de dans les années 1990 et 2000], il a néanmoins affiché une photo de l'ancien président de la Berrichonne, accompagné de l'ancien dirigeant castelroussin Patrick Trotignon et du PDG d'United World, Abdallah Al-Ghamdi.
Selon L'Équipe, Michel Denisot pourrait se voir confier les rênes du club, tandis que Patrick Trotignon prendrait la direction générale, comme lors des années glorieuses du club à la fin des années 1990.
Sur le plan sportif, il faudra vite redresser la barre. Bon dernier de Ligue 2, Châteauroux semble promis à la relégation en National 1 (3e division) au terme de cette saison, après quatre années passées en L2.
Benoit Cauet semble menacé et l'entraînement a d'ailleurs été annulé mardi matin. Son successeur devra en tout cas pousser les Berrichons à l'exploit : ils n'ont plus que dix journées pour tenter de se sauver.
"Nous avons constaté qu'il y avait une possibilité de relégation, mais nous avons la possibilité de remonter rapidement, et dans quelques années, nous serons au plus haut niveau en France", espère le prince Moussaed, un fan de Michel Platini qui dit suivre le football français depuis son enfance.
Avec AFP