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La sécurité, thème omniprésent de la campagne des régionales

Dans un contexte national marqué par les enjeux sécuritaires, les candidats aux élections régionales, en particulier ceux de droite et d’extrême droite, jouent la surenchère dans ce domaine. Pourtant, la sécurité ne fait pas partie des prérogatives des régions. En Île-de-France, le candidat aux élections régionales (20 et 27 juin) de la République en marche, Laurent Saint-Martin, propose la mise en place d’une police régionale. Dans les Pays de la Loire, la présidente Les Républicains sortante, Christelle Morançais, souhaite qu’un vice-président régional soit chargé de la sécurité. Et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le candidat du Rassemblement national, Thierry Mariani, souhaite quant à lui créer un "bouclier sécurité" qui offrira un euro de la région pour chaque euro investi par les communes pour renforcer leur sécurité. Partout en France, la sécurité s’est imposée comme le thème majeur de la campagne des élections régionales. Et les candidats auraient tort de se priver puisqu’il s’agit bel et bien, à en croire les sondages, du principal sujet de préoccupation des électeurs. Selon un sondage Opinion Way, publié le 29 avril dans Les Échos, 47 % des personnes interrogées placent la sécurité en tête des principaux enjeux du scrutin, loin devant le développement économique et la création d’emplois (39 %), le cadre de vie et l’environnement (37 %), la santé publique (33 %), les impôts locaux (27 %), l’action sociale (15 %), les transports en commun (15 %) ou le logement (13 %). >> À lire : Régionales en France : après les tractations, place à la campagne Sans surprise, la sécurité est encore plus prédominante chez les électeurs de droite : 70 % des sympathisants Les Républicains (LR) en font leur priorité numéro un, tout comme 73 % des sympathisants du Rassemblement national (RN). Le contexte national est particulièrement favorable. Après le meurtre du brigadier Éric Masson, tué le 5 mai sur un point de deal à Avignon, et celui, le 23 avril, de l'agente administrative Stéphanie Monfermé, au commissariat de Rambouillet, plusieurs milliers de policiers ont manifesté, mercredi 19 mai devant l’Assemblée nationale, pour réclamer une réponse pénale plus forte face aux agressions dont ils sont victimes. La gauche aussi occupe le terrain sécuritaire À un mois du premier tour des élections régionales, cette manifestation a donné lieu à un défilé de personnalités politiques, dont plusieurs têtes de liste au prochain scrutin. Étaient ainsi présents aux côtés des forces de l’ordre la présidente ex-LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, le candidat du RN dans la même région, Jordan Bardella, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez ou encore le président ex-LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Ce dernier, également candidat à l’élection présidentielle de 2022, ne cesse d’ailleurs d’investir ce thème régalien. Or, lorsqu’il promet d’en finir avec "l’impunité" des délinquants, en abaissant notamment la majorité pénale à 15 ans, en multipliant par trois les places dans les centres éducatifs fermés et en créant 20 000 places supplémentaires de prison, Xavier Bertrand a bien conscience que ses administrés des Hauts-de-France ne feront pas la différence entre le candidat à la présidentielle et le candidat aux régionales. Le thème sécuritaire occupe tellement les esprits que même une partie de la gauche ne rechigne plus à s’en emparer. Non seulement le patron du Parti communiste (PCF) et candidat à l’Élysée, Fabien Roussel, en a fait l’un des axes de sa campagne présidentielle, mais ce dernier était aussi présent à la manifestation des policiers du 19 mai. Tout comme le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, qui a affirmé mercredi que la police devrait avoir "un droit de regard" sur les décisions de justice, avant de rétropédaler le lendemain. Au niveau local, certains présidents de région socialistes tiennent compte de ce contexte, sans forcément aller aussi loin que leur dirigeant. La présidente PS de l’Occitanie, Carole Delga, propose ainsi de mettre l’accent sur une "sécurité de proximité, avec une présence humaine, pour rassurer les Français". Elle envisage notamment la création d’un Observatoire des violences et la création de commissariats mobiles. Des promesses trompeuses Les Français devraient toutefois éviter d’espérer des changements radicaux après les élections régionales. La sécurité ne fait en effet pas partie des prérogatives des régions, à la différence de la gestion des transports, de la formation professionnelle ou des lycées. Par conséquent, il est impossible pour un président de région de créer une police régionale. Ce droit relève de l’État avec la police nationale ou de la commune avec la police municipale. Peu importe, les candidats ont décidé de miser sur la carte sécuritaire, quitte parfois à faire passer leurs propositions pour ce qu’elles ne sont pas réellement. "Quand la région a une compétence importante – transports, lycées –, elle doit assurer la sécurité des usagers", a ainsi assuré Laurent Saint-Martin, le 7 mai, sur franceinfo, expliquant que sa proposition consistait, in fine, à recruter au sein d’Île-de-France Mobilités des agents de sécurité privée. Une mesure finalement assez éloignée d’une réelle police régionale. Même refrain chez Thierry Mariani : "La région a des compétences. Elle peut agir sur la sécurité dans les trains, elle peut agir sur la sécurité dans les lycées. Elle peut agir en aidant les polices municipales. […] Regardez ce qu’il s’est passé pour le Covid. Toutes les régions sont sorties de leurs compétences et elles ont bien fait." Un discours et une priorité que ne reflète pourtant pas l’étude des budgets des régions. Valérie Pécresse a beau passer beaucoup de temps à mettre en avant son bilan en matière de sécurité, ses dépenses dans ce domaine prévues pour l’année 2021 ne représentent que 34 millions d’euros sur un budget total de près de 5 milliards d’euros. En comparaison, celles concernant les transports, l’enseignement secondaire et la formation professionnelle s’élèvent respectivement à 1,8 milliard d’euros, 951 millions d’euros et 460 millions d’euros.

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