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Insolite et Faits divers

La réforme de la police "va sonner le glas et la mort" de la police judiciaire, s'inquiète un magistrat

La réforme de la police "va sonner le glas et la mort" de la police judiciaire, s'inquiète un magistrat Une nouvelle journée d'action contre le projet de loi porté par Gérald Darmanin est organisé ce lundi. Plusieurs syndicats de la magistrature rejoignent le mouvement craignant une baisse de leur moyens et de la qualité de leurs enquêtes. Les magistrats rejoignent le mouvement d'opposition à la réforme de la police. Le Syndicat de la magistrature, l’Union syndicale des magistrats et l’Association française des magistrats instructeurs appellent lundi 17 octobre à des rassemblements devant les tribunaux dans plusieurs villes. >>>Réforme de la police judiciaire : on vous explique comment travaillent les enquêteurs de la PJ Ce projet de loi porté par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et qui prévoit de placer tous les services de police à l’échelle du département dont celui de la police judiciaire "va sonner le glas et la mort" de la PJ, estime sur franceinfo Frédéric Macé, secrétaire général de l’Association française des magistrats instructeurs. Il craint que les policiers de la PJ "ne soient plus disponibles pour répondre avec réactivité, technicité et efficacité" aux demandes des juges d’instruction, si on les fond "dans une police plus ordinaire". franceinfo : Pourquoi ne voulez-vous pas que les différents services de police travaillent main dans la main ? Frédéric Macé : Qu'ils travaillent tous ensemble, c’est une bonne idée. C'est d'ailleurs ce qu'ils font quotidiennement. Cette réforme et cette réorganisation sont absurdes puisqu’elles visent à supprimer un service d'enquête spécialisé - les fonctionnaires de police de la PJ - qui ont développé depuis des dizaines d'années une grande expertise en matière de lutte contre la criminalité organisée, et effectivement, que l'on propose de fondre dans une police plus ordinaire. Quelles sont vos craintes ? Le regroupement des services de police judiciaire dans des directions départementales va aboutir in fine à ce que ces policiers n'exercent plus leur mission d'investigation sur les enquêtes du haut du spectre, mais soient cantonnés ou soient réorientés vers des enquêtes de petite et moyenne délinquance qui, ne le nions pas, doivent être traitées par ailleurs, mais sans doute pas par ces policiers qui ont davantage l'habitude de traiter des affaires dites exceptionnelles dans leur gravité, et notamment dans la longueur des investigations qu'elles nécessitent. En tant que juge d’instruction, qu’est-ce que cette réforme pourrait changer concrètement ? Très concrètement, la police judiciaire, c'est notre bras armé, nos yeux et nos oreilles. Lorsque les magistrats, que ce soient les procureurs de la République ou les juges d'instruction, mènent des investigations sur les infractions, les délits, les crimes de haute intensité, c’est la police judiciaire qui mène les investigations. Et donc, ce que l'on redoute, c'est effectivement que ces policiers ne soient plus disponibles pour répondre avec réactivité, technicité et efficacité à nos demandes. "Nous n'allons pas demander aux enquêteurs de PJ de mener des enquêtes qui sont en ce moment à la Sécurité publique", a écrit Gérald Darmanin aux policiers de la PJ. Cela ne vous rassure pas ? Ce n'est pas de nature à nous rassurer. Si Gérald Darmanin a écrit à l'ensemble des policiers judiciaires qui exercent aujourd'hui, si rien ne change pourquoi faire cette réforme, alors ? C’est un engagement qu'il a pris par écrit dans un courrier. Nous, ce que l'on attend, c'est de rouvrir les discussions, de pouvoir sortir la police judiciaire de cette départementalisation puisque ça va sonner le glas et la mort de cette police judiciaire. Et c'est porteur également d'autres sources d'inquiétude, notamment l'indépendance des enquêtes et de l'autorité judiciaire. Autrement dit, le préfet de police pourra très directement demander des remontées d'informations à son directeur départemental de la police. Et plus généralement, c'est effectivement concentré dans les mains du seul préfet de département, l’allocation des moyens des effectifs de police, qui pourra donc décider de réorienter les effectifs de police sur des investigations ou des enquêtes de court terme, ou également sur d'autres missions qui ne relèvent pas de la police judiciaire, comme des missions de maintien de l'ordre ou de la sécurité publique.

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