La Fifa au pressing pour une Coupe du monde tous les deux ans
La Fifa voudrait voir la Coupe du monde se dérouler tous les deux ans.
La Fifa planche depuis le début du mois de septembre sur une réforme du calendrier international et le passage à une Coupe du monde biennale. L'UEFA et les groupes de supporters mènent la fronde.
L'année 2021, l'année de toutes les tentatives de réforme du football ? Après la Super ligue européenne avortée, voici que la Fifa pousse désormais pour une révolution dans l'organisation du calendrier international avec en symbole l'organisation de sa compétition reine, la Coupe du monde, tous les deux ans. Une proposition qui suscite un tollé, avec en opposant en chef l'UEFA, qui a réclamé, mercredi 22 septembre, une vraie consultation.
Une réforme globale du calendrier
Au premier rang pour défendre l'initiative, l'ancien entraîneur d'Arsenal Arsène Wenger, désormais directeur du développement au sein de la Fifa. Le Français de 71 ans a allumé la première mèche.
Dans une longue interview à l'Équipe début septembre, il a longuement expliqué et justifié la réforme. L'idée centrale est d'avoir une phase finale chaque été à partir de 2025-2026, en alternant Coupes du monde et tournois continentaux comme l'Euro, la CAN ou la Copa America, tout en regroupant les qualifications pour ces tournois sur une seule trêve internationale.
L'idée est dans la tête de la Fifa depuis un moment. Fin mai, l'instance mondiale a engagé une "étude de faisabilité" suggérée par la fédération saoudienne, proche du président de la Fifa Gianni Infantino. Et le dirigeant italo-suisse s'est dit ouvert à "tout" pour réformer le calendrier, en se posant en unique rempart face aux inégalités dans le football.
Politiquement, c'est le principal argument de la Fifa car, selon l'instance, un Mondial tous les deux ans permet de redistribuer davantage de revenus en particulier aux fédérations africaines, asiatiques ou sud-américaines, plus dépendantes de cette manne que le prospère football européen.
Une quasi-unanimité contre la réforme
Sans surprise, l'UEFA s'est opposée rapidement à cette réforme. Par la voix de son président, Aleksander Ceferin, l'instance européenne a catégoriquement rejeté une telle idée, "impossible" au vu du calendrier déjà surchargé, et qui "diluerait" le "joyau" du football mondial, d'autant plus précieux qu'il est rare.
Mercredi 22 septembre, l'UEFAa réclamé qu'une vraie concertation soit entreprise sur le sujet : "L'avenir du calendrier international devrait faire l'objet d'une véritable consultation et d'un échange entre la Fifa, les confédérations et les principales parties prenantes des compétitions", estime dans un communiqué l'instance européenne.
C'est surtout la méthode qui fait grincer des dents. Si la Fifa pousse par voie de presse, elle n'a jamais formellement engagé de dialogue avec les confédérations, les ligues, les représentants des supporteurs et les clubs.
L'UEFA a reçu le renfort d'une autre confédération, la Conmebol, l'instance dirigeante du football sud-américain, qui estime que la réforme n'a "aucune justification sportive".
Elle a également le soutien d'organisations de supporters du monde entier qui ont affirmé leur opposition dans un communiqué commun.
"L'écrasante majorité des supporters s'oppose à l'organisation d'une Coupe du monde tous les deux ans", assurent dans un communiqué une cinquantaine de groupes de supporters issus de six Confédérations différentes, dont des organisations françaises, anglaises, italiennes ou encore brésiliennes. "Une telle décision menace de détruire l'équilibre déjà fragile entre les compétitions locales, nationales, continentales et internationales, ainsi qu'un calendrier d'ores et déjà surchargé", développent-ils, indiquant aimer le Mondial "précisément parce que c'est un événement extraordinaire".
La Fifa contre-attaque
La Fifa ne veut, cependant, pas perdre la bataille de l'opinion. Elle a promptement diffusé les résultats d'un sondage en ligne faisant état d'une légère majorité d'amateurs de football soutenant l'idée d'un Mondial "plus fréquent".
Selon cette étude IRIS/YouGov réalisée auprès de 15 000 personnes "ayant un intérêt pour le football" – une définition très large du ''supportérisme'' –, 55 % veulent voir la compétition reine de la Fifa plus souvent que tous les quatre ans.
Parmi les répondants, détaille le sondage, 30 % souhaiteraient que le Mondial se tienne tous les deux ans, 11 % chaque année et 14 % tous les trois ans, un rythme très inhabituel dans le sport international. Les plus favorables à cette fréquence accrue sont "les jeunes générations" et "les marchés en développement", quand les amoureux du foot de longue date demeurent attachés à la tradition.
Beaucoup d'observateurs ont moqué une présentation biaisée des résultats puisque la formule à quatre ans reste celle qui recueille le plus de suffrages à elle seule.
"C'est légitime que la Fifa fasse des études de marché, puisqu'elle a quelque chose à vendre. Mais si elle veut consulter des organisations représentatives, elle sait où nous trouver", a critiqué auprès de l'AFP Ronan Evain, coordinateur du réseau Football Supporters Europe (FSE).
Rendez-vous le 30 septembre
Suite du débat ? Jeudi 30 septembre. La Fifa organise ce jour-là un "sommet en ligne" pour consulter ses fédérations membres sur sa réforme du calendrier international.
La fédération internationale souhaite "lancer une nouvelle phase de consultation autour des calendriers internationaux féminin et masculin, qui viennent à expiration fin 2023 et 2024 respectivement", écrit-elle dans un communiqué.
"À la suite des invitations adressées début septembre aux parties prenantes, y compris à l'ensemble des confédérations, des discussions seront organisées dans les semaines à venir", poursuit l'instance.
"La Fifa a également convié ses associations membres à un premier sommet en ligne le 30 septembre 2021. Ce sera l'une des nombreuses occasions d'établir un débat ouvert et constructif au niveau mondial et régional au cours des prochains mois", fait-elle valoir.
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a promis que des décisions seraient prises d'ici à la fin de l'année.