Coupe du monde tous les 2 ans : la Fifa convoque un sommet, la fronde s'organise
Le Président de la FIFA, Gianni Infantino, s'exprimant lors d'une réunion du Conseil au siège de la FIFA à Zurich.
La Fifa va tenir un sommet le 20 décembre pour étudier sa proposition controversée d'organiser une Coupe du monde tous les deux ans. Une idée qui est loin de faire consensus.
Le projet n'est pas encore acté, qu'il suscite déjà le débat. La Fédération internationale de football (Fifa) a annoncé mercredi 20 octobre la convocation d'un sommet, le 20 décembre, pour discuter du projet de Mondial biennal. Une idée qui se heurte aux réticences du football européen, entre milliards d'euros de manque à gagner estimés, selon un rapport commandé par l'UEFA, et menaces "d'actions" venues de fédérations nordiques.
La Fifa, qui a réuni son Conseil mercredi, poursuit ses consultations. Pas question, pour le moment, de convoquer une Assemblée générale pour mettre au vote ce projet controversé. Place, dans un premier temps, à "un sommet virtuel global", le 20 décembre prochain, avec les fédérations nationales, "pour discuter de l'avenir du football après avoir été informées en détail du processus de consultation en cours sur le sujet".
Dans un communiqué, le président de l'instance Gianni Infantino a expliqué souhaiter "atteindre un consensus pour le bénéfice de tous" mais voit en ce sommet "l'opportunité de présenter un plan".
Après plusieurs semaines de polémiques autour des bouleversements suggérés par la Fifa, l'opposition semble en effet se durcir, notamment en Europe, dont la Confédération, l'UEFA, est vent debout contre cette réforme du calendrier international.
Celle-ci envisage notamment l'organisation de Coupes du monde masculine et féminine tous les deux ans, au lieu de l'habituel rythme quadriennal, ce qui impliquerait la tenue d'une compétition de sélections chaque année, et le resserrement des fenêtres internationales. Un rapport complet de la Fifa est attendu en novembre.
À cette fronde se sont joints des représentants des championnats nationaux du monde entier, des supporters et des joueurs, à l'image de la Norvégienne Ada Hegerberg, Ballon d'Or 2018 et voix écoutée du football féminin, qui fustige dans un entretien à l'AFP un projet conçu "sans considération" pour les joueurs.
Pertes en billetterie et droits TV
Selon une source interne à l'UEFA, un rapport commandé par la confédération européenne évalue entre 2,5 et 3 milliards d'euros sur quatre ans le manque à gagner des fédérations européennes si le projet était adopté.
L'UEFA a présenté mardi les conclusions de cette étude aux dirigeants de ses 55 fédérations membres. Ce rapport ne tient pas compte du possible manque à gagner additionnel pour les championnats nationaux, précisent Le Monde et L'Équipe, qui ont dévoilé le contenu du document.
Pour l'UEFA, le scénario suggéré par la Fifa risque de provoquer des pertes liées à la billetterie, aux droits TV et aux sponsors, détaillent Le Monde et L'Équipe, car les diffuseurs et les entreprises partenaires sont susceptibles de préférer un feuilleton courant sur toute l'année plutôt qu'un rendez-vous ponctuel à la visibilité moindre.
Selon Le Monde, la Ligue des nations, compétition nouvellement créée par l'UEFA dont la France est tenante du titre, disparaîtrait également.
Pour le président de la Fifa Gianni Infantino, qui poursuit les consultations avec les acteurs du monde du football, son projet entraînerait à l'inverse de meilleurs bénéfices pour les fédérations.
"Pas de considération pour les joueurs"
Une perspective critiquée par Ada Hegerberg, premier Ballon d'Or féminin de l'histoire, qui rejette toute approche purement financière.
"Ajouter des Coupes du monde pour gagner plus d'argent est une idée qui ne va pas avec la situation actuelle", a-t-elle pointé auprès de l'AFP, craignant une augmentation du risque de blessures. "Ceux qui prennent les décisions ne sont pas sur le terrain et n'ont pas de considération pour les joueurs", a asséné la Norvégienne, qui revient elle-même d'une longue blessure.
Les fédérations de football des pays nordiques, "fermement opposées à l'idée de Coupes du monde biennales", sont même allées plus loin mercredi en promettant d'examiner de possibles "actions" si jamais ce projet aboutit.
"Si une majorité au sein de la Fifa décide d'adopter une proposition concernant des Coupes du monde biennales, les fédérations nordiques devront envisager de nouvelles actions et des scénarios qui soient davantage conformes à nos valeurs fondamentales", peut-on lire dans un communiqué commun publié par ces six fédérations membres de l'UEFA (Danemark, îles Féroé, Finlande, Islande, Norvège, Suède).
Avec AFP