La Défenseure des droits s'interroge sur la vision "confrontationnelle" du maintien de l'ordre en France
Dans une étude, elle souligne combien la question du maintien de l'ordre est devenue épineuse depuis 2016 et les manifestations contre la loi travail, et surtout depuis le mouvement des "gilets jaunes".
Elle est intitulée "Désescalade de la violence et gestion des foules protestataires. Quelle(s) articulation(s) en France et en Europe aujourd'hui?" Dans une étude publiée lundi 29 novembre, la Défenseure des Droits passe au crible les défis rencontrés par les forces de l'ordre en France, interrogeant leur "vision confrontationnelle".
Cette étude est le fruit d'analyses menées depuis 2018 par l'institution indépendante de l'Etat et d'entretiens avec des policiers et gendarmes. Elle paraît alors qu'est attendu un nouveau schéma national de maintien de l'ordre annoncé mi-septembre par Emmanuel Macron et censé, entre autres, consacrer la place et le rôle des journalistes lors des manifestations.
Une "approche principalement punitive"
Le document souligne combien la question du maintien de l'ordre est devenue particulièrement épineuse depuis 2016 et les manifestations contre la loi travail, et surtout depuis le mouvement des "gilets jaunes" en 2018-2019, émaillé de violences et de blessures dues à l'utilisation de lanceurs de balle de défense (LBD) par les forces de l'ordre.
L'étude note que les forces de l'ordre en France semblent "fortement marquées par un prisme confrontationnel" et enclines à appliquer la loi avec une "approche principalement punitive". Elle se fait l'écho du "stress développé" par les forces de l'ordre avec "l'hyper-médiatisation contemporaine" qui "entretient la mobilisation collective" et incite "le politique à se mêler de la conduite des opérations" ce qui réduit, selon elles, le temps de la réponse policière.
Dans le schéma national de maintien de l'ordre (SNMO), l'institution de la Défenseure des droits pointe une "dichotomie" entre la gestion des "manifestations pacifiques" et celle "très réactive voire brutale" des "désordres" qui contraste avec les pratiques de pays voisins. Selon elle, l'approche belge du maintien de l'ordre, "entièrement fondée sur le principe de la désescalade", fait figure de modèle à l'échelle européenne. Elle s'articule autour des notions de dialogue et de concertation.