"Je pense à ce qui est arrivé à Samuel Paty" : le nom de deux professeurs accusés d'islamophobie, placardés à l'entrée de l'IEP de Grenoble
"Je pense à ce qui est arrivé à Samuel Paty" : le nom de deux professeurs accusés d'islamophobie, placardés à l'entrée de l'IEP de Grenoble
Selon l'un des deux enseignants, les accusations d'islamophobie à son encontre ont démarré en décembre dernier, après un cours durant lequel il se disait opposé de comparer l'islamophobie au racisme et à l'antisémitisme.
Les noms de deux professeurs, accusés d'islamophobie, ont été placardés sur les murs de l'entrée de l'Institut d'études politiques (IEP) de Grenoble, rapporte samedi 6 mars France Bleu Isère. Le procureur de la République a ouvert une enquête.
Les deux enseignants de Sciences Po Grenoble sont accusés d'islamophobie par l'Union Syndicale de l'IEP de Grenoble, un syndicat issu de la scission avec l'Unef. Ils ont découvert jeudi 4 mars que leurs noms étaient placardés devant l'entrée de l'école, avec ces mots : "Des fascistes dans nos amphis. Klaus Kinzler et Vincent T. Démission. L'islamophobie tue." Ces affichages ont été retirés immédiatement mais des photos ont circulé sur les réseaux sociaux, repris notamment par l'Unef.
Les accusations ont débuté en décembre dernier
"C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" s'insurge l'un des deux professeurs Karl Kinzler, agrégé d'allemand et qui enseigne la civilisation et la langue allemandes depuis 25 ans à l'IEP de Grenoble. Selon lui, les accusations d'islamophobie à son encontre ont démarré en décembre dernier, après un cours durant lequel il se disait opposé de comparer l'islamophobie au racisme et à l'antisémitisme. France Bleu Isère a pu consulter les échanges de mails qui ont suivi, sans y trouver de propos discrimatoires.
Vincent T, l'autre professeur qui désormais fait cours en distanciel, n'a pas souhaité s'exprimer. En revanche, Klaus Kinzler, lui, dénonce ce qu'il estime être un certain terrorisme intellectuel : "Il y a encore un ou deux ans, on pouvait discuter. Moi, je suis plutôt libéral. On n'était pas d'accord mais cela n'allait pas plus loin. Aujourd'hui, la liberté d'expression n'existe plus à Sciences Po. Quand on dit un mot qui ne plait pas, on vous intimide, voire on lance une cabale contre vous. Débattre de l'Islam est devenu impossible. L'ambiance est délétère", explique-t-il.
La direction de l'école dénonce des attaques "abjectes"
Klaus Kinzler dit ne pas avoir encore déposé plainte. L'enseignant est actuellement en arrêt de travail, suite à ce qu'il considère comme des menaces pouvant nuire à sa sécurité. La direction de l'école a fait savoir à France Bleu Isère qu'elle qualifiait ces attaques "d'abjectes et inacceptables, qu'elle les condamnait fermement." Le rectorat a été prévenu et lundi 8 mars, une réunion de crise entre les professeurs aura lieu a Sciences Po Grenoble.
Après le signalement de la direction de l'IEP, le procureur de la République de Grenoble a ouvert une enquête pour injure publique envers un particulier, délit puni de 12 000 euros d'amende et pour dégradation de bien par inscription, signe ou dessin, délit puni de 15 000 euros d'amende. L'enquête a été confiée à la police de Grenoble.