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Insolite et Faits divers

Ils ont fait l'actu. Klaus Kinzler, enseignant à Sciences Po Grenoble, accusé d'islamophobie

4 mars 2021. Deux professeurs de Sciences Po Grenoble sont accusés de fascisme et d'islamophobie. Les noms des deux enseignants sont placardés, publiquement, à l'entrée du campus. Pour Klaus Kinzler, qui enseigne l'allemand depuis 26 ans à l'Institut d'études politiques (IEP) et qui est l'un des deux mis en cause, les accusations ont vu le jour après une controverse entre enseignants sur la notion d'islamophobie. "On me traîne nommément dans la boue, sur les murs de mon lieu de travail, avec mon nom dessus. Dans le contexte actuel des attentats et surtout l'attentat contre Samuel Paty, ça peut être extrêmement grave". Cette affaire a fait souffler un vent de tempête au sein de l'IEP de Grenoble. Après l'incident, Klaus Kinzler et l'autre professeur visé ont été placés pendant six semaines sous protection policière. Une enquête pour injure publique a été ouverte et le gouvernement a appelé la direction de Sciences Po à sanctionner rapidement les étudiants responsables de l'affichage. Trois mois après cet incident, Klaus Kinzler – toujours en arrêt maladie – estime que la situation n'a guère évolué. "Je ne sais pas trop où j'en suis. Le contact avec l'IEP de Grenoble est à zéro, je n'ai eu aucun contact ni avec des collègues ni avec ma directrice. C'est la confirmation de ce qui m'a le plus fait mal au mois de mars, ce manque de solidarité... Ça ne veut pas dire que tout le monde était contre moi, il y a les plus bruyants qui étaient contre nous parce qu'on était deux quand-même dans cette histoire et une large majorité -peut-être silencieuse- qui n'a pas osé s'exprimer là-dessus, dénonce Klaus Kinzler. Et le professeur d'ajouter : "il y avait déjà une certaine terreur qui régnait à l'IEP où une minorité très extrémiste d'étudiants avait plus ou moins imposé une espèce de pensée unique. Ni dialogue ni apaisement  Le professeur de Sciences Po Grenoble estime qu'il n'y a eu ni dialogue ni apaisement depuis l'affaire. "Selon ce qu'on m'a dit, c'est toujours une opinion unanime. On a sali la maison, on a déclenché la pire crise de l'IEP depuis sa création et on est vraiment les pires des pires, des parias, des pestiférés". Klaus Kinzler ne comprend pas non plus pourquoi il a été accusé d'islamophobie. "C'est une grande absurdité, ne serait-ce que lire ce que j'ai lu. Même en appliquant les définitions les plus larges de l'islamophobie dans la science, ce que je dis ne tombe pas sur l'islamophobie parce que je ne me suis jamais exprimé de façon critique contre les musulmans. J'ai critiqué une certaine forme d'islam, le fondamentalisme avec le rôle de la femme qui est opprimée, etc... mais je ne tombe absolument pas sous ce label. Je n'ai jamais exprimé une espèce de ressentiment contre des gens. Donc, je suis face à quelque chose qui me laisse un peu perplexe". Sa lutte pour la démocratie Malgré la médiatisation de l'affaire, les critiques sur les réseaux sociaux et l'exposition publique, Klaus Kinzler ne craint pas de demeurer durablement une cible. "Je vais vous dire que je n'ai jamais eu peur. Je ne me suis jamais senti comme une cible" dit le professeur qui fait aussi allusion au contexte particulier et à l'assassinat de Samuel Paty, le professeur d'histoire-géo de Conflans-Sainte-Honorine. "Je ne me sens pas particulièrement exposé à cause de ça. Si moi maintenant, je me laisse intimider et que j'ai peur de ça et que je ferme ma gueule, si je me mets à genoux devant les gens, même dans mon établissement, qui veut tout simplement abolir la liberté d'expression, ce n'est pas le bon choix. Nous ne vivons pas en Iran, on vit en France. On a le droit de dire ce qu'on a à dire, même si ça ne plaît pas à tout le monde". À la rentrée, Klaus Kinzler entend bien reprendre ses cours à l'IEP de Grenoble. "J'ai peut-être eu la chance et la malchance d'être sous les feux des projecteurs – je ne l'ai pas cherché – et je n'en suis pas malheureux parce que j'ai fait ma petite contribution à une lutte que je pense être importante. C'est une lutte pour la démocratie".

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