Hypersexualisation, culture du viol… Un tiers des vidéos les plus vues sur YouTube présentent une "image dégradante" des femmes, selon un rapport
Dans un rapport publié jeudi, la Fondation des femmes dénonce les stéréotypes véhiculés dans les 200 contenus les plus visionnés en 2019 et 2020 en France, qui présentent "une image dégradante et humiliante des femmes".
Des personnages "stéréotypés", "sexualisés", victimes de propos violents qui contribuent parfois jusqu'à la "culture du viol". Dans son rapport "Numérique : le sexisme en liberté" publié jeudi 26 août et dévoilé par franceinfo, la Fondation des femmes dénonce "une hausse des contenus présentant une image dégradante et humiliante des femmes" sur Youtube. Pour cela, elle a étudié les 200 contenus les plus visionnés en 2019 et 2020 en France sur la plateforme la plus consultée par les 15-24 ans, la deuxième tout âge confondu, selon Médiamétrie.
Dans près de 70 % de ces vidéos, les personnages "demeurent éminemment stéréotypés", écrit la Fondation des femmes. On retrouve ainsi "la sentimentale", "la poupée" ou encore "la séductrice" chez les personnages féminins et "l'hyper-viril", "le protecteur" ou "le macho" chez les personnages masculins. La fondation relève par ailleurs une sexualisation des personnages dans 21 % des vidéos. À chaque fois, c'est la femme qui est sexualisée, notamment par des plans suggestifs et des poses lascives. "Ces procédés véhiculent l’idée que les femmes doivent paraître et se comporter d’une certaine manière pour être attrayantes, renforçant ainsi l’image de la femme-objet."
Les clips musicaux en première ligne
Parmi les contenus les plus visionnés sur YouTube en 2019 et 2020 en France, 74 % sont des clips musicaux. Ils participent grandement à donner une image dégradante de la femme puisque dans un clip sur quatre, des propos à connotation sexuelle sont tenus, que ce soient des insultes sexistes, des propos misogynes ou des violences conjugales. Ainsi, dans un des clips visionnés par la Fondation des femmes, "le personnage principal masculin chante à côté des cadavres emballés de bâche blanche de son ex-compagne et de son amant". La culture du viol est également présente dans une autre séquence.
Dans son rapport, la Fondation des femmes estime que les contenus YouTube présentant une image dégradante des femmes sont passés de 15,5 % en 2017 et 2018, selon une étude du CSA, à 34,7 % en 2019 et 2020. "Nos chiffres, plus élevés que ceux présentés par le CSA, s’expliquent par l’évolution du critère avec une gradation qui n’était pas observée auparavant", précise le rapport.
Pour améliorer la représentation des femmes dans le secteur numérique, la Fondation des femmes propose donc plusieurs pistes, comme une auto-régulation des GAFAM ou l'instauration de l'éga-conditionnalité dans le cadre du soutien à la création. "Si les œuvres véhiculent des séquences trop dégradantes pour les femmes, elles seraient privées de financement", précise la fondation qui propose également de faire évoluer la loi Léotard sur la communication audiovisuelle en donnant la compétence au CSA de veiller à l'image des femmes sur internet.