Faux recruteur mais vrai prédateur sexuel ? Les récits terribles de dix jeunes plaignantes
Dans un article du Parisien paru le 8 avril, on y apprend l'existence d'un faux recruteur LinkedIn qui, lors d'entretiens par visioconférences, demandait à de jeunes candidates en recherche de stage de se déshabiller ou si elles étaient prêtes à certains actes sexuels pour réussir. Dix plaintes ont été déposées, mais elles sont près de 40 à penser qu'elles ont été victimes du même homme.
Les faits, récents, remontent à février 2021 pour certaines. Les victimes ont toutes un profil commun : elles sont jeunes, étudiantes et en recherche de stage. En raison d'un marché de l'emploi capricieux, encore plus mis à mal par la crise sanitaire, il n'est pas chose facile de trouver un travail, ni même un stage. Les jeunes femmes de cette histoire le savent bien, c'est pourquoi, lorsqu'elles se font enfin contacter par un recruteur pour un entretien, elles pensent entrevoir le bout du tunnel. Tantôt avocat d'affaires, tantôt employé dans la finance, l'homme utilise des noms usurpés et ne travaille pas dans les entreprises qu'il prétend être les siennes. Son mode opératoire ? Garder sa caméra éteinte lors de l'entretien et alterner entre "propos professionnels et déplacés de façon très fluide". Cléo, étudiante de 20 ans, a eu affaire au faux recruteur le 18 février 2021. Professionnel au départ, l'entretien prend une tournure beaucoup plus sombre par la suite. "Il me demande de me mettre debout, de me tourner. Je n'ai pas vraiment le temps de réfléchir, je le fais. Et puis il me dit de soulever mon chemisier." La jeune femme ne s'execute pas et l'homme enchaîne, comme si de rien n'était, Puis il lui demande de rédiger un exercice en direct. "Pendant que j'écris, je vois qu'il coupe régulièrement son micro. Mais dès qu'il le rallume, j'entends des petits gémissements", révèle Cléo au Parisien. L'homme lui propose finalement le stage, mais à une condition : "il faut lui obéir, et s'il demande à ses assistantes de soulever leur chemisier, elles le font". La jeune femme décline l'offre et raccroche.
"C'était un grand malade"
Trois jours plus tôt, Candice, 18 ans, a elle aussi fait les frais de l'imposteur. "C'était le premier entretien de ma vie, c'était tellement glauque", confie l'étudiante au Parisien. "Il veut que je prenne des poses et que j'incline ma caméra. Puis il me demande si j'ai du lait de coco chez moi...Il insiste. Au bord des larmes, je remonte de la cuisine avec de la crème de marron, je lui dis que je veux parler du stage, mais il continue..." Au total, elles sont dix femmes à avoir déposé plainte, même si elles sont plus nombreuses à avoir été victimes de ce prédateur sexuel. C'est Cléo qui rassemble les foules après avoir raconté sa mésaventure sur LinkedIn, dans un post consulté plus de 300 000 fois. "Très vite, j'ai été contactée par une, deux, trois, quatre, cinq étudiantes. Là, j'ai commencé à me dire que c'était un grand malade". Questionnées sur leurs mensurations, sur leurs sous-vêtements, sur leur aptitude à "jouer du poignet" ou pour savoir si elles "suçaient bien", elles sont nombreuses à partager leur témoignage.
Le même homme derrière tous ces faux entretiens ?
Sur l'ensemble des jeunes femmes, elles sont deux à avoir eu affaire à un homme se présentant sous le même nom et sous la même profession. L'une d'elle a même vu son visage, puisque, cette fois-là, il avait allumé sa caméra. Patron d'un média en ligne dédié à un constructeur automobile, révèle le Parisien, il est passé sur le plateau de BFM Business en janvier dernier. En visionnant l'interview, toutes les jeunes femmes ont reconnu sa voix. De plus, elles sont plusieurs à avoir reconnu leurs synthèses commerciales ou financières rédigées lors de "l'entretien", affichées en ligne sur le site. Le Parisien a tenté de contacter le patron du média, qui n'a pas souhaité s'exprimer et leur a raccroché au nez.
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