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Fabien Roussel promet aux électeurs de nouveaux "jours heureux"

LES MOTS DE LA CAMPAGNE Pour un candidat à l’élection présidentielle, le choix des mots est rarement anodin. Tout au long de la campagne, France 24 vous explique les raisons ayant poussé un candidat à l’Élysée à prononcer un mot ou une expression. Cette semaine, le candidat communiste Fabien Roussel qui promet des "jours heureux", inscrit son programme dans la joie... et l’Histoire.  C’est dans l’austère salle des conférences du siège du PCF, aux allures de bunker, place du Colonel Fabien, dans le 19e arrondissement de Paris, que Fabien Roussel a dévoilé pour la première fois, lundi 24 janvier, son programme basé sur un "pacte social, écologique, républicain". "Ce soir, je lance un appel, un appel à construire des jours heureux. […] Construisons ensemble cette France des jours heureux". Ambitieux plan de bataille aux tonalités joviales et festives qui tranche avec la froideur bétonnée des lieux. En évoquant "les jours heureux", le candidat communiste fait surtout référence à l’Histoire.   Fabien Roussel n’est pas le premier à reprendre cette référence historique à son compte. Emmanuel Macron, lors de son discours du 13 avril 2020 prononcé en pleine crise sanitaire, y avait lui aussi fait allusion. "Mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les jours heureux. J’en ai la conviction." Plus tôt encore, lors de la campagne présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchonavait lui aussi convoqué  des "jours heureux" sous l'apparence d'un hologrammeprojeté dans sept villes de France.  D'où vient l’expression "les jours heureux" ?  Fabien Roussel, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon n’ignorent pas qu'il s'agit d'une référence au Conseil National de la Résistance (CNR). Le 27 mai 1943 lorsque ce groupe est créé en pleine guerre par six partis politiques, dont le parti communiste et deux centrales syndicales, ils se projettent déjà dans l’après-guerre en négociant le programme des "jours heureux". Ce texte innovant, adopté le le 15 mars 1944, contient des avancées majeures : le droit de vote des femmes, la création de la Sécurité sociale et du système de retraite par répartition, les nationalisations des houillères, de Renault, des banques de dépôts, de la Banque de France, de l’électricité et du rail. "Un tel programme, mis en place au sortir d’une déflagration aussi traumatisante, fait écho à notre propre défi, à l’heure où notre pays, mis brutalement à l’arrêt par la pandémie, affronte une crise d’une ampleur inédite", a rappelé Fabien Roussel qui tente de donner à sa campagne le cadre des années bénies du communiste français. Le parti constituait en effet en 1945 la première force politique de gauche du pays  Certains voient aussi dans son slogan "La France des jours heureux" une allusion plus large encore. Fabien Roussel "fait écho non seulement aux mobilisations sociales des années récentes (contre la remise en cause de l’État providence et des grandes réformes nées de la Résistance, la Sécurité sociale, les retraites, etc.), mais aussi au Front populaire", abonde Jean Vigreux, historien, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC) dans un article publié le 16 février 2022 par The Conversation.   Pourquoi Fabien Roussel utilise-t-il cette expression ?   Déterminé à rompre avec les discours plus anxiogènes portés par la droite et l’extrême droite, Fabien  Roussel propose là une autre vision du monde basée sur l’optimisme. "Le ton de la campagne mise sur 'l’espoir' et la 'joie' qui sous-tend la présence réaffirmée du PCF. Ces deux termes relèvent d’éléments de langage bien étudiés, des marqueurs forts destinés à "ré-enchanter le monde” et s’opposant facilement à une vision politique à droite fondée sur un repli nationaliste identitaire et xénophobe, voire décliniste", estime Jean Vigreux.  Son programme s'inscrit d’ailleurs dans la droite ligne de son slogan. Parmi ses grandes mesures, Fabien Roussel met en avant "le droit au bonheur au travail, mais aussi le droit au bonheur en vacances" et entend ainsi permettre à tous de partir en congés. Pour financer ce projet à hauteur d'un milliard d'euros selon ses estimations, le prétendant à l’Élysée compter lancer une taxe "Robin des Bois” sur les jets privés et sur les voyages en classe affaires. "Comme ça, tous ceux qui prendront leur jet ou qui seront en classe affaires se diront qu'ils financent aussi l'accès aux vacances."  Une chose est sure, sa campagne électorale rompt avec les quinze années d’absence du PCF au sein d’une élection présidentielle. Depuis la chute du Bloc de l’Est en 1989-1991 et surtout au vu des mauvais résultats déclinants obtenus par Robert Hue (en 1995 et 2002) puis Marie-George Buffet (en 2007), d’aucuns disaient le parti moribond. Avec ses "jours heureux", il semble que Fabien Roussel ait surtout redonné un peu de rouge aux joues de son parti.   Les autres "Mots de la campagne" sont à retrouver ici.

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