Être au bloc opératoire… et découvrir une plage de Bora-Bora
Se croire sur une plage idyllique, alors que vous être en train de subir une opération chirurgicale, c’est désormais possible grâce aux casques de réalité virtuelle utilisés pour diminuer le stress des patients.
Réalité virtuelle au bloc opératoire ou comment soulager le stress des patients sur la table d'opération ? Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé de France 5 a décrypté une étude américaine sur cette pratique qui commence à concerner quelques établissements en France.
franceinfo : Une étude américaine vient d’évaluer précisément les bénéfices de cette immersion dans des univers très bien reconstitués ?
Géraldine Zamansky : Exactement. Cette étude a été réalisée par des anesthésistes d’un des plus grands hôpitaux universitaires américains, à Boston. Ils ont proposé à des patients qui se faisaient opérer de la main, sous anesthésie locale, de mettre un casque de réalité virtuelle. Ces sortes d’énormes lunettes donnent vraiment l’impression, d’être "ailleurs".
Et le DrAdeel Faruki m’a expliqué que c’est exactement ce qu’il cherchait pour réduire l’anxiété créée par le bloc opératoire. Ceux qui en ont fait l’expérience savent que cela peut être impressionnant d’arriver dans cette salle remplie de matériel technique…
Et en cas d’anesthésie locale, la douleur est éliminée bien sûr, mais il reste les bruits, et parfois la sensation des mouvements du chirurgien. C’est tout cet ensemble stressant que le Dr Faruki voulait dissiper, grâce au voyage sur une plage, créé par le casque virtuel ! Avec un très bon résultat puisque cela a permis de diviser par six la quantité de produit injecté par les anesthésistes pour endormir les patients, sans provoquer le moindre inconfort supplémentaire.
Du produit pour les endormir, mais vous avez parlé d’anesthésie locale ?
Oui, mais justement, parfois, si le patient stressé risque de bouger son bras alors que le chirurgien est en plein travail, l’anesthésiste peut décider de l’endormir. C’est ce qui est arrivé plus souvent pour ceux qui n’avaient pas de casque. Et surtout, après l’opération, les heureux voyageurs virtuels sont restés moins longtemps en salle de surveillance. Je vais vous épargner tous les critères médicaux correspondants et faire très simple : ils étaient en meilleure forme.
Un bénéfice que le Dr Faruki espère confirmer avec la prochaine étude sur des interventions plus lourdes de prothèse de hanche par exemple. Car au-delà du bien-être immédiat des patients, il s’agit surtout de réduire les complications liées aux produits d’endormissements. Comme des problèmes respiratoires par exemple. Ces casques ne sont donc vraiment pas un gadget comme on pourrait d’abord le croire ?
Pas du tout. D’ailleurs ils ont déjà trouvé leur place dans des blocs opératoires en France. Mais bien sûr, ils ont un coût qui semble davantage freiner leur arrivée dans le public que dans le privé. Le CHU de Rennes peut en proposer à ses patients grâce à des dons. Et après un test très positif pour de petites interventions, l’Hôpital de Montargis va bientôt en recevoir. Espérons que les preuves apportées par l’équipe de Boston encourageront les directions hospitalières à passer commande ! Soit une fin basique, soit c’est sûr, s’évader même virtuellement au bord de la mer, c’est une bonne idée pour réduire le stress, y compris en dehors des blocs opératoires !