Environnement : des scientifiques américains mettent le feu pour étudier les incendies de forêts
Plusieurs régions des Etats-Unis connaissent déjà une sécheresse inquiétante, avec des risques d’incendie. Pourtant, des scientifiques ont quand même mis le feu à une forêt, le mois dernier. Des dizaines de pompiers, de militaires et de scientifiques ont allumé volontairement une parcelle forestière à Fort Stewart en Géorgie, fin avril. Un feu sur une centaine d'hectares, à peu près la taille de l’île d’Aix (Charente Maritime) ou d'une centaine de terrains de foot. Rien à voir avec les superficies qui disparaissent dans les incendies que l’Ouest américain a pu connaître en été, où ce sont des milliers d’hectares qui partent en fumée. Les pompiers ont mis le feu au sol avec des lance-flammes mais aussi en larguant des centaines de balles de ping-pong prévu pour se transformer en petites boules de feu, une fois lancées par des avions.
Souvent les pompiers font des exercices et ils mettent le feu à un bois pour s’entraîner, mais là il s’agit d’un programme scientifique de plus grande ampleur, appelé Fire and Smoke Model Evaluation Experiment (Fasmee) avec la Nasa et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), afin de modéliser les incendies à venir de grandes forêts du continent.
C’est la troisième année qu’ils mettent ainsi le feu à des parcelles forestières. Les années précédentes, ils ont étudié des forêts plus à l’Ouest comme dans le Wyoming, l’Utah. Là, ils poursuivent leur programme plus au sud-est du pays. À chaque fois, ils analysent leurs expériences avec des drones, des capteurs, des ballons sondes et des avions qui font des prélèvements dans les fumées pour savoir ce qu’elles contiennent.
Ce programme doit leur permettre de mieux anticiper la gestion de l’incendie en coupant la route au feu. Ils peuvent calculer quel risque il y a que la foudre ou un facteur humain ne déclenche un incendie. Enfin, en fonction de la végétation qui brûle, ils analysent la composition et la toxicité des fumées. Elles peuvent contenir du benzène, du formaldéhyde, de l’acroléine, des produits toxiqueset cancérigènes même si on n'en respire pas souvent.
Ces analyses doivent permettre à la fois de mieux protéger les pompiers dans leur travail mais aussi de faire des recommandations de santé publique et d’évacuation des populations pour qu’elles échappent aux flammes, évidemment, mais aussi pour qu’elles ne respirent ces fumées.
Leur étude porte aussi sur la meilleure façon de régénérer une forêt après un incendie. En effet des espèces comme les pins ou les peupliers trembles qui peuvent bénéficier de la place laissée par les arbres qui ont brûlé pour se redévelopper plus rapidement. Il faut donc veiller à la variété des arbres dans la forêt afin qu'elle soit moins sensible aux maladies et au changement climatique.