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Insolite et Faits divers

Incendies : que deviennent les forêts après le feu éteint ?

Le choix de franceinfo La rédaction de franceinfo Du lundi au dimanche à 8h14 et 15h24 Cet été 2022 a été marqué des incendies importants dans les forêts françaises notamment en Gironde, dans les Landes ou encore en Bretagne. franceinfo s'est penché sur l'"après" : que fait-on des arbres calcinés ? Quel avenir pour tous ces hectares brûlés ? Après le feu, que reste-t-il ? Pour savoir comment on reconstruit une forêt qui a brûlé, nous nous sommes rendus dans les Bouches-du-Rhône : sur le massif de la Montagnette, au sud d'Avignon, où 1 500 hectares sont partis en fumée en juillet 2022. Pour arpenter la zone incendiée du massif, toujours fermée au public pour des raisons de sécurité, il faut monter dans la voiture des équipes de l'Office national des forêts (ONF). Ce jour-là, il y a beaucoup de vent et les équipes sont encore plus vigilantes face au risque accru d'incendie. >> Événements climatiques : 7 Français sur 10 ont peur d’être personnellement touchés, selon un sondage En haut du massif, Laurence Le Legard-Moreau, la responsable des services forêts et bois de l'agence ONF des Bouches-du-Rhône, constate l'étendue des dégâts. Face à ce paysage calciné, "on ressent du désarroi, confie la responsable de l'ONF, mais on doit évoluer vers autre chose. On doit se projeter vers l'avenir." Avant de penser à l'avenir, ils ont sécurisé la forêt et ses routes. Les arbres brûlés qui présentaient un danger, principalement des pins et des chênes, ont été abattus. Ils serviront de bois de chauffage pour les mairies ou encore les lycées des communes environnantes. Laurence Le-Legard-Moreau, la responsable des services forêts et bois de l'agence ONF des Bouches-du-Rhône et Jean-Marc Lagarrigue, responsable de l'unité territoriale Alpilles Collines Provençales à l'ONF. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE) Faire avec ce que la nature donne Et puis, il y a ces arbres encore debout. Ce d'ailleurs ce qui surprend quand on se balade dans la forêt, ces pins avec des troncs noircis, qui sont pour la plupart morts. Mais ils n'ont pas été abattus pour une bonne raison. "Si on enlève tout, explique Laurence Le Legard-Moreau, le risque notamment en zone méditerranéenne où on a des épisodes pluvieux à l'automne qui sont très dynamiques, toute la partie fertile du sol, l'humus et les cendres qui doivent être là pour accueillir la forêt de demain ça risque de descendre. Donc cela diminue la fertilité des pentes et ce n'est pas le but." L'approche des équipes de l'ONF est de faire avec ce que la nature leur donne avant de penser à reboiser par elles-mêmes. Par exemple, elles vont observer les endroits où sont les "semis", c'est à dire des arbustes, qui repoussent. Puis les aider en les arrosant pendant plusieurs étés. Un savoir-faire face aux nombreux feux de forêts Il s'agit d'actions à court terme mais il y aussi le long terme. Dans un premier temps, il va falloir revoir le plan de gestion du risque incendie sur le massif de la Montagnette, qui date d'une dizaine d'années, désormais rendu caduque depuis le sinistre. Ce savoir-faire peut s'appliquer dans d'autres régions où il y a eu des incendies cet été comme en Bretagne ou en Gironde. >> Visualisez ce que représentent les dizaines de milliers d'hectares brûlés cette année par rapport à la taille de votre département "Nos collègues forestiers d'autres régions en France nous demandent notre expertise et notre retour d'expérience, explique Jean-Marc Lagarrigue, le responsable de l'unité territoriale Alpilles Collines Provençales à l'ONF. Ils n'ont pas forcément cette logique de pistes, de débroussailler en bon état avec un débroussaillement de sécurité pour les pompiers et des citernes, des moyens de lutte, inventorier des points d'eau, savoir si oui ou non un hélicoptère pourra intervenir ou pas." Le changement climatique va être pris en compte dans le nouveau plan contre les incendies. Par exemple, des expérimentations sont en cours pour importer des pins qui se sont développés dans des climats encore plus arides comme au Maghreb. Des communes en premières lignes L'ONF n'est pas le seul acteur dans la reconstruction de la forêt. Il y aussi les communes sur lesquelles s'étendent les forêts incendiées : ce sont d'abord elles qui vont régler la facture, même si elles peuvent demander des aides. C'est ce qu'a fait le maire de Barbentane, Jean-Christophe Daudet, auprès du Conseil départemental, du Conseil régional et même de l'Union européenne. Le 18 juillet 2022, sa commune a été la proie des flammes, la crèche, l'école et l'Ehpad ont été encerclés par les pins en feu. Ce qui a sauvé Barbentane, ce sont des champs d'oliviers : "La chance qu'on a eu, explique le maire Jean-Christophe Daudet, c'est que grâce aux terrains qui sont exploitées, ça nous à permis de fixer le feu, de le bloquer, de le ralentir." Le maire veut développer ces "champs coupe-feu", comme il les appelle, tout le long de sa commune avec des cultures d'oliviers et aussi d'amandiers. Mais la réalité de la Montagnette n'est pas celle de toutes les forêts incendiées, cet été. Les équipes de l'ONF devront composer avec les spécificités de chacune d'entre elles pour les reconstruire. Jean-Christophe Daudet, maire de la commune de Barbentane, touchée par l'incendie du massif de la Montagnette le 18 juillet 2022. (MARGAUX QUEFFELEC / RADIO FRANCE)

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