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En réponse aux émeutes, Les Républicains s’alignent sur l’extrême droite

CONVERGENCES Plusieurs élus Les Républicains, dont le président du parti Éric Ciotti et le patron des sénateurs Bruno Retailleau, se sont distingués ces derniers jours par une surenchère dans les propos et les propositions en phase avec l’extrême droite. Le président du parti Les Républicains (LR) Éric Ciotti lors des États généraux de la droite au Cirque d'Hiver à Paris, le 17 juin 2023. Propos polémiques et propositions sécuritaires choc : plusieurs élus Les Républicains (LR) n’hésitent plus à s’aligner sur l’extrême droite pour se démarquer du gouvernement et démontrer leur fermeté face aux émeutiers. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a ainsi déclenché un tollé, mercredi 5 juillet, en assurant qu'il existait un lien entre l'immigration et les émeutes de la semaine écoulée et "une sorte de régression vers les origines ethniques" de la part de "la deuxième et troisième générations". "Certes, ce sont des Français, mais ce sont des Français par leur identité et malheureusement, pour la deuxième et troisième générations, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques", a-t-il affirmé sur franceinfo à propos du profil des jeunes qui ont pris part aux émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué lors d'un contrôle de police. "C'est la double peine pour les Français : ils ont payé et maintenant il va falloir reconstruire parce que les ensauvagés ont brûlé !", a également dénoncé Bruno Retailleau. Des propos rapidement condamnés par la gauche : la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale Mathilde Panot a dénoncé le "racisme crasse d'un président de groupe en déroute qui n'a plus de républicain que le nom", le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a évoqué "la zemmourisation des esprits" et le groupe écologiste du Sénat a pointé des "propos ouvertement racistes". Le gouvernement, aussi, a contredit une telle approche. "L'explication seulement identitaire me paraît très erronée", a répondu mardi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, précisant que "moins de 10 % des interpellés étaient étrangers" et "90 % français". "Pourquoi dans certains endroits, c'est des jeunes issus de l'immigration, dans d'autres, pas du tout ?", a interrogé de son côté le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, jeudi matin. "Pourquoi dans certains endroits, ce sont des jeunes qui sont connus des services (...) et dans la plupart des endroits, pas du tout ?", a-t-il poursuivi, annonçant un travail en cours mené par "un ensemble de professionnels" pour "qu'on puisse identifier des facteurs communs, s'il y en a". Supprimer les allocations familiales Ces discours s’accompagnent de propositions qui se veulent plus dures les unes que les autres. Il s’agit d’être à l’initiative face au gouvernement, d’une part, et de ne pas laisser le champ libre au Rassemblement national (RN) et à Reconquête, d’autre part. Le président de LR, Éric Ciotti, a donc appelé mardi à ressusciter sa loi controversée pour supprimer les allocations familiales en fonction notamment de l'absentéisme scolaire, tandis que le sénateur LR Stéphane Le Rudulier a présenté une proposition de loi visant à abaisser la majorité pénale à 16 ans et à instaurer des peines planchers de prison ferme pour tous les agresseurs de policiers, élus et représentants de l'État. "Je déposerai ma proposition de loi sur le bureau de l'Assemblée nationale. Il faut arrêter avec les discours : si M. Macron décide de l'inscrire à l'ordre du jour, on peut la voter avant le 14 juillet", a-t-il déclaré devant la presse. La nouvelle version de son texte, consultée par l'AFP, dépasse sensiblement le cadre de celui voté en 2010, puis abrogé par la gauche en 2013, et ne concerne pas uniquement l'absentéisme. Il prévoit que lorsque des condamnations et décisions de justice imposent des "obligations ou des interdictions à un enfant mineur", celles-ci doivent être "signifiées aux titulaires de l'autorité parentale". Un "contrat (...) entre la justice et les parents" obligerait ces derniers à s'assurer que le mineur respecte ces décisions, sous peine de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. En cas "de refus manifeste" de respecter ce contrat, le juge pourrait demander une suspension de la part des allocations correspondant au mineur. Remise en cause du droit du sol Un autre article prévoit des mesures similaires en cas d'atteintes répétées d'un élève aux "valeurs de la République", avec la signature d'un "contrat de responsabilité parentale", et la possibilité pour le président du conseil départemental de faire suspendre, le cas échéant, le versement de prestations sociales. "Il y a eu quelques dizaines de milliers (...) d'émeutiers, pour ceux-là, il faut être implacable", a aussi affirmé Éric Ciotti mardi, estimant que "derrière ces émeutes, il y a la problématique de l'immigration", certains émeutiers nourrissant selon lui une "haine de la France". "Il est hors de question que le droit du sol (...) s'applique pour ceux qui auront été condamnés dans ces émeutes", a-t-il notamment demandé, appelant aussi à une "déchéance de nationalité" pour les binationaux "condamnés" en marge des émeutes. Une proposition formulée quasi simultanément par le président de Reconquête, Éric Zemmour, sur Twitter : "Parmi les émeutiers, il y a un tiers de mineurs. Un certain nombre d'entre eux n'est censé obtenir la nationalité française qu'à 18 ans. Je propose que toute participation aux #emeutes avec délit contre les représentations de l’État, les bâtiments publics, les élus, les forces de l'ordre ou les pompiers soit un motif de refus de la nationalité française. Ceux-là ne méritent pas de devenir nos compatriotes." La déchéance de nationalité n’est actuellement possible que pour les personnes ayant acquis la nationalité française et possédant une autre nationalité et qui ont été condamnées pour certains crimes ou délits comme un acte de terrorisme ou constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation. François Hollande avait voulu instaurer la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français après les attentats de 2015, avant d’y renoncer en raison du tollé que sa proposition avait suscité au sein de son propre camp. Avec AFP

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