Emmanuel Macron défend son bilan sans officialiser sa candidature à la présidentielle
Le chef de l'État français Emmanuel Macron a donné un long entretien sur TF1 et LCI mercredi soir. À quelques mois de la présidentielle, il a défendu son bilan et laissé entendre son envie de rester à l'Élysée sans toutefois officialiser sa candidature à un nouveau mandat.
Des réformes économiques au Covid-19 en passant par les "gilets jaunes", Emmanuel Macron a défendu, mercredi 15 décembre sur TF1 et LCI, le bilan de son quinquennat. Tout en dressant un tableau positif de son action, le chef de l'État a reconnu avoir fait quelques erreurs et, surtout, "avoir appris" des différentes crises qu'il a affrontées depuis 2017.
A quatre mois du premier tour de la présidentielle, le 10 avril, Emmanuel Macron n'a pas répondu, comme prévu, aux appels pressants des oppositions pour qu'il entre enfin dans la course et cesse de mener campagne "sans le dire".
"Certains sont en campagne, mais votre serviteur : non", assure-t-il. Mais "je n'ai jamais pensé qu'on pouvait, en cinq ans, tout faire", nuance-t-il, en souhaitant "continuer à (se) projeter" et "garder de la vision" pour "dire : je projette le pays à 10 ans".
Relancé à plusieurs reprises sur son éventuelle candidature, il assure ne pas être "aujourd'hui dans la situation de répondre à cette question, à la fois compte tenu du pays (et) compte tenu de moi-même". "Les Françaises et les Français m'ont choisi (en 2017) et je n'étais pas connu. Nous avons appris à nous connaître, je n'étais pas familier de nos compatriotes", reconnaît le jeune président, qui fêtera ses 44 ans mardi prochain.
"Il y a quelqu'un qui tranche, j'assume", répond-il quand il est interrogé par les journalistes Audrey Crespo-Mara de TF1 et Darius Rochebin de LCI sur sa manière de présider, souvent qualifiée de "jupitérienne". Mais il affirme aussi travailler dans la "collégialité", citant les nombreux conseils de défense Covid organisés depuis le début de la crise sanitaire il y a près de deux ans.
"Pas la loi de la jungle"
Il demande donc "le droit de ne pas être la caricature dans laquelle on veut (l') enfermer", comme celles de président déconnecté de la vraie vie des Français ou de président des riches. "Je n’ai jamais été ça ! (...) Mes valeurs ne sont pas celles d'un président des riches", insiste-t-il.
Interrogé sur ses "petites phrases" polémiques du début du quinquennat, il reconnaît qu'il ne les redirait plus, même si elles montraient qu'il était "arrivé au pouvoir avec une forme de vitalité" et "une volonté de bousculer". "J'ai acquis, je crois pouvoir le dire, beaucoup plus de respect pour chacun", affirme-t-il.
Élu en 2017 avec la promesse de dépasser le clivage droite-gauche, Emmanuel Macron explique que son projet était bâti sur "le triptyque libérer/protéger/ unifier". "Je ne crois pas dans la sauvagerie, je ne suis pas pour la loi de la jungle ! Je suis pour la responsabilité, le mérite, mais également l'entraide et la solidarité lorsque les coups durs sont là", détaille-t-il.
Emmanuel Macron justifie ainsi le "quoi qu'il en coûte" mis en place en 2020 après l'explosion de la pandémie. Cette politique a été possible "parce que nous avions une crédibilité, une solidité, liées aux réformes du marché du travail, à l'attractivité rebâtie".
Stoppée par la crise sanitaire, la réforme des retraite devra être relancée, a-t-il jugé, mais en allant "vers un système simplifié" avec "grosso modo trois grands régimes", pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants. Il a reconnu que les faire passer de 42 à un seul, comme il en avait l'intention initialement, était "trop anxiogène".
Les opposants remontés
Cette émission intitulée "Où va la France ?", enregistrée dimanche dans la salle des fêtes de l'Élysée, a mis en fureur adversaires et partisans du président à moins de quatre mois de la présidentielle. L'opposition a dénoncé une atteinte à l'"équité" du temps de parole tandis que la majorité défendait le droit du président à s'expliquer face aux Français.
Plusieurs prétendants à l'Élysée ont fait appel à l'arbitre, en saisissant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).
Avec AFP