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Elisabeth Borne, une fidèle macroniste issue de la gauche à Matignon

Elisabeth Borne, ici à l'Élysée après un Conseil des ministres le 11 mai 2022, a été nommée Première ministre pour succéder à Jean Castex. Ministre du Travail dans le précédent gouvernement de Jean Castex, Elisabeth Borne a été nommée, lundi, Première ministre. Elle devient ainsi la première femme à ce poste depuis 30 ans. Avant le Travail, cette ingénieure de formation avait été à la tête du ministère des Transports où elle a conduit la réforme de la SNCF. Elle a par ailleurs déjà piloté, en 2014, des dossiers ayant trait à l'écologie sous Ségolène Royal. Elle est la deuxième femme nommée au poste de Première ministre sous la Ve République. À 61 ans, Elisabeth Borne a été choisie pour succéder à Jean Castex à Matignon, a annoncé l'Élysée lundi 16 mai. À la tête de trois ministères difficiles pendant le dernier quinquennat d'Emmanuel Macron, c'est sa loyauté qui aura vraisemblablement fait la différence pour accéder au poste de Première ministre.  Nommée 30 ans après Édith Cresson, seule Première ministre entre 1991 et 1992, cette technicienne issue de la gauche, qui fut notamment directrice de cabinet de Ségolène Royal, est par ailleurs membre de l'aile gauche de la macronie. Un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par "la mère des batailles" sur les retraites. Cette ingénieure, née le 18 avril 1961 à Paris, diplômée de l'École nationale des Ponts et chaussées et de Polytechnique, haute fonctionnaire, se définit elle-même comme "une femme de gauche" avec "la justice sociale et l'égalité des chances" au centre de ses combats. Réforme de l'assurance chômage, "un jeune, une solution" À son arrivée au ministère du Travail, en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, elle a notamment dû gérer le très contesté dossier de la réforme de l'assurance chômage, dénoncée unanimement par les syndicats. Présentée en mars 2021 dans une version "adaptée" à la crise, elle est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue.  À son actif également, le plan "Un jeune, une solution" présenté dès juillet 2020 qui a mobilisé une palette de dispositifs pour l'emploi, dont des aides massives à l'apprentissage, pour éviter une "génération sacrifiée". Elle avait aussi hérité de l'explosif dossier des retraites, même s'il avait été remisé. Cette sexagénaire toujours tirée à quatre épingles, souvent une cigarette électronique à la main – y compris discrètement dans l'hémicycle des assemblées –, est réputée bien connaître ses dossiers. "Plus politique" que sa prédécesseure Muriel Pénicaud, selon un observateur du secteur, elle a entretenu des relations plus fluides avec les partenaires sociaux. "Peut-être qu'elle est un peu plus rigoureuse sur un certain nombre de choses, dans les relations en tout cas", mais "la stratégie c'est la même", tempérait toutefois Philippe Martinez (CGT) l'an dernier. "C'est une super techno", commentait récemment un autre responsable syndical, qui ne la voyait pas à Matignon. "Si on se dit qu'il y a besoin d'empathie, pour le coup, vous partez de loin", grinçait-il, tout en reconnaissant qu'"elle n'a pas un mauvais bilan" au ministère du Travail. Dans les couloirs des ministères où elle a officié, on rappelle qu'elle fut surnommée "Borne out" pour sa dureté supposée envers ses collaborateurs – un jeu de mots avec le "burn out", ou syndrome d'épuisement au travail. Elisabeth Borne avait multiplié ces derniers mois les interventions dans les médias pour défendre l'action du gouvernement, notamment le "bouclier anti-licenciement" du chômage partiel face à la crise, ou pour battre le rappel sur le télétravail face au Covid-19. Elle a d'ailleurs elle-même passé plusieurs jours à l'hôpital en mars 2021 après avoir contracté le virus, confiant par la suite avoir vécu une expérience "angoissante" et s'être vu "administrer ponctuellement de l'oxygène".  En charge de la réforme de la SNCF Avant d'arriver rue de Grenelle, Elisabeth Borne avait d'abord géré le portefeuille des Transports dans les gouvernements d'Édouard Philippe. Durant ces deux années à ce poste, elle avait gagné une assise certaine en menant à son terme l'une des réformes emblématiques du quinquennat, celle de la SNCF, et en portant la loi touffue sur les mobilités (LOM). Elle avait ensuite remplacé François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire lors d'un remaniement en juillet 2019. Elisabeth Borne avait déjà fait un passage en 2014 comme directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement d'alors, Ségolène Royal. L'année précédente, en 2013, elle avait été préfète de la région Poitou-Charentes, présidée alors par Ségolène Royal. Dès 2015, Elisabeth Borne avait toutefois été nommée présidente de la RATP, grande entreprise publique de transports, quelques années après avoir été directrice de la stratégie de la SNCF, au début des années 2000.  Dans une carrière essentiellement consacrée au service public, notamment dans les cabinets socialistes dans les années 1990, chez Lionel Jospin à l'Éducation ou Jack Lang à la Culture, Elisabeth Borne a aussi fait un passage dans le privé, chargée des concessions du groupe Eiffage en 2007, avant de rejoindre la Mairie de Paris comme directrice de l'urbanisme.  Très discrète sur sa vie privée, ayant perdu son père "très jeune" avec une mère qui n'"avait pas vraiment de revenus", elle a été pupille de la Nation, confiant avoir trouvé dans les maths "quelque chose d'assez rassurant, d'assez rationnel". Elisabeth Borne est la quatrième cheffe du gouvernement sous la Ve République à n'avoir jamais brigué un mandat au suffrage universel, après Georges Pompidou, Raymond Barre et Dominique de Villepin.  Si elle avait annoncé sa candidature aux législatives dans le Calvados en juin, cette absence d'"enracinement" et un sens politique jugé relatif avaient provoqué la circonspection de certains caciques de la majorité présidentielle lorsque son nom avait été mis en avant dès le lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron. En avril, dans un sondage Ifop, 45 % des personnes interrogées disaient d'ailleurs ne pas la connaître. Mais après de nombreuses hypothèses, de Catherine Vautrin à Marisol Touraine, c'est cette fidèle – "loyale, intègre, bûcheuse et plutôt drôle quand on la connaît", selon un élu – que le chef de l'État a choisi. Avec un premier défi de taille : mener la bataille des législatives pour que la macronie conserve sa majorité à l'Assemblée. Avec AFP Législatives 2022 © Studio graphique FMM

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