Affaire Troadec : les experts psychiatriques qui ont examiné Hubert Caouissin évoquent "un cas d’école du délire paranoïaque"
Au neuvième jour du procès de l’affaire Troadec à Nantes, les experts tentent d’éclairer la personnalité d’Hubert Caouissin, accusé du meurtre de son beau-frère Pascal, de sa belle-sœur Brigitte et de leurs deux enfants Sébastien et Charlotte.
Les psychiatres sont à la barre pour le neuvième jour d’audience au procès de l’affaire Troadec devant la cour d'assises de Loire-Atlantique. Les experts tentent depuis vendredi 2 juillet matin d’éclairer la personnalité d’Hubert Caouissin, accusé du meurtre de son beau-frère Pascal, de sa belle-sœur Brigitte et de leur deux enfants Sébastien et Charlotte. Un expert, le Dr Zagury, a expliqué le délire paranoïaque dans lequel était enfermé le couple Hubert Caouissin et Lydie Troadec.
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Cette affaire est "un cas d’école du délire paranoïaque", le "délire commun de deux blessés de la vie qui se réparent l’un l’autre", a ainsi détaillé le Dr Zagury. Pour Hubert Caouissin, cela commence par une enfance malheureuse, sa mère alcoolique et violente. Il y aura ensuite l’école qui veut, il en est persuadé, du mal à son fils, les difficultés professionnelles enfin qui viennent "rouvrir les blessures". Et puis, survient ce que le psychiatre appelle un "eurêka psychotique", quand Renée Troadec évoque auprès d’Hubert et Lydie de ces lingots d’or prétendument volés par Pascal et Brigitte.
Une somme d’interprétations délirantes
Dès lors, "tout s’éclaire" : "c’est le point de bascule", explique le psychiatre. Les doutes deviennent une "conviction absolue, envahissante, irrévocable". Lydie et Hubert en sont persuadés : ils ont été spoliés par la famille, leur fils Jean et eux-mêmes sont en danger de mort.
À partir de là, chaque petit détail, chaque événement devient une preuve supplémentaire qui vient nourrir leur conviction. "Le récit d’Hubert Caouissin fourmille de ces interprétations délirantes", indique le Dr Zagury. Pascal met un chat dans les bras de Lydie ? C’est parce ce qu’elle n’est pas immunisée contre la toxoplasmose. Le portail de leur maison est fermé ? C’est la preuve qu’ils cachent quelque chose. Quand il se rend à Orvault le 16 février 2017, Hubert Caouissin est donc persuadé, explique le psychiatre, d’être en état de légitime défense, fort de la conviction d’être en danger.
Hubert Caouissin demeure responsable de ses actes
Pour autant, pour tous les psychiatres qui ont examiné Hubert Caouissin, ce dernier reste toutefois responsable de ses actes. Il n’est pas, au moment des faits, sous l’effet d’un trouble psychiatrique. En revanche, c’est bien son délire qui l’amène ce jour-là dans la maison de Brigitte et Pascal Troadec. "Peut-il passer à nouveau à l’acte ?", demande la présidente du tribunal. "À moyen ou à court terme Hubert Caouissin est d’abord dangereux pour lui-même, répond le psychiatre. Mais pour l’instant, cet état délirant le protège et l’empêche de s’effondrer." D’ailleurs, en le revoyant en avril dernier, juste avant le procès, le psychiatre constate que ce délire est toujours présent dans l’esprit d’Hubert Caouissin. Il était même, dit-il, encore plus puissant qu’avant.