Désintox. Ukraine : les approximations du plan de paix d'Elon Musk
Dans un tweet du 3 octobre, le milliardaire Elon Musk a proposé un « plan de paix » pour l'Ukraine, reposant sur des élections supervisées par l’ONU dans les territoires occupés par les Russes, à l'est du pays.
Dans un tweet du 3 octobre, le milliardaire Elon Musk a proposé un « plan de paix » pour l'Ukraine, reposant sur des élections supervisées par l’ONU dans les territoires occupés par les Russes, à l'est du pays. Selon lui, « la majeure partie de l’Ukraine veut sans équivoque faire partie de l’Ukraine, mais certaines parties orientales ont des majorités russes et préfèrent la Russie. » Et de tweeter une carte des législatives de 2012, où le parti des régions, « prorusse », ressort majoritaire dans le sud-est de l’Ukraine. De quoi ravir le représentant de la Russie à l’ONU, qui s’est félicité qu’« Elon Musk creuse de plus en plus profondément les véritables origines de la crise ukrainienne. Une démarche louable ! ».
Cette proposition du milliardaire, vertement critiquée par Kiev, repose en réalité sur une lecture inexacte de la situation. La carte date d'il y a 10 ans. Or depuis, les choses ont évolué. Lors de la dernière présidentielle de 2019, Volodymyr Zelensky, pro-européen, a gagné avec 73 % des voix, arrivant en tête dans toutes les régions non occupées par les Russes à l'époque, à l’exception de Lviv. Pour Alexandra Goujon, maîtresse de conférences à l’université de Bourgogne, la tendance, à ce moment-là, est plutôt à un effacement des différences régionales.
Mais le plus problématique dans le raisonnement d’Elon Musk reste l’idée d’équivalence qu’il induit entre un vote pour un candidat dit « prorusse » et le désir d’être annexé par Moscou. Car aucun candidat dans le passé n'a proposé de sécession. C’est d’ailleurs ce qui aurait poussé Poutine à intervenir, d'après Alexandra Goujon. Selon elle, « le terme “prorusse” ne signifiait pas du tout vouloir être administré par la Russie. »
À noter, enfin, que lors du référendum sur l'indépendance en 1991, le oui l’avait largement emporté dans quasiment toutes les régions, sud-est compris. La Crimée avait aussi voté en sa faveur, même si le score n'était que de 54%.
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