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Économie et marchés

Twitter : Elon Musk, une histoire d’X

l'OBSESSION d'un milliardaire Le patron de Twitter, Elon Musk, a décidé, lundi, d’accélérer le changement de marque de son réseau social. Dorénavant, le logo n’est plus le célèbre oiseau bleu, mais un X. Cette lettre représente une obsession de longue date d’Elon Musk et son rêve d’une application à tout faire à la chinoise. Le petit oiseau bleu historique de Twitter a cédé sa place au X cher à Elon Musk. X semble être la réponse d’Elon Musk à tout. C’est le nom d’une de ses premières start-up, le surnom de son fils, une partie du nom de son empire spatial SpaceX et, dorénavant, sa vision du futur pour Twitter. Le célèbre petit oiseau bleu, symbole du site de microblogging depuis sa naissance en 2006, s’est envolé lundi 24 juillet… pour laisser la place au X si cher à Elon Musk. En parallèle, l’adresse internet X.com redirige dorénavant vers Twitter, le réseau social racheté en octobre 2022 par Elon Musk pour 44 milliards de dollars.  Il voit des X partout Le célèbre multimilliardaire avait préparé le terrainpendant le week-end, assurant aux 150 millions d’internautes qui le suivent qu’il était prêt à propulser le site dans l’ère du X en 24 heures. C’est donc chose faite avec ce nouveau logo. Elon Musk voulait en réalité transformer Twitter en X depuis longtemps…sans pour autant entrer dans les détails. En octobre 2022, quelques jours avant de finaliser le rachat de Twitter, il avait déjà suggéré que la 24e lettre de l’alphabet latin représentait l’avenir de sa dernière acquisition. Une mue qui ne surprend pas lorsqu’on sait que le célèbre multimilliardaire voit (et met) du X partout… depuis plus de vingt ans. Ainsi, sans X, il n’y aurait peut-être jamais eu de PayPal, la célèbre solution de paiement en ligne. En effet, la deuxième start-up que l’homme d’affaires a fondée en 1999 s’appelait X.com et désignait l’une des premières tentatives de développer une banque en ligne. En 2000, Elon Musk acceptait de fusionner son site avec celui de son principal rival de l’époque, baptisé Confinity, et dont l’un des cofondateurs est une autre star controversée de la Silicon Valley : Peter Thiel. Ce dernier a profité du voyage de noces d’Elon Musk avec sa première épouse Justine Musk en septembre 2000 pour l’évincer du poste de PDG, prendre sa place et pour renommer X.com en PayPal. Un putsch qui a propulsé X.com dans les limbes technologiques jusqu’en 2017. Cette année-là, PayPal a finalement autorisé Elon Musk à racheter ce nom de domaine pour une somme qui n’a jamais été rendue publique. Elon Musk aura ensuite mis six ans pour trouver une raison d’être à X.com. En effet, jusqu’à ce week-end, le site affichait une simple page blanche. Twitter est loin d’être le seul aspect de l’empire d’Elon Musk à être sous l’emprise du X. Ce n’est pas un hasard si, en 2002, il décide d’appeler sa société d’exploration spatiale SpaceX. Rebelote en 2015 quand le patron de Tesla lance le Model X, le premier SUV de la marque de voitures électriques. À l’époque, Elon Musk avait affirmé avoir opté pour cette dénomination car il trouvait que cette lettre rendait son véhicule plus “sexy”.  De son fils à WeChat Il a aussi laissé entrer le X dans sa vie privée puisque tel est le surnom de son fils, né en 2020 et dont le nom complet est X Æ A-Xii. Indirectement, cette lettre plane aussi au-dessus de la vie de sa fille - Exa Dark Sideræl - que ses parents appellent “Y” depuis 2023. Mais avec Twitter, l’obsession "muskienne" pour le X a gagné en substance. Le passage du petit oisillon bleu à la lettre de l’alphabet serait un prélude à la création d’une application universelle. “Le rachat de Twitter va accélérer la mise en place de X, une super-application”, avait tweeté Elon Musk en octobre 2022. La première étape de ce plan a été réalisée en mars 2023, lorsque le fantasque patron du réseau social a créé X.corp. Cette nouvelle structure est censée chapeauter tous les efforts d’Elon Musk pour parvenir à la création de cette “application universelle”. X.corp intègre pour l’instant Twitter et X.ai, une nouvelle société d’intelligence artificielle. Pour comprendre l’attrait d’Elon Musk pour les applications universelles, il faut lorgner en direction de la Chine. L’ex-Empire du milieu est aussi l’empire des super-app’. La plus célèbre est WeChat, un service qu’en Occident on qualifie un peu trop vite de version chinoise de WhatsApp. En réalité, WeChat est un couteau suisse numérique. “Cette application peut être utilisée pour communiquer, partager des contenus, acheter des produits, envoyer de l’argent, et même déposer une demande de divorce”, résume Hamza Mudassir, cofondateur du cabinet britannique de conseils pour start-up Platypodes et professeur de stratégie entrepreneurial à l'université de Cambridge. Ce sont des services fourre-tout excessivement populaires en Chine et “plus largement en Asie”, assure cet expert. WeChat, par exemple, compte près de 1,3 milliard d’utilisateurs. Ces applications sont à ce point centrales dans la vie numérique que les autorités peuvent les laisser gérer des services beaucoup plus officiels comme le paiement d’amendes. X, la grande inconnue Un modèle économique qui a de quoi faire saliver un Elon Musk en quête de sources de revenus supplémentaires. “Twitter a montré ses limites pour attirer les revenus publicitaires et il faut donc penser à se diversifier”, assure Hamza Mudassir.  Mais pour l’Occident, le principe d’une “super-app” constitue un grand saut dans l’inconnu. Aucun des géants du Web ne s’est encore aventuré sur ce terrain. “En Chine et en Asie c’est accepté depuis longtemps comme allant de pair avec l’internet mobile”, souligne Hamza Mudassir. Rien de tel aux États-Unis ou en Europe où les consommateurs sont habitués à utiliser une application pour chaque usage.  C’est le modèle Amazon : le géant américain “s’est diversifié - vente alimentaire, liseuses numériques, développement de films, diffusion musicale - mais a prévu une application pour chaque usage”, rappelle Hamza Mudassir. Pour le quotidien hongkongais South China Morning Post, l’internaute occidental serait plus réticent que son homologue asiatique à mettre entre les mains d’une seule et même applications toutes ces données, de ses habitudes d’achat à ses problèmes de couple ou encore ses trajets en taxi. Elon Musk semble penser que ce temps est révolu. Pour lui, l’internaute nord-américain ou européen serait prêt à franchir le pas “à condition qu’il trouve cela plus simple que d’aller d’une appli à une autre pour toutes ses démarches en ligne”, estime Hamza Mudassir. De toute manière, les revenus publicitaires de Twitter sont en chute libre. Dans ces conditions, “autant essayer le modèle WeChat”, estime ce spécialiste de la stratégie d’entreprise. Même si, comme souvent, X représente une grande inconnue.

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