Des blessures à la défaite : comment les Bleus ont perdu le fil de leur Euro
L'Euro-2021 s'est arrêté prématurément lundi pour l'équipe de France face à la Suisse en huitième de finale. La conclusion d'un mois mouvementé entre tensions internes, pépins physiques et prestations en deça des standards des Bleus.
Quatre petits matches et puis s'en vont. Les champions du monde français, pourtant favoris dans l'Euro-2021, ont vécu une compétition compliquée conclue par une élimination face à la Suisse, lundi 28 juin. Au fil du mois qui a précédé cette sortie piste précoce, la France a peu à peu perdu le fil entre préparation défaillante et blessures en cascade.
• "Les ballons qui n'arrivent pas"
Les larges sourires ayant accompagné le retour de Benzema après cinq ans et sept mois d'absence en Bleu, au premier jour du rassemblement le 26 mai à Clairefontaine, ont vite disparu des visages.
Dès le deuxième match de préparation, contre la Bulgarie (3-0),Olivier Giroud regrette publiquement que "des ballons n'arrivent pas", visant sans le nommer Kylian Mbappé, qu'il juge trop individualiste. Le Parisien, remonté, s'empresse de répliquer en conférence de presse : "J'aurais préféré qu'il vienne (me le dire en face) et qu'il soit même beaucoup plus virulent", assène l'attaquant de 22 ans.
Ce qu'il considère comme "des broutilles" de vestiaire symbolise néanmoins la fracture au sein du groupe, où la concurrence a été très limitée avant même le début du tournoi.
Pendant un mois, l'équipe fut en effet scindée en deux à l'entraînement, entre les cadres qu'il fallait reposer et les remplaçants à maintenir dans le rythme. Et Giroud n'a quasiment pas rejoué ensuite.
• Des Bleus fatigués physiquement
Interrogé sur l'état physique des troupes après deux rencontres, Antoine Griezmann ne masquait pas une certaine fatigue. "Au premier match, on avait un peu les jambes lourdes en raison de la préparation." Et lors du deuxième, "il y a eu une chaleur qui était incroyable" et "le corps a pris un coup".
À ce moment-là, le Barcelonais refusait de s'inquiéter, persuadé que la montée en puissance perçue au Mondial-2018 allait se répéter. Mais dix jours plus tard, force est de constater que les Bleus n'ont pas su élever le curseur énergétique, encore étouffés par leur séjour dans la canicule de l'Europe de l'est.
La préparation bâtie par le staff, à base de grosses séances d'endurance à Clairefontaine fin mai, n'a pas porté ses fruits. Et les entraînements intensifs concoctés pour les remplaçants, sous 35 degrés en lendemain de match, ont pu froisser certains joueurs, comme Kingsley Coman, irrité par de telles charges de travail.
• Des blessures en cascade
Épargné par les blessures au moment de composer sa liste, exceptées celles de Ferland Mendy et Anthony Martial, Didier Deschamps a vite été rattrapé par les pépins physiques au sein de son groupe.
Adrien Rabiot (cheville) et Lucas Hernandez (genou) ont tous deux traîné une gêne récurrente les obligeant à gérer leurs temps de jeu. Benjamin Pavard a subi deux chocs impressionnants en deux matches, dont le premier, en Allemagne, a alimenté plusieurs critiques quant à la bonne mise en œuvre du protocole médical.
Et plusieurs jokers importants ont tiré la langue successivement. Ousmane Dembélé a été victime d'une grave blessure à une cuisse et son forfait a été acté avant le troisième match de groupe. Lucas Digne a été mis sur le carreau quelques minutes seulement après son entrée en jeu face au Portugal (2-2). Marcus Thuram s'est blessé à l'adducteur droit à l'entraînement. Et Thomas Lemar a subi un coup très douloureux au pied gauche ! Une hécatombe...
• Les cadres du Mondial-2018 n'ont pas répondu présents
Si impériale en Russie, l'équipe de France n'a pas eu le rendement espéré trois ans plus tard, malgré des stars à tous les postes. Raphaël Varane, intraitable en 2018, a montré quelques failles, N'Golo Kanté n'a pas réédité ses exploits de la phase finale de Ligue des champions gagnée avec Chelsea, et Hugo Lloris a certes détourné un pénalty contre la Suisse, mais n'a pas réalisé les rares parades qu'il aurait eu à faire, manquant même l'exclusion de peu sur un coup de poing donné à Danilo Pereira lors du 3e match.
Surtout, le triangle offensif censé illuminer le continent n'a pas trouvé ses automatismes : Kylian Mbappé, très remuant mais maladroit, n'a toujours pas marqué en Championnat d'Europe et son tir au but raté à scellé l'élimination des Bleus. Antoine Griezmann a perdu de l'influence dans le jeu. Seul Karim Benzema a surnagé avec des doublés contre le Portugal et la Suisse.
Signe d'une certaine perfectibilité, Deschamps a modifié son schéma tactique à plusieurs reprises, choisissant même d'aligner certains joueurs à des postes inhabituels, comme Jules Koundé et Corentin Tolisso sur le flanc droit. Trop d'approximations pour décrocher le doublé.
Avec AFP