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Crise des migrants à Calais : l'exécutif propose des hébergements "systématiques"

Des policiers patrouillent près d'un camp de migrants à Calais, dans le nord de la France, le 14 octobre 2021. Le gouvernement s'est engagé mardi à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune à Calais. Mais ces annonces n'ont pas convaincu les humanitaires, au 23e jour d'une grève de la faim initiée par trois militants associatifs. Avec le début de la trêve hivernale, l'État s'est engagé à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune à Calais. Mais la mesure peine à convaincre les acteurs locaux, qui poursuivent une grève de la faim. Les engagements, présentés mardi 2 novembre par le médiateur gouvernemental envoyé sur place, interviennent en effet au 23e jour d'une grève de la faim initiée par trois militants associatifs.  Celle-ci se poursuivait mardi malgré ces propositions concrètes, après des discussions infructueuses la semaine dernière, sur fond d'évacuations de camps quasi quotidiennes à Calais.  Des centaines de places à créer  "On va proposer systématiquement un hébergement qui sera essentiellement dans le Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France, mais pas à Calais", avait confié en amont à l'AFP ce médiateur, le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) Didier Leschi.  Ce dernier a ainsi reconnu de facto que les évacuations de campements à Calais n'étaient pas toujours assorties de propositions de mise à l'abri, ce qui est pourtant la règle. Pour tenir son engagement, l'État va devoir "augmenter son parc d'hébergements" de "plusieurs centaines de places", a-t-il souligné.  Le directeur général de l'Ofii a été envoyé pour une "mission de contact et de médiation" auprès des grévistes – le prêtre Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique âgé de 72 ans, et deux militants associatifs, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein – qui réclament l'arrêt pur et simple des démantèlements pendant la trêve hivernale, entrée en vigueur lundi.  La crainte du retour de la "jungle" Mais les annonces du représentant de l'État répondent aussi à une peur : "le gouvernement craint que la 'jungle' ne se reconstitue à Calais", cinq ans après le démantèlement en octobre 2016 de ce gigantesque campement qui réunissait, dans des conditions humanitaires chaotiques, jusqu'à 10 000 candidats au passage vers l'Angleterre.  "Cette crainte est liée à l'ampleur des flux : depuis le début de l'année, il y a presque 40 000 personnes qui sont arrivées" sur le littoral nord, explique Didier Leschi.  "L'État ne peut pas laisser s'organiser sciemment une base de départ clandestine vers l'Angleterre alors que les gens risquent, en plus, leur vie en traversant la Manche", a-t-il ajouté.  Des annonces insuffisantes pour les humanitaires Ces annonces ont toutefois été jugées insuffisantes par les associations locales qui continuent de réclamer un "moratoire" sur les évacuations. Elles ont donc claqué la porte des discussions mardi après-midi après avoir déjà déploré la semaine dernière une visite "électoraliste".  "Ce qui est proposé par le gouvernement, ce n'est pas la fin des expulsions, la fin du harcèlement et la fin de traitement inhumain et dégradant pendant la trêve hivernale", a regretté Diane Léon, coordinatrice de Médecins du Monde pour le Nord.  Les engagements présentés mardi sont "exactement les mêmes" que ceux sur lesquels les discussions avaient échoué la semaine dernière, a déploré pour sa part Nathanaël Caillaux, du Secours catholique : "On ne voyait pas en quoi ces propositions allaient changer la vie des gens, allaient permettre que les personnes qui quotidiennement sont harcelées ne le soient plus".  Les grévistes de la faim, installés dans l'église Saint-Pierre de Calais jour et nuit depuis plus de trois semaines, entendent eux aussi poursuivre leur bras de fer.  Confiscations Comme les associations, ils dénoncent les confiscations des maigres effets personnels des migrants, au gré des expulsions. "Il faut laisser la possibilité aux personnes de récupérer leurs effets personnels avant les opérations de mise à l'abri", propose sur ce point le patron de l'Ofii, reconnaissant un "vrai problème". Concrètement, un délai "d'environ 45 minutes" sera désormais laissé aux migrants pour réunir leurs affaires : "il n'y aura plus d'évacuations par surprise", promet le médiateur, assurant par ailleurs qu'une maraude de l'État "passera avant chaque évacuation" pour effectuer un diagnostic social, en lien avec les associations.  Un "sas" va également être mis en place, avec des transports à disposition pour permettre aux exilés de rejoindre "tous les matins" les centres d'hébergement. Toutes ces propositions pourraient entrer en vigueur dès "la fin de semaine", a estimé Didier Leschi.  À l'issue d'une journée de rencontres, notamment avec les grévistes, le médiateur a dit espérer que "les solutions telles qu'elles seront mises en œuvre finiront par montrer qu'il y a une bonne volonté de l'État".  Avec AFP

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